Santé : nos raisons d’espérer

Mettre en lumière tous ceux qui mettent en valeur le Bénin. C'est l'un des objectifs de la chronique du jour. Cette production que nous conduisons et que nous portons, depuis quinze ans, avec une égale et fervente passion.

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S'inscrit parfaitement dans un tel objectif, l'exemple du frère Florent Pruli, directeur de l'hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta. Cet homme de Dieu, installé dans notre pays depuis plus de trois décennies, conduit une originale expérience de couplage de deux types de médecine. La médecine dite traditionnelle, d'une part, basée essentiellement sur les vertus médicinales des plantes. La médecine dite moderne, d'autre part, celle que le colonisateur a amenée dans ses bagages. Celle qui fut alors imposée comme la seule science à même de prévenir et de soigner les maladies de l'homme.

Le frère Florent Pruli a démarré sa carrière au Bénin en praticien militant, devrait-on dire. Il était animé, en effet, de la volonté de démythifier la médecine dite traditionnelle. Une médecine qui, en son entendement, n'en était pas une. Une médecine sous influence satanique, dominée par l'action   malfaisante des féticheurs, des guérisseurs et des sorciers. Puis, vint le temps du doute. Et celui de la reconversion. Des cas désespérés pour lesquels son hôpital n'avait plus de solution trouvaient des réponses satisfaisantes au niveau de "confrères" anonymes. Ils n'étaient sortis d'aucune faculté de médecine. Ils n'avaient aucune thèse à leur actif. Au plus s'acceptaient-ils comme des héritiers de leurs communautés respectives. Ils se chargeaient de perpétuer une tradition de soin et de guérison qui a traversé les âges. Une tradition qui ne fait pas de bruit. Une tradition qui ne s'entiche pas de science. L'atout-maître, ici, ce sont les plantes dont la nature nous a dotés.  

Le frère Florent Pruli, qui eut le temps de changer son fusil d'épaule, a pu reconnaître et confesser qu'il y a tout dans la nature. Aussi s'est-il attaché, depuis, à coupler les deux médecines, l'une suppléant l'autre, l'une et l'autre additionnant leurs effets, combinant leurs vertus. Ainsi s'expliquent les performances de l'hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta. Ainsi se justifie tout le bien qu'on en dit, avant même qu'une quelconque instance officielle ne s'avise à lui décerner un satisfécit. Reste la question de l'avenir, la question du développement de cet établissement. Trois entités mériteraient d'être convoquées à la barre des responsabilités.

D'abord, la puissance publique

Elle ne peut plus ignorer cet hôpital dans le paysage de nos centres de santé. L'hôpital a donné et donne assez de gages de fiabilité et d'inventivité pour bénéficier de l'appui, du soutien de l'Etat. Une structure privée qui en impose ainsi par son utilité publique doit entrer dans un cadre d'exception. Comprenons-nous bien. Il s'agit moins de mettre à la disposition de l'hôpital des lignes de crédit que d'aider à modéliser une expérience et à la reproduire dans plusieurs localités de notre pays. Un peu comme nous le faisons avec le Centre agropastoral Songhaï. Plus nous aurons des hôpitaux ou des centres de santé conçus sur le modèle de l'hôpital Saint Jean de Dieu, mieux cela vaudra.

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Ensuite, l'Université

Quelle formidable chance pour un pays qui, depuis des décennies, bruit de la fureur d'une guerre sans merci entre la médecine dite moderne et la médecine dite traditionnelle ! L'hôpital Saint Jean de Dieu de Tanguiéta, avec le frère Florent Pruli, établit les bases d'un dialogue, prépare les chemins d'une rencontre. Tout comme il esquisse le cadre d'une collaboration féconde entre les deux médecines. La recherche est la mission première de l'Université. Elle l'a souvent oublié faute d'avoir pu se donner les moyens d'une telle mission. Qu'elle commence à en faire sa préoccupation et à y croire. Et le reste lui sera donné de surcroît.

Enfin, la presse, les médias

Il n'y a pas à chercher midi à quatorze heures : nous n'avons aucun intérêt à laisser prospérer dans l'indifférence ou à mettre l'embargo sur l'expérience originale en cours à Tanguiéta. C'est la mission des médias de la faire découvrir, d'en faire apprécier l'importance. Le Bénin a la réputation d'être un laboratoire pour les autres. Peut-être saura-t-il inverser, enfin, les choses et trouver, à travers l'expérience de l'hôpital Saint Jean de Dieu, des raisons supplémentaires de croire et d'espérer ?  "Le jour finira par se lever, disent les Burundais, même s'il n'y a pas de coq pour le chanter"

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