Le gouvernement veut asphyxier financièrement les sociétés d’Etat

Le gouvernement a pris tout récemment, en Conseil des ministres, la décision de faire recours aux sociétés d’Etat pour financer son plan spécial de lutte contre l’insécurité. Selon des sources proches de certaines sociétés, le gouvernement a exigé des centaines de millions de chacune d’elles pour faire face aux dépenses sécuritaires.

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Une décision assez surprenante lorsqu’on sait que la plupart de ces sociétés sont en crise actuellement et que certaines sont sous perfusion du gouvernement lui-même.

Au cours de son Conseil des ministres du mercredi 11 Avril dernier, le gouvernement a pris la décision de solliciter auprès des sociétés d’Etat, de l’aide financière pour « l’acquisition de matériels roulants et autres moyens au profit des unités mixtes de sécurité récemment installées par le Ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et des cultes ». Depuis quelques jours, la pression du gouvernement sur les services financiers de plusieurs sociétés d’Etat se fait de plus en plus forte. Selon des sources concordantes, le gouvernement a contacté plusieurs sociétés d’Etat pour leur demander de mettre à sa disposition des sommes faramineuses dépassant parfois les 200 millions, afin d’acquérir ces matériels roulants au profit des patrouilles mixtes. Les montants varient selon les sociétés. D’ailleurs, apprend-t-on, certaines parmi elles ont été exemptées, compte tenu des difficultés sévères de trésorerie qu’elles connaissent actuellement.

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Cette pratique, rappelons-le, n’est pas pour autant nouvelle sous Boni Yayi. Pendant le premier quinquennat, le gouvernement a fait fréquemment recours à cela pour financer des mesures sociales prises à la hâte comme la gratuité de la césarienne, la gratuité de l’enseignement primaire et autre. Mais le cas d’espèce inquiète plus d’un et suscite maintes interrogations.

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Pourquoi recourir aux sociétés d’Etat ?

Si par le passé, le gouvernement a sollicité les mêmes sociétés pour financer des mesures sociales, ceci est bien compréhensible. Ces mesures sont, pour la plupart, prises à la hâte, sans aucune étude de faisabilité et sans ligne budgétaire. A ce niveau, on peut comprendre que l’inexistence de ligne budgétaire pour les financer peut amener à aller chercher l’argent du côté de ses sociétés d’Etat. Mais dans le cas d’espèce les choses sont un peu différentes. La lutte contre l’insécurité et même l’acquisition de matériels roulants au profit des forces de l’ordre, figurent en bonne place dans les lignes des budgets des ministères de l’intérieur et de la défense. S’il nous est difficile ici de déterminer ces montants, on peut néanmoins affirmer que chaque année, le gouvernement réserve une somme importante à la gestion de la sécurité, mais aussi à l’acquisition d’équipements au profit de l’armée.  A-t-on fini de consommer tous les crédits alloués à ces rubriques qui font partie des domaines de souveraineté de l’Etat ? Au mois d’Avril, alors que nous sommes encore au début de l’exercice budgétaire, il est bien curieux que le gouvernement agisse ainsi. Doit-on croire qu’il a fini de consommer tout le montant réservé pour cela ? Certes, on peut parler ici de mesures exceptionnelles face à la recrudescence du grand banditisme, mais  est-ce pour autant qu’il faille faire recours à ces sociétés d’Etat qui paient chaque année des dividendes à l’Etat? Est-ce déjà les dividendes ou  une autre dépense ? Surtout quand on sait que la plupart des sociétés d’Etat sont en crise. Rendues exsangues par la mauvaise gestion et les détournements chroniques, on se demande si ces sociétés, dont la plupart sont sous perfusion financière de l’Etat ou des banques, pourront trouver cette somme importante.

Quelle est l’opportunité de ces dépenses ?

Selon le communiqué du Conseil des ministres, les sommes devront servir à acquérir du matériel roulant pour les unités mixtes mises en place par le ministère de l’intérieur pour lutter contre l’insécurité. Est-ce réellement ce qu’il faut pour rendre les unités mixtes efficaces sur le terrain ou pour lutter efficacement contre l’insécurité aujourd’hui? On peut aussi s’interroger sur la bonne gestion de ces fonds, surtout qu’on apprend que la pression sur les sociétés les amène à procéder à des procédures rapides de décaissement et de paiement, avec les opportunités de détournement qu’elles offrent.

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