Pétrole : bénédiction ou malédiction ?

Dans une interview accordée récemment à un hebdomadaire continental avant sa chute, le désormais ex-président Centrafricain, François Bozizé attribuait la subite naissance de la coalition Séléka à la découverte du pétrole dans le Nord du pays. 

Il soulignait que l’exploitation de la ressource tant convoitée devait démarrer en octobre 2013 avant que la rébellion n’éclate. Comme, il est admis dans certains milieux la matière première du sous-sol est ici une fois encore vécue comme une malédiction.

On serait tenté d’accréditer cette thèse en Afrique, tant il a été observé du Congo Démocratique au Sierra-Leone en passant par le Congo Brazzaville, le Libéria que les ressources géologiques dont le pétrole ont été la source de nombreux conflits sur le continent. Lorsque des conflits n’ont pas éclaté ouvertement, la mauvaise gestion de ces ressources favorise des tensions latentes qui ont parfois explosé comme au Biafra ou perduré comme en Angola. Dans d’autres pays notamment l’Algérie et le Gabon, malgré les ressources disponibles les citoyens ne sont jamais sortis des fonds des classements mondiaux sur les indices de développement.

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En comparant avec des pays hors du continent en ce qui concerne les hydrocarbures, on note que les pays du Golfe s’achètent une certaines stabilité et une crédibilité internationale avec les pétrodollars. Certains même comme le Qatar s’érigent en faiseur de roi dans leur sous-région malgré leur petite taille et étendent leur aire d’influence financière jusqu’en Europe. La Norvège quant à elle dispose des meilleures statistiques en développement humain au monde et a prévu des fonds pour les générations futures à partir de la manne pétrolière.

La malédiction est-elle alors pour les pays du Sud seulement ? Loin de là, le Vénézuéla d’Hugo Chavez donne un illustre exemple d’une gestion bénéfique de la fameuse « malédiction ». En l’espace de 10 ans il a considérablement amélioré, grâce à un certain idéalisme ou plutôt grâce au populisme, selon la presse internationale, les conditions de vie des vénézuéliens. Plus proche mais aussi plus discret, la Guinée Equatoriale avance également à grand pas en termes d’infrastructures et d’efforts sociaux pour l’éducation, la santé n’eût été la tâche instrumentalisée, des enrichissements illicites.

Où se trouve donc la malédiction ? A mon humble avis, le pétrole et les autres matières premières telles que l’or, le diamant, le coltan, etc ne sont pas en soi nuisibles pour la stabilité du continent. La malédiction se trouve dans la mauvaise gestion qui est faite de ces ressources. Pire, elle se trouve dans la cupidité des dirigeants et autres leaders qui pour la promesse de pouvoir et de richesses sont prêts à vendre le bien être, la paix et les vies des citoyens juste pour assouvir leur propre soif. La malédiction ne se trouve pas dans les matières mais dans les hommes.

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