Pourquoi pas des primaires au Benin?

Une chronique matinale sur une chaine de télévision nationale il y a quelques jours, en référence aux déclarations du chef de l’Etat sur son retrait proclamé en 2016, appelait les différents prétendants à se faire connaître et travailler dès maintenant pour se faire élire.

En France au parti socialiste, c’est l’expérience des primaires qui a été entamé en 2007 qui, reprise en 2012 a conduit François HOLLANDE au pouvoir. Le Parti dominant de la gauche française emprunte, ce faisant une tradition vieille de plusieurs décennies aux Etats-Unis. Alors, si le Bénin comme de nombreux pays africains a copié la démocratie à l’occidental, il devrait penser à la pratiquer avec les pratiques et vertus qui vont avec.

Pour les élections de 2011, il a été observé des candidatures hétéroclites : du président sortant, à l’éternel numéro 2, en passant par l’ancien imitateur de Michael Jackson, les inconnus en quête de notoriété, l’héritier de la politique familiale et les visages féminins devenus familiers. Si pour les FCBE, la candidature du président sortant allait de soi, pour l’Union fait la Nation (UN) formée de toutes pièces pour ces élections, c’est une discussion entre oligarchies partisanes qui a permis de désigner le candidat Adrien HOUNGBEDJI dont la légitimité semblait évidente. Cette alliance s’était même autorisée de désigner des candidats pour le futur en occultant les changements futur.

Aujourd’hui, la donne n’est plus la même. D’un côté, le leader naturel de 2011 jure à qui veut l’entendre et surtout le croire qu’il ne sera pas candidat en 2016. Aussi, plusieurs lieutenants ont-ils commencé à nourrir des ambitions en secret tout en se dévoilant petit à petit, chacun avec sa ruse. Quand l’un œuvre pour contrôler l’alliance FCBE en le transformant en parti, l’autre augmente sa visibilité par des œuvres caritatives et des sorties où il se pose en organisateur du gouvernement. Quant au troisième larron, affublé du titre officiel 1er ministre, on lui prête une certaine disgrâce qui serait confirmée par sa discrétion inhabituelle.

Du côté de l’UN, la victoire des présidentielles par le camp d’en face au premier tour à la surprise générale, à l’aide d’une ruse consommée, s’est soldée par le départ informel de la RB vers la majorité ou du moins vers la « rivière ». Les autres alliés malgré leurs dénonciations de la « trahison » d’un des piliers de l’alliance gardent tant bien mal la barque. N’empêche que d’autres requins vont répondre, à leur cœur défendant et sous le voile de deals aisément devinés, à la main tendue par l’exécutif. Ainsi, s’est réduite peu à peu l’opposition en peau de chagrin perdant progressivement la voix dans l’arène démocratique. Sa réduction au silence dans les médias est juste ponctuée par les joutes oratoires des joutes parlementaires timidement retransmises.

Au sein de cette atmosphère morose, pointent au nez les municipales dont la date n’est pas encore fixée et à l’horizon les présidentielles de 2016. En ce qui concerne les prochaines municipales en France, le parti socialiste pense à recourir encore à la méthode des primaires pour conquérir certaines municipalités clés. Quant à l’UMP, les potentiels candidats fourbissent leurs armes pour s’affronter au sein du parti avant de défier en 2017, un François HOLLANDE à peine élu mais actuellement au creux des sondages. Aux Etats-Unis, OBAMA avait triomphé en 2008 par les primaires et son challenger de 2012 a due les affronter également.

Si cette pratique démocratique marche ailleurs, les regroupements politiques béninois qui prétendent aspirer aux meilleures vertus gagneraient à y songer. Non seulement, l’initiative serait inédit dans un pays qui se targue d’avoir inauguré la vague des conférences nationales en Afrique dans les années 1990, mais elle pourrait renforcer l’adhésion des populations aux idéaux ou tout au moins aux causes des partis. Ces derniers pourrait ainsi transformer leur habituels votants passifs, amadoués par des billets et vivres ou encore suiveurs grégaires de l’homme du terroir, en militants un tant soit peu sensibilisés aux sujets politiques.

Mieux, au lieu d’être les adoubeurs des candidats désignés par l’inusable nomenclature des partis, les militants ayant de l’ambition pour eux-mêmes et pour le pays, pourraient émerger avec des programmes clairs et réalisables. Aussi bien du côté de la majorité que de l’opposition, la compétition interne permettrait de dégager le meilleur candidat, légitime avec des perspectives évidentes et connues des membres du parti. Ceci suppose bien évidemment qu’une fois, le candidat choisi, les autres dinosaures se rangent derrière lui pour lutter sans retenue en vue d’une victoire commune. Tel est le cas dans les grandes démocraties couronnées de succès. Autant Hillary CLINTON a soutenu et soutient OBAMA, autant FABIUS, AUBRY et les autres cheminent avec HOLLANDE.

Quant aux moyens financiers qui ont toujours été le gage de la légitimité des présidents de parti, ils peuvent être collectés si tant est que les habituels sympathisants sont convertis en militants. Ne pas croire en de tels objectifs, confirmerait l’hypocrisie des proclamations démocratiques des éternels responsables politiques dont certains se transmettent les flambeaux de manière héréditaire.

Il restera toujours, la théorie selon laquelle nos expériences n’en sont qu’à leurs débuts et ne sont pas prêtes pour des primaires. Dans ce cas, il serait plus simple d’agréer aux propos prêtés à Jacques CHIRAC selon lesquels l’Afrique ne serait pas prête pour la démocratie. Au contraire, il serait temps de rompre avec la tradition des élites politiques dont la mauvaise foi ne les rend démocrates que quand cela les arrange. Soit on est démocrates, soit on ne l’est pas. Il serait temps d’ouvrir de nouveaux horizons vers des primaires. C’est une voie certaine d’enracinement de la démocratie et le jeu en vaut la chandelle.

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