Affaire Patrice Talon – Conférence de presse des avocats de Yayi : service minimum pour Me Charrière-Bournazel et ses confrères à Cotonou

Tétanisés par le mot d’ordre du bâtonnier béninois qui voulait que tous les avocats restent circonspects sur ces dossiers – encore en instruction – l’avocat français de Boni Yayi,  Me Christian Charrière-Bournazel, et ses trois autres confrères, ont simplement fait un service minimum.

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Au cours d’une conférence de presse donnée, hier après midi à Cotonou, ils n’ont rien dit de nouveau, ravivant ainsi les appréhensions des uns et des autres sur la pertinence du dossier et l’issue du procès.

On attendait un immense avocat hier soir à Cotonou. Tant la carte de visite de l’avocat français de Boni Yayi dans les dossiers de tentatives d’empoisonnement et de Coup d’Etat est impressionnante. On attendait l’ancien bâtonnier du barreau de Paris, avocat réputé pour son éloquence et ses plaidoiries, qui a traîné son bosse dans les prétoires du monde entier où il a pu défendre des clients célèbres et des dossiers sensibles. C’est cet avocat là qu’on attendait, mais au finish on en a eu un de moins intéressant et surtout de moins convainquant.  Attendu pour 17h, c’est à 18h que Me Charrière-Bournazel fait son entrée dans la grande salle ovale du Palais des congrès où l’attendait beaucoup de journalistes de la presse nationale et internationale. Il était flanqué de ses confrères Philippe Feitussi, Sadikou Alao Ayo et Rafiou Paraïso. Ces deux derniers étant des avocats béninois membres du collège des neuf avocats qui défend le Chef de l’Etat. Dans ses propos liminaires, Me Charrière-Bournazel a rappelé les conditions pour qu’il y ait extradition. Il faut, rappelle-il, que les deux pays soient liés par un traité dans le domaine juridique, que les infractions ou délits dont on accuse la personne à extrader dans son pays d’origine, puissent être reconnus comme tels dans son pays de refuge, qu’il y ait compatibilité entre les deux pays sur les peines à lui appliquer. Mais sur la compatibilité des peines, il ajoute qu’il y a un petit débat. Tout le monde sait que la peine de mort est abolie en France depuis 1981, mais le Bénin a juste ratifié le protocole de New-York sans vraiment abolir peine de mort. L’avocat français estime qu’il y a seulement un toilettage de la loi à faire, surtout qu’il y a eu une décision de la Cour Constitutionnelle sur la question, et qu’il suffit pour le Bénin d’envoyer le protocole additionnel ratifié, d’y ajouter la décision de la Cour Constitutionnelle et une lettre des autorités béninoises pour donner les garanties que la peine de mort sera abolie. Me Charrière-Bournazel ajoute aussi que le Bénin est considéré par l’Ofpra comme un « pays sûr » où il n’y a aucune menace, ni sur la sécurité des personnes, ni sur la liberté d’expression, et « l’idée de demander l’asile politique d’ici est totalement arbitraire ». Il a aussi précisé que la « l’extradition ne signifie pas forcement condamnation » et que ce procès n’a rien de politique, puisque Talon et son compère Boko ne sont pas des hommes politiques et n’ont pas de partis.

Lire : Affaire Patrice Talon : Angelo Houssou récupère son passeport

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Me Charrière-Bournazel dément être l’auteur d’un communiqué

Si on peut affirmer, sans se tromper, que la conférence de presse des avocats de Boni Yayi n’apporte rien de nouveau au dossier, elle a réussi au moins à tirer un ver du nez de l’avocat français. Répondant à la question d’un journaliste qui voulait en savoir un peu plus sur le communiqué lu abondamment sur les chaines de télévision, ce vendredi où le juge Houssou a rendu public son ordonnance, l’avocat français a été très catégorique, « je ne fonctionne pas avec des communiqués ». Or, on se rappelle bien qu’un communiqué qui a été plusieurs fois partagé sur les réseaux sociaux et qu’on a prétendu émaner de l’avocat Bournazel, attaquait l’ordonnance du juge du 6è cabinet, en l’accusant d’avoir demandé l’extradition de Talon et Boko, de les avoir maintenu en détention préventive et ceci en dépit des demandes de libération sous caution et bien d’autres… Aujourd’hui, celui qui était prétendument l’auteur a décliné toutes ses responsabilités. Il y a quelques jours, le Procureur de la République, Justin Gbènamèto, avait démenti être l’auteur d’un communiqué que certaines chaînes de télévision lui ont attribué. On peut affirmer alors, sans se tromper, qu’il y a eu trop de manipulations dans ce dossier et que tout ce qu’on y a dit n’est pas vrai.  

Partie civile, l’Etat ou Yayi ?

Lors de cette conférence de presse les avocats Charrière Bournazel et Alao ont tous affirmé  être des avocats de « l’Etat béninois ». Face à cela, on peut se demander si c’est l’Etat qui est constitué partie civile dans ces affaires, ou le Chef de l’Etat qui a failli être victime des tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat et qui a décidé de porter plainte. Certes, on pourrait dire que le Chef de l’Etat représente l’Etat, mais de là à entretenir un tel amalgame, cela devrait nous interpeller. On est en droit de se demander si c’est l’Etat qui paie les émoluments des avocats commis et des frais de justice afférents à cette affaire.

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