Affaire ordonnance du juge Angelo Houssou : Déclaration de l’Union fait la Nation

Depuis le vendredi 17 Mai 2013, un juge d’instruction, Angelo Houssou, est en résidence surveillée à Cotonou.

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 Interpelé par la police, qui l’a séquestré toute une nuit, il est actuellement privé de liberté à son propre domicile, pour avoir rendu un jugement contraire à la volonté du Chef de l’Etat. Ni les pressions des hordes de marcheurs qui encombraient les rues, ni les incantations des professionnels rémunérés de la prière dans les églises et les mosquées, encore moins le secours de personnalités compatissantes n’ont suffi pour amener le jeune juge à trahir sa conscience.

Depuis le vendredi 17 mai 2013, le Président Yayi, son gouvernement et ses soutiens politiques se débattent dans les organes de presse pour une ultime tentative de détournement de l’opinion publique d’une juste appréciation des décisions de justice. Des médias sont mis à contribution pour étouffer et déformer ce que la conscience du juge lui a dicté, après l’examen des dossiers en sa possession. Leurs antennes ont été largement ouvertes aux avocats du plaignant Yayi Boni. Elles restent largement fermées aux avocats de tous les accusés.

Mais en dépit de ce vacarme médiatique, le peuple béninois suit, avec indignation, les manœuvres grossières auxquelles le Pouvoir et ses complices se livrent. Il sait, depuis longtemps, que ses misérables conditions de vie ne les intéressent pas, que le chômage de ses enfants ne les intéresse pas, que la flambée de tous les prix ne les intéresse pas, que l’augmentation des loyers ne les intéresse pas, que ceux qui dorment sous les ponts et sur les motos à Cotonou ne les intéressent pas, que les retards de paiement de bourses et de subventions aux écoles ne les intéressent pas, etc. Les professionnels rémunérés de la prière n’adressent aucune supplication à Dieu pour amener le Pouvoir à s’intéresser aux conditions de vie de toute la population.

Bien au contraire, ils soutiennent l’arrestation de syndicaliste accusé de « crime de silence » face à la gestion hasardeuse des agents que le gouvernement lui-même a nommés et malgré la présence des auditeurs militaires et du contrôle de la gestion de la trésorerie des entreprises publiques par la présidence de la République. Au lieu de constater l’échec de ses gesticulations le Pouvoir, tente ainsi de briser la résistance des forces qui s’opposent à la gestion improvisée et désastreuse de notre pays. Cette attitude patriotique de résistance a conduit de hautes autorités en colère à s’abimer dans un langage ordurier et indigne.

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Ainsi se poursuit la déchéance de notre pays. Alors que nous espérions un gouvernement d’action, nous nous sommes retrouvés avec un gouvernement de communication, d’annonces et de concussions. La pose successive de « premières pierres » aux mêmes endroits, le lancement répété d’un même chantier ou les fréquentes visites des mêmes chantiers ne peuvent remplacer la prise de mesures concrètes qui permettent aux populations de vivre mieux, en paix et en sécurité. Le silence sur de graves violations de l’éthique à l’occasion de l’organisation des concours et recrutements, par exemple, décrédibilise la répétition monotone des déclamations sur la bonne gouvernance.

L’Union fait la Nation condamne fermement cette politique de démission nationale et ses manifestations les plus récentes, notamment, les atteintes graves aux libertés publiques et à l’indépendance de la Justice ainsi que la volonté farouche de détruire toutes les organisations syndicales manifestant le moindre signe de combativité. Elle invite instamment le Président de la République à remplir sa fonction dans le respect de son serment et des lois de la République.

L’Union fait la Nation apporte son soutien ferme au juge Angelo Houssou et au syndicaliste Dieudonné Lokossou pour leur courage et leur engagement au service de la vérité et du bonheur de tous. Elle exige la levée immédiate de toute mesure d’intimidation, la restitution de son passeport au magistrat et l’organisation de sa sécurité en toute transparence. Elle rend le Pouvoir responsable de tout ce qui peut arriver à ce digne fils du Bénin et à sa famille.

L’Union fait la Nation en appelle aux jeunes des villes et des campagnes, aux fonctionnaires de tous ordres, aux artisans, aux paysans, aux intellectuels, bref à tous les citoyens du Bénin, afin que chacun prenne ses responsabilités devant l’histoire : se ranger au côté du Pouvoir et le soutenir dans ses dérives ou se ranger du côté des forces de l’opposition qui se battent pour une autre politique de justice et de paix. Se déclarer neutre aujourd’hui, c’est accepter la situation actuelle.

L’Union fait la Nation invite tous ceux qui veulent lutter contre les maux qui minent notre pays, ruinent les populations, détruisent les emplois et condamnent la jeunesse au désespoir, à la rejoindre dans le combat pour ouvrir des perspectives nouvelles et permettre à notre peuple de reconquérir sa dignité, son honneur et sa fierté.

Enfants du Bénin, debout !
Fait à Cotonou, le 20 Mai 2013
Pour l’Union fait la Nation,
Lazare SEHOUETO
Coordinateur Général du Bureau Exécutif National Transitoire

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