Roger Gbégnonvi peint l’Afrique en noir

 

Publicité

Dans son dernier ouvrage en date, «L’Afrique entre enfer et purgatoire après 50 ans de suffocation» publié aux Editions Multi-Schèmes, et présenté le vendredi 08 mars 2013 à Cotonou, le professeur Roger Gbégnonvi expose les maux qui minent le continent africain et en arrive à la conclusion d’une Afrique où il n’y a pas d’espoir en vue, ou du moins, pas dans un future proche.

Le professeur Roger Gbégnonvi publie «L’Afrique entre enfer et purgatoire après 50 ans de suffocation». Pas un texte comme les publications que le chroniqueur a coutume de publier dans les colonnes des journaux. C’est ici un ouvrage de 260 pages paru aux éditions Multi-Schèmes. L’ouvrage a été officiellement lancé vendredi dernier au Chant d’oiseau à Cotonou, en présence d’un parterre d’universitaires et d’amoureux des lettres.

«L’Afrique entre enfer et purgatoire après 50 ans de suffocation», c’est la photographie du quotidien des Béninois, et partant, celui des Africains. Un quotidien marqué par des histoires, des drames, et aussi des faits vus comme des banalités mais qui au fond sont des pistes qui mènent l’Afrique aux enfers. C’est l’histoire de ces belles de nuit qui après l’université se retrouvent dans l’engrenage de ces retraités qui, entre-temps ont réussi à voler le pays. C’est aussi des vécus comme celui de la bonne dame qui doit vendre de la  brosse végétale en parcourant des kilomètres chaque matin, ou celui de la dame qui passe de maison en maison pour laver les linges pour pouvoir nourrir ses enfants, avec un mari irresponsable; etc. Tous ceci dans des Etats africains privés de sens, des Etats corrompus, des Etats marqués par l’hypocrisie, qui “fabriquent’’ une jeunesse sans espoir. «Des Etats sans état ; des jeunes mangeant la désespérance et buvant le désenchantement» dira Expédie Ologou, le présentateur du livre.

Publicité

C’est en somme, une exposition des tragédies qui accablent la jeunesse, les maux dont souffre l’Afrique. C’est l’image d’une Afrique décidemment noire, à en croire Expédie Ologou. Mais, est-ce que tout est si noir en Afrique ; est-ce qu’il n’y a pas un chemin vers l’espoir qui se dessine, se demande le présentateur. Et voilà un livre qui ouvre le débat sur l’Afrique au travers des temps.

Un noir trop noir ; l’afro-réalisme et non l’afro-pessimisme

Déjà à ce lancement, les enseignants, journalistes, membres de la société civile, fans des lettres… présents, n’ont pas manqué le débat. Dans l’ensemble, ils estiment tous trop noir cette représentation  que fait de l’Afrique le professeur Gnégnonvi pour qui, il n’y a pas d’espérance en vue. «Ce tableau, c’est trop noir. Il y a quelques avancées» soutient le professeur Jean-Roger Ahoyo. Mais l’auteur, toujours soutenant que telle que l’Afrique vit, il n’y a pas d’espérance, fait remarquer que l’image en noir de l’Afrique sur la page de couverture du livre est sur un fond bleu. Le bleu traduisant l’espoir. A en croire l’auteur, ce noir profond peut être aussi vu comme la venue du meilleur. «Quand la nuit est plus noire, le jour n’est plus loin, elle est si proche». Le professeur Bienvenu Akoha quant à lui, indique que l’auteur s’est montré afro-pessimiste par rapport à un renouveau de l’Afrique. Contrairement à Gbégnonvi, il s’oppose à toute analyse visant à coincer l’Afrique entre l’enfer et le supposé purgatoire. A l’auteur du lui répondre : «il n’y a pas un afro-pessimiste chez moi mais un afro-réalisme». Car, préfère-t-il, il faut être pessimiste dans la pensée et optimiste dans les actions. Encore que dans les actions, ces actions en qui certains intervenants trouvent qu’il y a eu quelques progrès, Gbégnonvi soutient que c’est en somme, du surplace. «Des progrès, oui, mais c’est tantôt en avant, tantôt en arrière».

Le devoir de sauver le navire

Au-delà de tous ces débats, la publication de cet ouvrage est un devoir accompli par Roger Gbégnonvi. C’est un acte de respect d’une tradition. Celle de laisser un témoignage aux jeunes générations mais aussi de ne pas croiser les bras et laisser couler le navire. «Il faut raconter l’histoire à la jeune génération pour qu’elle ne se retrouve pas dans les mêmes bêtises» confie le professeur. «Le livre nous invite à retrouver des bases morales pour que notre pays ne s’effondre pas.» écrit le professeur René Derlin Zinsou dans son message lu par le professeur Jean-Roger Ahoyo lors de la cérémonie de lancement.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité