Les grandes leçons de la désignation du Pape François

« On l’attendait de l’Europe, de l’Afrique, du Canada, du Brésil, ou peut-être même des Philippines. Mais c’est en Argentine que les 115 cardinaux qui participaient au conclave à la Sixtine ont trouvé le 266è successeur de Saint Pierre. »

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C’est ainsi que Marcel Zouménou débutait un article qu’il a publié dans la Nouvelle Tribune n°2513 de ce jeudi 14 mars 2013 sur le choix de l’archevêque de Buenos Aires, Jorge Bergoglio, désormais François en remplacement au Pape émérite benoit XVI.  Ainsi, les 115 cardinaux, réunis en conclave dans la chapelle Sixtine depuis lundi, ont après  cinq votes déjoué tous les pronostics en choisissant une personnalité qui n’a pas été cité comme favori par les nombreuses analyses réalisées sur les papabiles.

François préside donc désormais aux destinées de plus d’un milliard deux cent millions de personnes qui forme la communauté catholique du monde. Mais de l’avènement de François à la tête du Vatican, on pourrait tirer plusieurs leçons principales.

Goodbye Eurocentrism

La désignation de François vient mettre fin à plusieurs années de règne de l’Europe sur le Vatican. Selon les différents commentaires, c’est la première fois, depuis le VIIIème siècle qu’un Pape non européen se retrouve à la tête du Vatican. Après que Benoit XVI a annoncé son abdication, il y a quelques semaines, les uns et les autres se sont lancé le défi de voir si les cardinaux électeurs du Vatican vont rompre avec cette pratique de plusieurs siècles en mettant à la tête de l’Eglise Catholique, un Pape non européen. C’est chose faite désormais. Comme l’a dit François lui-même dans sa toute première allocution papale, Ses « frères Cardinaux » sont allés le « chercher quasiment au bout du monde», pour venir   présider au destin de l’Eglise Catholique. Mais François serait en réalité d’origine Italienne. Ce qui pourrait amener à déduire que dans le fond, rien n’a changé. Cependant, c’est quand même un fait nouveau et historique que les Evêques aient regardé du côté d’un archevêché non européen pour désigner l’Evêque de Rome. C’est peut-être le début de la fin du conservatisme au Vatican.

Ouverture

Théologien, le désormais Pape Emérite Benoit XVI s’est toujours illustré par son conservatisme. Selon des observateurs, durant tout son pontificat, il est resté fidèle à ses principes en s’illustrant comme un pape Conservateur. Au vu de l’évolution du monde et des défis actuels de l’Eglise Catholique, l’enjeu était donc e trouver  au Pape Emérite Benoit XVI, un successeur moins conservateur, « plus en contact des réalités du monde actuel.» C’est pourquoi, l’on a très tôt envisagé la forte probabilité du choix d’un pape « jeune ». Ce paramètre a d’ailleurs beaucoup pesé dans les différentes analyses qui ont finalement été démenties par les cardinaux. Le Vatican a fait le choix de la continuité dans l’âge du Pape, mais celui de la rupture en ce qui concerne « l’idéologie» et le «courant de pensée» de ce dernier. A son élection en avril 2005,le  Pape Emérite Benoit XVI avait 78 ans. Son successeur en a 76. C’est donc la continuité dans le choix des « Papes âgés ». Mais Contrairement à son prédécesseur, François est qualifié de modéré. Ce qui permet de lui conférer, sans trop se hasarder, les aptitudes d’un Pape qui peut amener l’Eglise à faire face aux défis d’un monde plus ouvert.

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Nessun papa nero

Ça fait au demeurant, deux bonnes nouvelles pour une déception. Et la déception vient des Africains qui une fois encore voit leur rêve d’un africain à la tête de l’Eglise Catholique se transformer en chimère. Ils devront encore attendre. Le choix d’un latino-américain marque déjà un grand pas. Le tour du Continent noir viendra peut-être après le pontificat de François. C’est sans doute l’espoir que nourrissent depuis la soirée de ce 13 mars les fidèles catholiques africains. Qui représentent 15% de toute la communauté catholique du monde.
Léonce Gamai

Pape François, le nom qui convient le mieux

Depuis ce mercredi, le Cardinal Jorge Mario Bergoglio est devenu Pape François. Il a choisi le nom de François en hommage à Saint François d’Assise, à qui il ressemble trait pour trait dans ses actes et paroles.  

Jorge Mario Bergoglio est un Argentin très aimé à Buenos Aires où il est archevêque, et dans toute l’Argentine. Il est selon, ses concitoyens un homme simple, accessible, humble. Il ne dispose pas de véhicule personnel pour ses déplacements, il prend le transport commun comme tout autre argentin.

Il a refusé de vivre dans le luxueux appartement des archevêques à Buenos aires, et vit dans une pauvre maison au cœur de la capitale argentine. Le 21 février 2001, après le consistoire qui l’a créé cardinal, il a refusé à l’Ambassade d’argentine à Rome d’organiser une quelconque fête en son honneur pour célébrer cet évènement, car dit-il, c’est l’argent des pauvres. C’est un travailleur.

Il est raconté qu’il se lève à 04 heures et termine sa journée à 21 heures. Les argentins racontent même qu’il est compatissant et courageux. Il est allé rester avec un de ses prêtres menacé de mort, pour le soutenir et lui témoigner sa sollicitude. De même, il a le sens de l’écoute, ses proches peuvent le joindre directement par téléphone et lui soumettre un problème. Le Cardinal Bergoglio est un homme épris de justice, de paix et d’amour. Dans son pays, il a dénoncé beaucoup d’injustices sociales. Cela lui a coûté du mépris de la part des autorités politiques.   

Le nouveau souverain pontife a choisi le nom de François en hommage à saint François d’Assise. Ce saint est né en 1181 à Assise en une période de troubles et de transition entre la féodalité et l’époque des marchands. Fils de marchand, il a eu toute sa place de jeune riche, en menant une vie de fêtes qui l’a laissé intérieurement vide. Mais, quelques épisodes transformeront sa vie, à savoir la rencontre et le baiser avec le lépreux, puis le crucifix de saint Damien.

Il se débarrasse de tous ses biens pour vivre l’évangile dans la radicalité. François 1er dans l’idée de vivre l’évangile à la lettre, sur le modèle de saint François d’Assise, a refusé de vivre dans des habitations luxueuses, ni de disposer de certains biens matériels comme un véhicule. A travers ce nom de François, il s’agit aussi de nous rappeler une fois encore, que le christ est venu uniquement pour les pauvres. C’est aussi bien la pauvreté matérielle que spirituelle. En ce monde de difficultés et de grands bouleversements sur tous les plans, le Cardinal Jorge Mario Bergoglio doit être le pape qui soulage, qui réconforte et qui montre le chemin de l’espérance en Jésus le sauveur.

Saint François a réconforté le lépreux en l’embrassant. Selon le biographe de saint François d’Assise, c’est surtout l’humilité, l’incarnation de la charité, et la passion, qui avaient profondément marqué sa mémoire, et il était devenu difficile au saint-homme de penser à autre chose.

L’humilité est une grande vertu qui caractérise le Pape François 1er. Il vit comme tout le monde, en prenant par exemple le transport commun. En s’adressant aux fidèles juste après son élection, il les a appelé « frères et sœurs » comme pour leur dire, nous sommes égaux et formons une même communauté, nous sommes égaux devant le Seigneur. Pas de langage diplomatique ou de Chef d’Eglise.

En dehors de cela, un autre signe d’humilité bien impressionnant, il a sollicité un temps de silence et demandé aux fidèles de prier pour que le seigneur le bénisse. Que le peuple prie pour lui ou pas, il est déjà béni par le Seigneur, mais, d’une part, il témoigne de la considération au peuple de Dieu, et de l’autre, il veut mettre un accent particulier sur l’importance de la prière communautaire ou fraternelle puis la prière personnelle pour son frère.

Décidément, c’est un prélat de grands talents qui surprend ! Un des signes les plus évidents de saint François est la joie. Il a défini la joie parfaite au frère Léonce. Le Cardinal Jorge Mario Bergoglio a montré la joie, en s’adressant à la foule Place Saint Pierre ce mercredi, en souriant durant toute l’allocution, malgré le poids de la charge qui l’attend et les difficultés qui minent actuellement les peuples.

Un homme de joie dans notre monde actuel est un homme d’espérance. Saint François d’Assise s’est rendu chez le sultan musulman pour parler de paix. Sans la justice et l’amour, la paix est impossible. Les inégalités sociales engendrent des frustrations, la colère, la vengeance. Toutes ces choses ne peuvent qu’amener à la tension et à la guerre. C’est pour cette raison que la lutte du Cardinal Jorge Mario Bergoglio dans son pays contre les injustices sociales, est juste et doit être félicitée.

Saint François et le Cardinal  Jorge Mario Bergoglio visent le même but, avec peut-être une légère différence qui se situe au niveau du mode opératoire et du moment de l’intervention pour arrêter la tension et la guerre. Le Pape François 1er est préventif alors que Saint François était plus enclin à l’action curative.
Joël Yelouassi

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