Pour la femme

Le revoilà, le 8 mars. C’est la journée internationale de la Femme. Le monde entier est invité à se pencher sur la condition faite à «la moitié du ciel», selon la belle expression de Mao-Tsé Toung. La mobilisation universelle, chaque 8 mai, se justifie : la condition féminine est et reste, partout dans le monde, un sujet de haute préoccupation.

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Ici, l’on se plaint d’une représentativité plutôt problématique des femmes dans les instances de décision. Là, ce sont les violences faites aux femmes qui sont montrées du doigt. Partout, l’on note des obstacles à la prise en compte du genre, à la validation de l’idée d’égalité ou de parité homme/femme, dans l’esprit d’une plus grande justice.

Le Bénin marquera l’événement avec un arrière-goût de cendre. Il intervient, en effet dans un contexte lourd et chargé. Ceci, suite du report sine die de l’examen de la proposition de loi portant égalité d’accès aux fonctions électives et nominatives homme/femme. C’était à l’Assemblée nationale, le 19 février 2013. Quel sens donner à une journée internationale de la femme dans le pays où les représentants du peuple s’imposent une pause réflexive avant de consacrer par la loi l’idée selon laquelle la femme est l’égale de l’homme en tout, pour tout et partout ? Sortir brutalement de la caverne des préjugés expose trop violemment à la lumière de la vérité.

Nous saurons attendre que les esprits s’apaisent et que le calme revienne dans tous les cœurs. Mais d’ici là, le jeu des forces à l’Assemblée nationale, autour de la question de la femme, ne peut conduire notre pays à faire l’impasse sur la journée internationale de la femme. L’autre, chaque   année, à la veille de l’ouverture des écoles, nous sérine un slogan devenu célèbre :»La rentrée aura lieu» (RAL). Disons, pour notre part et à notre tour, que la célébration aura lieu (CAL) Le Bénin ne saurait se marginaliser par dépit ni aller se faire voir aux abonnés absents par bouderie. La participation des femmes est non seulement souhaitée à cette Journée qui leur est consacrée, mais elle est exigée en témoignage de leur foi en l’avenir. Mais comment et pourquoi une telle participation ? Avançons quelques idées.

Il est à mettre en chantier sans délai, études de faisabilité et agenda de réalisation, un observatoire national de la femme béninoise. Un tel instrument se chargera de suivre la femme,  en zone urbaine comme en milieu rural, sur toute l’étendue du territoire national. Nous n’appréhendons que très approximativement la situation de la femme, en l’absence d’un dispositif du genre. L’observatoire, qui viendra ainsi combler un vide, doit être doté d’un système d’alarme. Il s’agit d’alerter en temps réel et de situer, avec précision, dans l’espace. Toutes atteintes aux droits des femmes doivent être sues, appréciées et traitées. Voilà l’œil de la conscience dont notre pays doit se doter. Pour qu’il ne soit ignoré de personne que «L’œil était dans la tombe et regardait Caïn».

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Il est à donner un contenu nouveau et dynamique à l’idée de l’égalité homme/ femme, par une réévaluation totale et complète du rôle des époux aux côtés de leurs épouses. Sur le plan électoral par exemple, l’expérience montre que partout où les femmes ont pu compter sur l’appui et la caution de leurs maris, tout leur a été facilité : inscription sur les listes électorales, positionnement avantageux, partage solidaire des peines et des charges de la campagne, renforcement de la crédibilité et du leadership des femmes, valorisation de l’image sociale de celles-ci. Pour que tout cela ne reste pas une expérience isolée et sans lendemain, il est impératif d’en induire un modèle de démarche. Elle est à systématiser. Elle est à partager. Une option ferme, dans ce sens, et annoncée à l’occasion du 8 mars, marquera durablement les esprits. Nous devons nous employer à graver dans nos consciences les contours de ce nouveau partenariat homme/ femme que nous appelons de tous nos vœux.

Enfin, il est à exploiter intelligemment un vaste gisement de valeurs. Lequel, pour le moment, ne retient pas assez notre attention et notre intérêt. Il y a de plus en plus, en Afrique, dans toutes les sphères d’activité, des femmes leaders. Il s’agit de ces femmes qui ont brillamment réussi. Elles ont, chacune, de ce fait, une histoire de succès à raconter et à partager. Parce que représentatives de cette nouvelle Afrique qui se donne des   raisons de croire et d’espérer, ces femmes instruiront, par leur exemple, leurs sœurs et frères africains. Elles leurs enseigneront que le succès est à l’image de la raison. Personne n’en a le monopole. Aucune race n’en a l’exclusivité. Le succès, c’est la chose du monde la mieux partagée.

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