Le Mali a-t-il vraiment une armée ? C’est la question que l’on est tenté de se poser à la lumière du débat mené sur le programme de formation de l’armée malienne par l’Union Européenne dans le cadre de la guerre internationale contre le Jihad au Nord-Mali.
Ce programme de remise à niveau de l’armée malienne a débuté ce mardi 02 avril et va durer quinze mois. Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’Institut des relations internationales et stratégiques (Iris), responsable des questions liées à la politique de défense, invité par nos confrères de Rfi, a donné des précisions sur la mission européenne de formation de l’armée malienne qui a débuté ce mardi 02 avril pour une durée de quinze mois. Il a affirmé qu’il « n’y a plus réellement d’armée malienne ». Il faut donc « la reconstituer et… la sécurité du pays dans les mois et dans les années à venir ne pourra être assurée que par cette armée, si le Mali veut et doit rester souverain.» Ainsi, une première vague de 500 soldats maliens seront formés à l’organisation, l’utilisation des armes. Ils recevront également une « formation civique », notamment « au droit de la guerre », au droit humanitaire international ».
Triste réalité
Mais ce débat fait penser à deux choses. Primo, une infantilisation de l’armée malienne. Car à entendre les différents commentaires, l’armée malienne n’a toujours existé que de nom. On se croirait même aux indépendances, où les Etats africains fraichement décolonisés n’avaient pas de véritables forces de défense et de sécurité. Les observateurs, depuis le soutien de la France, exagèrent donc dans leurs commentaires sur « l’existence » et « l’efficacité » de cette armée.
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Mais il faudra peut-être avoir le courage de se regarder dans la glace, et accepter la triste réalité. Pour preuve la débâcle face d’abord aux rebelles du Mnla, et ensuite aux Jihadistes. Les différents événements qui ont caractérisé les forces de défense du pays de Modibo Keita, avec l’opposition Bérets rouge-Bérets verts, montrent qu’elles sont plus aptes pour les guerres de clans, de leadership, que pour la défense du territoire national. On se demande alors ce à quoi ont servi les budgets alloués à la sécurité et à la défense par les différents régimes qui se sont succédé à la tête du pays, ne serait-ce que depuis le renouveau démocratique en 1991. Question !