« En politique, on peut quitter le Réal et être le meilleur au Barça». Cette déclaration est d’Isidore Zinsou. Le maire de la commune de Bonou a ainsi jeté le froc aux orties.
Après plusieurs mois d’hibernation politique, de réflexion et de tergiversation, il a annoncé, samedi dernier dans sa localité sise à une soixantaine de kilomètres de Porto-Novo, son intention de rejoindre les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), après plusieurs années passées au sein du G13 avec Saka Fikara comme mentor politique.
Depuis 2008, on l’a vu défendre avec brio et éloquence sa famille politique. Lors de la dernière élection présidentielle, on l’avait vu euphorique dans les rangs des meilleurs défenseurs de l’Union fait la nation (Un) où il défendait la qualité de Me Adrien Houngbédji. Mais depuis 2011, beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Le G13 s’est complètement désintégré lors des élections législatives de 2011, de même que l’Un dont le candidat unique flirte aussi avec l’adversaire d’hier, Boni Yayi.
L’ancien journaliste reconverti en homme politique a de moins en moins d’arguments pour se sentir à l’aise dans sa famille politique. Il a donc choisi de transhumer comme on sait bien le faire ici. Ce n’est donc pas pour lui un ralliement de gêne, ni un acte insensé de politicard en quête de prébendes gouvernementales. Bon journaliste, il a côtoyé les hommes politiques et sait bien les tenir par leur côté le plus faible : la séduction. Et la phrase semble si bien coller à cela : « En politique, on peut quitter le Réal et être le meilleur à Barça ». Le G13 représenterait donc le Réal et les Fcbe, le Barça. Nul ne peut douter que ce club est aujourd’hui le plus grand au monde. Depuis des lustres, il plane sur le toit du monde, alignant succès sur succès, trophées sur trophées. Ce club est l’ossature de l’équipe nationale d’Espagne, championne du monde et d’Europe en titres. Qui dit mieux?
Ainsi dit, les Fcbe sont présentées comme la première force politique du pays. La meilleure derrière l’Un, le Prd, la Rb. Les Fcbe, c’est plus d’une quarantaine de députés, autant de maires. Et c’est dans ce parti d’envergure qu’Isidore Zinsou a déposé ses valises de transhumant où il entend faire partie des meilleurs. Au Bénin, le manque de scrupules au sein de la classe politique a tôt fait d’ériger la transhumance en acte politique de bravoure et fierté.
Tous vont à droite et à gauche. Toutes les raisons sont bonnes pour quitter son parti et rejoindre un autre. La course vers la majorité présidentielle est la plus prisée. Oui, «la rivière» où il y a à pêcher des poissons et à boire. Comme tous les autres, Isidore Zinsou a réussi son passage. Au prix de la contradiction de son passé politique. Mais il n’a rien fait de grave, rien de plus grave que Rachidi Gbadamassi qui rallie le FCBE, à la grande surprise en disant qu’il «veut faire de l’opposition mais que Yayi l’a désarmé», quelques mois après avoir affirmé «qu’il ne veut rien de lui et qu’il est prêt à manger du gari si c’est d’aller vers Yayi». Chaque transhumant trouve toujours sa formule consacrée. Celle de Zinsou paraît bien raffinée. Sauf que les dernières contre-performances du Barça devraient amener la nouvelle recrue des Fcbe à revoir à la baisse ses ambitions.
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