Le terrorisme en Afrique : entre expansion et répression!

Réveillés par Serval qui les a fait sortir de leurs repaires sahariens, des centaines de terroristes, islamistes, djihadistes, ont essaimé à travers toute la sous-région ouest-africaine.

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De ce fait, la zone sahélo-saharienne est devenue, après le Proche-Orient dont l’envergure commence à décliner, le théâtre central de l’expansion du terrorisme international, faisant ainsi de l’Afrique le nouvel enjeu et le terrain de la lutte anti-terroriste. Entre expansion et répression, radioscopie d’un phénomène qui n’est pas récent. Nos analyses…

Bref rappel historique…

Les origines historiques du terrorisme international sont incertaines. On peut juste s’accorder pour dire que c’est depuis le vingtième siècle que ce phénomène a pris toute son ampleur.

En effet, dès la prise d’otages lors des jeux olympiques à Munich en 1972, il était clair pour les Etats occidentaux qu’il fallait désormais considérer comme sérieuses les menaces liées aux revendications politiques de certains groupes organisés, tels que l’OLP (Organisation de Libération de la Palestine), l’ETA (le Mouvement indépendantiste basque en Espagne et dans les Pyrénées Françaises) ou l’IRA (Armée Républicaine Irlandaise).

Ainsi, aux origines du phénomène, le terrorisme n’était pas seulement une « question islamique » ! C’était la manifestation des frustrations de nombreux peuples qui se sentaient brimés et empêchés dans leur volonté d’exister sur la scène internationale : L’OLP de Yasser Arafat contre l’Etat Hébreu et tous les amis d’Israël de par le monde ; l’ETA basque contre Madrid ; et l’IRA contre Sa Majesté très britannique.

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Et vint Al Qaïda… bientôt reléguée au second plan!

L’entrée d’Al Qaïda dans le terrorisme est bien plus récente et remonte au début du vingt-et-unième siècle, avec les célèbres attentats du 11 Septembre 2001, suivis en live et en mondovision par des millions de personnes ébahies et éberluées par tant de barbarie et de haine, au nom d’une religion.

Désormais, le terrorisme est sorti des chancelleries et des Etats-majors pour devenir le sujet de conversation courant, maintenant que le citoyen sait de quoi il s’agit pour l’avoir vécu en direct à la télé, de manière spectaculaire.

Mais, l’amalgame fait par les terroristes ne devrait pas générer une haine anti-islam. Il est donc nécessaire de faire une précision : Ces terroristes « utilisent une religion mal assimilée – et des versets du Coran sortis de leur contexte – pour masquer leur déséquilibre psychologique, leurs frustrations, leur appât du gain et, à la fin des fins, des activités commerciales mais criminelles. » (Béchir Ben Yahmed)

Cependant, Al Qaïda va rapidement décliner suite aux représailles américaines en Irak, en Afghanistan et au Pakistan, surtout lorsque Ben Laden fut pris et abattu.

C’était le moment choisi par l’organisation pour se « délocaliser » vers l’Afrique, où elle est désormais représentée par l’Aqmi (Al Qaïda au Maghreb islamique) dans la zone sahélo-saharienne, et d’autres groupuscules en quête d’existence comme Boko Haram au Nigéria et les Shebabs dans la corne de l’Afrique.

Le caractère désordonné et l’acuité de la menace représentée par ce néo-terrorisme, a tôt fait d’inquiéter les capitales occidentales, surtout Paris qui a de nombreux intérêts en Afrique. Une inquiétude dont la « réponse active » déboucha sur le conflit malien avec la main forte prêtée par la France, grâce au déclenchement de l’Opération Serval depuis le 11 janvier 2013.

L’Opération Serval et l’éparpillement des terroristes…

Un dessin de Willen dans le quotidien français Libération illustre bien notre analyse quant à l’éparpillement des terroristes, du fait de l’Opération Serval. En effet, ce dessin représente un poing, sans doute français, qui tape sur le Mali et, au lieu de l’écraser, projette les djihadistes vers les Etats voisins. Caricature qu’un diplomate français trouve assez juste, reflétant, à peu de choses près, une réalité que le Quai d’Orsay ne feint plus d’ignorer !

L’une des conséquences de la guerre au Mali est donc cet éparpillement du terrorisme qui a rapidement migré vers les Etats voisins, notamment la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Nigéria, la Lybie (existence d’un stock important d’armes et d’équipements issus de la crise libyenne) et même l’Algérie (l’attentat d’In Amenas en témoigne).

…Qui ont essaimé dans toute l’Afrique occidentale !

Lorsque Rémi Carayol (Jeune Afrique N° 2721) s’interrogeait, concernant l’après-Serval, sur la nature de l’onde de choc et le premier pays à être touché par la « migration terroriste », il était loin de se douter que la réponse allait lui être donnée aussi rapidement par les « criminels » de Boko Haram qui, avec l’assassinat de sept otages occidentaux, viennent de créer un nouveau foyer du terrorisme international au Nigéria, le voisin de l’Est (nous nous situons au Bénin).

La menace est donc de plus en plus palpable pour la France bien implantée à Cotonou. Et les autorités du Quai d’Orsay n’ont pas manqué (par anticipation, certes) de la prendre très au sérieux, depuis le récent enlèvement de la famille Moulin-Fournier (3 adultes et 4 enfants).

Paris a donc dressé sa « carte d’Afrique de la menace terroriste » avec alerte orange et rouge sur la plupart des pays de la zone sahélo-saharienne, étendue au Cameroun, Gabon et Congo. Selon cette carte, seuls quelques pays sont encore « visitables » pour les Français, avec un niveau élevé de vigilance. Il s’agit du Bénin (qui protestait contre la mesure), du Togo, de la Côte-d’Ivoire, du Sénégal, du Burkina-Faso, du Congo et du Gabon…

En finir avec le terrorisme au Sahel : une nouvelle mission pour Serval

La situation, telle que nous venons de la peindre, semble donner un nouvel objectif à l’Opération Serval : Enrayer la menace terroriste et endiguer définitivement un fléau qui prolifère dangereusement en Afrique.

Mission déjà envisagée par le Colonel français Vladimir Tozzi qui dit « s’attendre à ce que ce conflit (la guerre au Mali) ne soit qu’une étape » dans l’offensive globale de la France, dont le but final est de terminer avec le « Mal africain importé du Proche-Orient » !

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