Stan Tohon, nouvel ambassadeur du coton!

Il est ingénieux notre « Tohon national ». Au cours d’une conférence de presse mardi dernier à Cotonou, le Roi du Tchink a annoncé un projet de production musicale somme toute insolite. Il vise à lancer un nouvel album de six chansons composées dans les six langues phares du Bénin pour parler des bienfaits du coton, première culture de rente au Bénin. 

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L’initiateur du projet affirme avoir déjà fait une tournée nationale dans le bassin cotonnier du pays où il a pu se rendre compte que cette culture a impacté positivement l’économie locale et amélioré le niveau de vie des producteurs. Comme on put comprendre, les chansons devraient sensibiliser les populations et plus précisément les producteurs, à avoir plus d’entrain pour la production. Et si cet album peut apporter quelque chose à cette filière qui connaît une descente aux enfers depuis des années, c’est tant mieux. Il aurait au moins réussi là où la télévision nationale a échoué en faisant, pendant toute la période d’une campagne, la promotion de la production cotonnière à travers ses multiples reportages qui occupaient le clair du temps des journaux télévisés avec les descentes fréquentes de Boni Yayi sur le terrain. Le projet culturel de Stan Tohon se situe donc dans la droite ligne de la campagne de communication tapageuse engagée par le gouvernement pour sauver cette filière en proie à une crise structurelle aiguë. Dans le coton, il y a à bouffer. Surtout pour les zélateurs et autres petits griots. Maintenant que l’échec de la campagne cotonnière est là, les patrons de la filière n’auront d’yeux que pour eux. C’est eux qui devront passer un chiffon sur une campagne cotonnière catastrophique dans laquelle le gouvernement a englouti près de 82 milliards pour n’avoir au finish que 204.000 tonnes. Loin derrière les 400.000 tonnes ou les 350.000 tonnes annoncées par Sabaï Katé et Marcel de Souza et des 500.000 tonnes souhaitées par le Chef de l’Etat qui a passé des mois dans les champs de coton et en a produit lui-même personnellement dans son champ à Tchaourou.  C’est eux qui doivent, par des prestidigitations médiatiques dont ils ont le secret, transformer l’échec en réussite, la honte en fierté. Le ministre Katé en a même donné le ton en disant lui-même qu’il faut rendre grâce à Dieu pour avoir obtenu ces 204.000 tonnes vues les conditions difficiles dans lesquelles la campagne a été engagée. Pour lui, l’exploit n’est plus dans la quantité de coton produit, mais d’avoir réussi à sauver une année blanche cotonnière. Le subit intérêt d’un artiste de renom comme Stan Tohon dans la promotion de la filière coton doit être compris ainsi. L’aura et le talent de l’artiste devront être utilisés à fond pour blanchir une campagne calamiteuse faite à coups de milliards. Le gouvernement ne voudrait pas ainsi donner l’occasion à des pourfendeurs du régime de remuer le couteau dans la plaie, de revenir sur l’échec d’un gouvernement qui voulait utiliser cette campagne pour montrer à l’opinion nationale que l’éviction de Patrice Talon de la filière a été un choix judicieux.  L’artiste qui n’a plus connu un grand succès discographique pendant ces dix dernières années a de quoi se requinquer financièrement. Seulement, quelle que soit l’inspiration de cet artiste, quelles que soient la beauté de ses vers et l’harmonie de ses airs, les chansons que lui et ses amis fredonneront, ne réussiront jamais à gommer les conséquences fâcheuses d’une campagne cotonnière qui fut hélas un échec national qu’on ne put si vite oublier.

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