Les années Yayi vues par le coordonnateur FCBE : «Le bilan en sept ans est extrêmement élogieux»

Mot de la Rédaction : Dans le cadre de notre dossier spécial (7 ans de Yayi), nous avons souhaité donner la parole à quelques unes des personnalités les plus représentatives de la classe politique actuelle.

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Ainsi, nous sommes-nous rapprochés de Eugène Azatassou, Coordonnateur national des Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE), donc proche du pouvoir. Voici l’intégralité de l’interview qu’il nous a accordée.

Bonjour Monsieur le coordonnateur. Dans quelques jours, le Chef de l’Etat aura fait 7 ans au pouvoir. Quel bilan faites-vous de ces années au pouvoir sur le plan politique, social et économique ?
Le bilan en sept ans est extrêmement élogieux. Vous savez, le Chef de l’Etat a évolué dans un contexte international de crise. Déjà en 2006, dès son arrivée au pouvoir, il a eu la crise. Dans la sous région aussi, nous avons eu crises économiques et politiques dont certaines ont abouti à des guerres et des renversements de régimes. Le Chef de l’Etat a évolué dans ce contexte et on voit qu’il s’est beaucoup donné si on voit toutes les réalisations qui ont été faites sur le plan économique et social. Mais on se demande comment il a fait. Évidemment, on le voit se démener, courir à gauche et à droite, remuer monts et vallées, aller partout dans le monde, dans tous les pays de l’extérieur, dans toutes les communes du pays, on voit bien comment il a pu obtenir ce résultat. Il a dépensé assez d’énergie, et le résultat est là, à savoir que, malgré la crise, sur beaucoup de plans on a évolué.
Au plan politique, le résultat aussi est là. Parce qu’à la suite de la conférence des forces vives de la nation de février 1990, le Bénin a adopté le multipartisme intégral et cela a conduit à une multiplicité des partis politiques. Donc il a œuvré dans ce sens, pour un  rassemblement des forces politiques autour de sa personne et dans des cadres adéquats, même s’il y a des dissensions à l’intérieur. C’est un acquis politique important qu’il faudra préserver. Ensuite, c’est vrai, il y a eu la lutte de l’opposition regroupée depuis 2008 jusqu’en 2011. On a vraiment senti le bras de fer. C’est aussi la préservation des acquis démocratiques, les libertés fondamentales ont été une réalité. Ce sont des acquis importants qu’il faut retenir du passage du Chef de l’état aux commandes de ce pays. Tous les droits ont été préservés et les problèmes ont été abordés dans le fond. Et beaucoup ont trouvé solution, ce qui a conduit progressivement à une gestion apaisée de la chose politique.
C’est vrai qu’on a assisté, depuis les dernières élections, à un certain apaisement de la classe politique. C’est ce qu’il faut aussi retenir, dans ce registre. Mais, du point de vue politique, les élections se sont succédé, et souvent à bonne date, quelque fois différées, comme c’est le cas maintenant pour les élections communales et locales 2013. Mais, fondamentalement, les élections ont eu lieu, il y a l’alternance au pouvoir, comme l’exige la démocratie.   Ce sont des acquis importants hérités de ses prédécesseurs qu’il a préservés, dans un contexte extrêmement difficile, dans un contexte où on est à deux doigts de l’explosion sociale, ce qui aurait pu se passer, s’il n’avait pas eu cette doigtée, comme c’’est le cas sous d’autres cieux. On a assisté à quelques tentatives de remise en cause, mais Dieu est grand. Tout çà a tourné court.

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Et le plan économique?
Sur le plan économique, beaucoup d’efforts ont été faits pour une production en qualité et en quantité. Nous avons vu les investissements dans l’agriculture. Nous avons vu la prise en charge du coton. Nous avons vu tous les efforts déployés dans ce sens. Beaucoup de reformes ont été mises en chantier et ont suscité des résistances sous toutes les formes. D’abord, des résistances de soulèvements, des résistances sous formes de critiques, par exemple. On se rappelle de cette révision de la Constitution, contre laquelle il y a eu une levée de bouclier, bien que le chef de l’état ait rassuré sur le fait que cette révision est nécessaire, un point de vue que je partage, et que lui, il n’en profiterait pas pour remettre en cause des principes qui avaient déjà frappé ses prédécesseurs. Malgré cette assurance, beaucoup ont déployé tant d’énergie, pour dire qu’il ne faut pas que cela soit sous le mandat du Chef de l’Etat.
Je crois qu’il nous faut mener autrement la réflexion ensemble. Parce qu’une constitution doit être vivante, pour coller aux réalités que nous traversons. De plus, quel que soit le moment où on voudra réviser cette constitution,  quelqu’un sera au pouvoir, et il y aura toujours des gens qui n’auront pas confiance. Je crois que c’est l’occasion rêvée pour faire le toilettage des réalités que nous traversons aujourd’hui.
D’autres reformes ont trainé, compte tenu de ces résistances et de ces levées de bouclier. Une forme de résistance a été (pour certaines personnes malintentionnées), de tirer de ces reformes des intérêts personnels. Et certains ont essayé de mettre la situation à leur profit, pour « sucer » pratiquement tout le sang du peuple béninois et le mettre à genoux, pendant cette période de crise. Il y a eu les affaires du Pvi, toute la bataille autour du coton. Toujours est-il que le Chef de l’Etat s’est montré ferme et résolu, quitte à revenir en arrière, éventuellement, sans état d’âme, pour son amour propre à lui-même, mais pourvu que le peuple béninois avance.
Je pense que toutes ces reformes seront, pendant les années à venir, réétudiées et remises en scelle, pour que l’économie puisse prospérer.

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Au début du premier quinquennat, le Chef de l’Etat avait promis d’amener le taux de croissance à deux chiffres et de lutter contre la cherté. Sur ces deux points, rien n’a évolué ?!
Bien entendu, la cherté de la vie, vous voyez ce qui se passe partout. Je me demande comment en Grèce ou à Chypre, on peut arriver à lutter contre la cherté de la vie. C’est un contexte international qui est difficile. Et c’est dans ce contexte que les efforts se font. La croissance à deux chiffres, on n’a pas fini. Le mandat n’est pas terminé, mais le contexte est extrêmement difficile, et tous les efforts qui ont été faits, à mon avis, porteront un jour leurs fruits. L’effort (à faire), c’est investir dans la production et dans les reformes. Faire des reformes qui puissent, à terme, changer le mental de l’homme béninois, pour qu’il se consacre à la production locale. C’est ce qu’il faut pour échapper à la crise alimentaire, et atteindre la croissance à deux chiffres. C’est difficile ! Il s’y est pris, il y a eu des réticences. Il faut reconnaitre que des efforts ont été faits dans ce sens.

Une dernière question. Sous Yayi Boni, nous avons constaté que les institutions de contre-pouvoir « sont toutes pourries ». Est-ce que c’est lié à la méthode de gestion du Chef de l’Etat ? Ou est-ce un problème qui ne dépend pas de lui, selon vous ?
Je vous laisse la responsabilité du terme « les institutions sont pourries »

Non, c’est le Chef de l’Etat qui l’a dit
Je ne prends pas çà à mon  compte. Deuxièmement, les institutions ont à leur tête des hommes forts qui ont marqué l’histoire de notre peuple, par le passé, ou qui sont des personnalités assez responsables. Les institutions sont liées au pouvoir d’Etat. Et de ce point de vue, tout le monde se bat pour leur contrôle.
Si tout le monde se bat, et c’est un seul camp qui l’emporte, quel est le problème. Si les autres avaient gagné, ils auraient pris le bureau de l’Assemblée Nationale. C’est évident ! Donc, je pense qu’il faut savoir deux choses. D’abord, les institutions sont gérées par des principes de démocratie.  Et c’est sur la base de ces règles que les forces politiques font la compétition. Et personne ne compétit en disant, moi j’ai telle institution donc je laisse le reste aux autres. Ce serait insultant pour le peuple béninois d’imaginer, qu’à la tête des institutions il y a des  personnes qui sont des godillots. Je ne m’avancerai pas jusque là. Et je pense que c’est même faux.
La deuxième chose que je voudrais dire, c’est que c’est évident que le Chef de l’Etat gère en rassemblant les autres autour de lui. Au sortir des élections de 2011, la Renaissance du Bénin était dans l’opposition. Mais, vous avez vu. Le Chef de l’Etat aurait pu dire, vaille que vaille, j’ai une certaine majorité là-bas et je laisse tout le monde là-bas, et  je pioche comme je peux parmi les individus. Mais vous avez assisté au rapprochement de la RB. Vous avez assisté au cap effectué par le Prd. Par conséquent tout çà paye. Et le peuple regarde. Chacun des députés s’est présenté dans sa circonscription. Donc tout le monde ne s’est pas présenté à Tchaourou. Et les électeurs ont voté. Par conséquent, c’est ne pas être capable de rassembler autour de ses idées, que de développer des idées de ce genre. Et les institutions, on les a gagnées à la sueur de nos fronts. Et ceux qui n’ont pas été capables de les gagner qu’ils attendent leur tour.

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