Deux ans après la chute de Laurent Gbagbo : la réconciliation ivoirienne demeure un vain mot

Attaques répétées de camps militaires et commissariats, «justice des vainqueurs»… Deux ans après la chute, manu-militari, du Président Laurent Gbagbo, aujourd’hui devant la Cpi, les crimes continuent, les frustrations aussi. Et la réconciliation ivoirienne reste un vain mot.

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11avril 2011 – 11 avril 2013. Il y a deux ans que le régime du Président Laurent Gbagbo tombait sous les bombes de l’armée française à Abidjan. Après les longs mois de crise meurtrière qui ont suivi l’élection présidentielle controversée et contestée de novembre 2010. Plus de 730 jours après cette arrestation de l’historique opposant de Félix Houphouët Boigny, «le vieux» comme était appelé le premier président ivoirien, les violences continuent. Les attaques de camps militaires et de postes de police à Abidjan et dans l’Ouest du pays sont répétitives et indénombrables. Les frustrations entre populations du Nord, à majorité partisanes de l’actuel Président, Alassane Ouattara, et les originaires du Sud acquis à la cause du président déchu, Laurent Gbagbo, demeurent. La stabilité du pays, en dépit des différentes réformes engagées pour le pouvoir, reste fragile.

Le bilan de la Commission dialogue, vérité et réconciliation, calquée sur le modèle sud-africain, qui a vu le jour fin septembre 2011, est mitigé. Les quelques actions entreprises dans le sens du dialogue inter-ivoirien se sont noyées dans «la justice des vainqueurs» qui serait le mode de fonctionnement actuel de la justice ivoirienne. En effet, selon plusieurs rapports publiés par l’Ong de défense des droits de l’homme, Human Right Watch, des Ivoiriens des deux camps se sont rendus responsables d’atrocités durant la crise postélectorale qui a fait environ 3000 victimes. Si dans son dernier rapport, publié le 4 avril dernier, l’Ong affirme n’avoir «aucun doute que les forces de Ouattara ont commis des exactions durant la crise postélectorale, surtout dans la phase finale de la crise», malheureusement, seuls Laurent Gbagbo, son épouse et plusieurs de ses partisans, sont derrière les barreaux.

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Et ainsi, sur le chemin de la réconciliation promise par le Président Ouattara, «le brave tchè» comme l’appelle ses partisans, semble se dresser beaucoup d’embûches.

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Gbagbo, condition sine qua non pour la réconciliation?

Depuis son arrestation le 11 avril 2011, Laurent Gbagbo qui pense qu’on «ne peut pas parler de la crise postélectorale sans parler de qui a gagné les élections», n’est plus libre de ses mouvements. Précédemment gardé dans une prison du nord de la Côte-d’Ivoire, l’ex-président ivoirien se trouve désormais devant la Cour pénale internationale en attente de son probable procès.

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Selon certains observateurs de la vie politique ivoirienne et  les partisans de celui qui se fait appeler le «woudi de Mama», la réconciliation tant recherchée par les Ivoiriens, notamment des autorités d’Abidjan, dépendrait de la libération de ce dernier. Son parti, le Front populaire ivoirien, qui a boycotté toutes les consultations électorales, à savoir les législatives et les élections locales, demande même «une rencontre au sommet entre le Président Ouattara et (son opposant) Laurent Gbagbo».

A Abidjan, cette proposition est loin d’être appliquée.

Et ainsi, deux ans après la chute de Laurent Gbagbo, la «justice à double vitesse» bat son plein, et la réconciliation des Ivoiriens, demeure une utopie.

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