Un Pape, le Pape, notre Pape

Elle se referme la parenthèse ouverte par le départ du Pape Benoît XVI. Le cardinal argentin de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio, ¬76 ans, est désigné comme le 266 ème Pape de l’histoire. Il prend le nom de François.

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Le nouveau Pape entre tout aussitôt dans les deux principales fonctions dévolues à tous souverains pontifes : assurer la direction de l’Etat de la Cité du Vatican ainsi que la direction du peuple de Dieu rassemblé dans l’Eglise catholique aux quatre coins de la terre.

De l’élection du nouveau Pape, on retiendra la relative brièveté de l’assemblée des cardinaux réunis à cet effet. Il y a eu par le passé des conclaves plus longs, plus mouvementés. Ce n’est pas une tâche aisée, même avec l’assistance de l’Esprit saint, de désigner le Chef d’une famille dilatée à l’échelle de la planète et forte de 1,2 milliards de membres.

On retiendra également que François Ier est le premier Pape latino-américain. Il est également le premier jésuite à compter au nombre des successeurs de Pierre. Pour le reste, il prend ses nouvelles charges presque au même âge que son prédécesseur. Ceux qui affectionnent les étiquettes parlent d’un Pape «démocrate et austère», voire d’un Pape «progressiste».

Exercice délirant à souhait, spéculatif à l’accès. On juge l’arbre à ses fruits. Comme on le fait pour le maçon au pied du mur. C’est sûr : l’Eglise, depuis des décennies, poursuit un vaste chantier. Elle cherche à ravaler sa façade. Elle se dévoue, à l’ère de la mondialisation et de la globalisation, pour être présente au monde et dans le monde. Elle s’efforce de rendre plus lisible le sens de sa vocation et de sa mission. Elle tente de construire des passerelles, soit pour se rapprocher des églises sœurs, soit pour dialoguer avec d’autres religions ou d’autres pôles de spiritualité dans le monde. Elle veut placer l’homme à la place qui n’aurait dû jamais cesser d’être la sienne, au cœur des grandes questions qui agitent le monde. Elle est sur le chemin d’une réconciliation entre l’universalité du message du Christ et les divers modes d’appropriation et d’internalisation de ce même message, par divers peuples, par diverses cultures.

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Découle de ce qui précède, la nécessité, pour l’Eglise, de s’obliger à opérer une série de mues et de changements de fond. François Ier est à inscrire au nombre des grands artisans auxquels échoit cette grande et exaltante mission. Une mission en tous points conformes à la   vision fon d’un monde placé sous l’éminente responsabilité et l’exigeante tutelle de Dieu, «Gbê doto», c’est-à-dire le créateur de l’univers et de l’homme, «Gbê to», le père délégué de l’univers. Les mues attendues de l’Eglise et dont le pontificat de François Ier contribuera, sans nul doute, à esquisser l’architecture, se résument en ces quelques traits.

La mue pour que la Parole ne soit l’apanage, le bien exclusif   d’une race, d’un continent, d’un groupe humain, mais la révélation du Christ à l’homme, à tout l’homme, à tous les hommes.  Un devoir d’universalité qui se prolonge et s’approfondit par un égal devoir d’endogénéité.

La mue en faveur d’un rajeunissement continu de l’Eglise, en termes d’adaptation intelligente de celle-ci aux réalités de son temps, aux enjeux de l’heure, sans rien céder sur ce qui participe d’un article de foi et qui a valeur d’un impératif catégorique.

La mue en faveur d’une plus grande ouverture, d’une fraternité sincère pour un dialogue fécond avec ceux qui sont à la quête du seul et unique Dieu, mais que les fractures et les blessures de l’histoire ont éloigné les uns des autres.

La mue en faveur d’un renforcement des capacités spirituelles   de l’Eglise pour des réformes intérieures audacieuses et courageuses. Il y a lieu de la préserver de l’ivraie de la division. Il y a lieu de la mettre à l’abri des tentations sataniques qui détournent plus d’un de leur idéal de vie. Il y a lieu de l’aider à reconquérir toutes les terres du monde couvertes par l’ivraie d’un évangile piraté, d’un évangile de contrefaçon.

Notre chantier étant ainsi délimité, accueillons dans la joie François Ier. Voilà le chef d’équipe qu’il a plu au ciel de nous donner. Mobilisés autour de lui, nous déclinerons, avec lui, ce beau précepte africain : « C’est avec l’eau du corps que l’on tire l’eau du puits».

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