Guinée Conakry : éternelle transition démocratique sur fond de défiance gouvernement-opposition

Annoncées pour 2011, les élections législatives sont sans cesse reportées. L’opposition n’est pas d’accord avec la dernière date, 30 juin, fixée par le président Alpha Condé.

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Les deux camps se chamaillent. Et l’on redoute que la situation n’ouvre la voie à de nouvelles violences interethniques ou au retour de l’armée aux affaires.

En Guinée Conakry, l’espoir  démocratique qu’a suscité en 2010, l’arrivée au pouvoir d’Alpha Condé, premier président démocratiquement élu, n’a  été que de courte durée. Mais les nouvelles qui parviennent du pays de Sékou Touré, ne sont pas rassurantes. Et elles nourrissent les craintes des uns et le pessimisme des autres.  La transition démocratique a du plomb dans l’aile. Les élections législatives devant constituer un pas de géant dans la mise sur pied des institutions démocratiques, sont reportées incessamment depuis deux ans. Mieux, elles constituent la condition pour la reprise de l’aide européenne au pays. Le Président de la République a convoqué récemment le corps électoral pour le 30 juin. Ce qui ne rencontre pas l’approbation de l’opposition. La crise de confiance est désormais installée entre  les forces politiques de l’opposition, avec à leur tête Cellou Dalein Diallo, et le gouvernement sur fond de défiances. Les deux camps se mangent le nez. Et l’attente ne fait que s’allonger pour  ceux qui rêvent de voir ce pays, décrit comme un scandale géologique, gouter pleinement aux délices de la démocratie, avec des institutions qui fonctionnement normalement.

Attention au retour des vieux démons

La nouvelle date des élections législatives constitue un facteur de tension entre le gouvernement et l’opposition. Et au vu des événements et des discours, on se demande jusqu’où chacun des camps est prêt à aller.  La date de 30 juin fixé par le Président de la République n’est pas du gout de l’opposition. Sa condition : il faut trouver un opérateur de confiance pour réviser le fichier électoral.  Aux yeux de l’opposition, le sud-africain  Waymark, dont les prestations dans d’autres pays africains ne rassurent pas, est tout sauf rassurant comme opérateur de confiance. Les opposants voient dans les actes du gouvernement une manœuvre pour rafler la majorité des sièges au parlement. Mais, pour le gouvernement, il faut y aller le 30 juin. Cellou Dalein Diallo et les siens ont recourt aux manifestations sur les places publiques, leur mode d’expression, depuis l’arrivée au pouvoir de Condé.

Lire : Guinée: l'ONU préoccupée par les violents affrontements dans le pays

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La Guinée Conakry s’est souvent caractérisée par des violences interethniques aux couleurs politiques.  On redoute ce à quoi pourrait conduire le passage en force du gouvernement et l’entêtement de l’opposition. L'opposition étant globalement soutenue par les Peuls, tandis que le gouvernement peut compter sur les Malinkés. En plus des violences interethniques, on redoute le retour d’un autre mal, qui a d’ailleurs rongé et arriéré le pays pendant cinquante ans. Il s’agit du retour des militaires dans la sphère politique. En fait, les militaires qui ont dirigé le pays pendant cinq décennies, pourraient voir en ce tiraillement entre gouvernement et opposition, une incapacité de la classe politique à diriger le pays et à le pacifier véritablement. Et  le retour des hommes en uniformes aux affaires, est ce que l’on souhaite le moins à la Guinée.  Les années Touré, Dadis et Conté, en disent long. Un adage ne dit-il pas que, lorsqu’on à été mordu par le serpent, on craint le ver de terre. Avis donc à toute la classe politique et civile guinéenne.

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