De la LEPI au RGPH!

Il est des choses qui, si elles sont accomplies avec une visée politique, prennent une tout autre tournure que lorsqu’elles sont faites dans un but technique.

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C’est le cas de le dire avec la Lépi (Liste Electorale Permanente Informatisée) qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et de salive, quant aux imperfections qu’elle recèle en son sein, qui rendent nécessaire sa correction. Il ne s’agit pas ici de ressasser les mêmes rengaines sur cette Lépi qui nous a quand même permis, malgré toutes les attaques dont elle a fait l’objet, d’aller aux élections présidentielles et législatives de 2011. Notre démarche est plutôt de rapprocher la Lépi du RGPH, le Recensement Général de la Population et de l’Habitat, qui sera lancé dans les prochains jours. Pourquoi une telle démarche ? Il s’agit de deux recensements, Lépi et RGPH, effectués sur la même population béninoise, en l’espace de trois ans, 2010 – 2013. Alors, il serait intéressant de mettre à contribution le présent recensement, dans la perspective de la correction et du toilettage de la Lépi. Avec un objectif technique de perfectionnement d’une base de données, et non avec des motivations politiques, pour ne pas sombrer dans les mêmes travers…

Un instrument formidable !

C’est le lieu de saluer la formidable avancée que représentent les listes électorales informatisées dans l’organisation des élections, surtout en Afrique ; quand on sait à quel point elles représentent des casse-têtes pour les gouvernements.

Au même titre que la création des CEN (Commissions Electorales Nationales), ces instances indépendantes et autonomes, structurées et dotées de moyens adéquats pour l’organisation des élections, la mise en place de la Lépi est une réelle avancée dans la démocratie africaine.

L’objectif était très noble : en finir avec l’immixtion des instances gouvernementales, notamment le Ministère de l’Intérieur, dans les processus électoraux, avec les problèmes de partialité dénoncés, pour mieux satisfaire toute la classe politique par la participation de tous, minorité comme majorité, à la préparation et à la gestion des élections.

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Cependant, cet objectif a dû être biaisé, lors de la création de la Lépi, alors que le consensus avait bien marché lors de la première innovation, à l’occasion de la création de la CENA (Commission Electorale Nationale Autonome) ; parce que les enjeux étaient énormes. En outre, la question de la permanence de la Lépi, était au centre des débats, car il fallait s’entendre sur la périodicité des mises à jour et la méthode.

Ces préalables n’ayant pas été satisfaits, l’innovation s’est transformée en instrument de chaos, car certaines volontés inavouées auraient souhaité la mettre au service de leur victoire, en y glissant quelques imperfections : lieux de vote fictifs, fausses inscriptions, inscriptions invalides (de non-nationaux par exemple).

Une correction nécessaire, mais comment ?

Compte tenu de tout ce qui précède, il est indéniable donc que l’on doive corriger la Lépi, sinon la reprendre à certains niveaux. Mais, devant cette nécessité impérieuse, nul ne nous dit réellement comment se fera ladite correction.

Sera-t-il procédé à un nouveau recensement? Y aura-t-il un nouvel enrôlement des populations qui n’auraient pu être prises en compte ? Ou va-t-on juste se contenter de procéder à un «toilettage technique», une sorte de «correction au bureau» sur la base de données, en ce qui concerne les doublons ou les données invalides?

Jusqu’à présent, ces différentes questions étaient restées en suspens. Or, voilà qu’un  nouveau recensement à l’échelle nationale vient d’être lancé… Une belle coïncidence, ou une étape du processus de correction de la Lépi ?!

Toujours est-il que le Recensement Général de la Population et de l’Habitat, une enquête statistique de large envergure sur la population ayant permis de mettre en place la Lépi, représente une « grande opportunité » de revoir les données compilées dans la Lépi et de corriger celles qui doivent l’être.

Cependant, il faut remarquer que les députés ont récemment voté une loi qui se révèle très importante dans le processus électoral, donc pour le toilettage de la Lépi incriminée. Il s’agit de la Loi sur le découpage administratif qui détermine désormais, avec une certaine précision, les villages et quartiers de villes existants en République du Bénin et reconnus par l’autorité publique.

Cette loi était donc le premier pas, un grand pas sans doute, pour la correction de la Lépi, auquel s’ajoutera le RGPH dont les données pourraient servir également à mettre à jour la Lépi, et en finir avec ses imperfections.

Le RGPH au secours de la Lépi!

Selon nos développements donc, le RGPH serait d’un grand secours pour la Lépi en cours de correction. En effet, ce nouveau recensement permettrait certainement de faire ressortir les « non-inscrits » (personnes qui n’ont pas été prises en compte, pour diverses raisons, dans la Lépi). En outre, le RGPH pourra déterminer, à son propre niveau, la qualité de certaines personnes indûment prises en compte dans la liste électorale (les non-nationaux par exemple).

Enfin, la  base de données issue du recensement général serait bénéfique à la Lépi, pour lui permettre de gérer efficacement les données invalides (nature et qualité), d’identifier les « doublons » et de procéder à la destruction des inscriptions multiples.

Pour réussir toutes ces actions, il faudrait donc mettre en collaboration les équipes qui s’occupent des deux processus, celle qui va corriger la Lépi et celle qui conduit le RGPH. Nous pouvons déjà nous réjouir de la présence du Directeur de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE), structure technique qui opérationnalise le RGPH, au sein du COS-Lépi (Conseil d’Orientation et de Supervision de la Lépi), instance ad hoc en charge de la correction de la Liste Electorale Permanente Informatisée.

Toutefois, il faudra veiller que la collaboration soit bien transparente et que les données soient publiées, pour être validées par tous. Car les élections législatives et présidentielles sont pour bientôt, en 2015 et 2016. Espérons que la Lépi sera déjà prête…

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