Angelo Houssou, Gbènamèto et l’hyper président

En quelques jours, Angelo Houssou,37 ans, le « petit » juge du 6ème cabinet est passé de l’obscurité des couloirs mal éclairés du tribunal de première instance de Cotonou où il officiait dans l’anonymat le plus total aux feux de la rampe de l’actualité politique nationale et internationale.

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Son cri de détresse de l’autre jour sur les chaînes internationales de radio sur «  la protection du juge contre les politiques » avait quelque chose de pathétique et de naïf à la fois. Comment pouvait-il ignorer que le choix porté sur lui pour conduire des dossiers qui impliquaient  directement le chef de l’Etat en personne (l’hyper président qui veut tout contrôler) n’était pas fortuit ? Ce bond spectaculaire, de l’ombre à la lumière, il ne  le doit qu’à cette affaire dite de présumée tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat et son corollaire, celle dite de présumée tentative de coup d’état, ses premiers grands dossiers depuis son entrée dans la profession ensemble avec  tous les autres grands dossiers dont celui du chantier de la construction du parlement. Le « petit »juge Angelo Houssou a été fait puissant. Les observateurs de la vie politique ont été surpris de  voir des dossiers aussi délicats et sensibles confiés tour à tour à ce jeune juge sans expérience notable ou presque, plutôt qu’à un juge expérimenté rompu aux us et coutumes de la Maison- justice et aux roueries de la faune politico-financière. Par conséquent, il aurait dû savoir que sa désignation était avant tout un acte éminemment politique. Le procureur Gbènamèto auquel on le dit lié par des liens de parenté, savait parfaitement ce qu’il faisait en le désignant parmi les sept juges d’instruction du tribunal de première instance de Cotonou dont il n’occupait que le 6ème rang :il avait  besoin de quelqu’un avec qui il ne devrait pas avoir trop de problème , quelqu’un qui lui laisserait les coudées franches , pour ainsi dire, pour intervenir dans les dossiers, lors même que l’instruction avait commencé et était en cours. Et ça n’a pas raté !

D’octobre 2012 à ce jour, date de l’éclatement de l’affaire dite d’empoisonnement, on ne compte plus le nombre de fois où le procureur est intervenu directement dans ces dossiers encore en instruction. Le ton a été donné dès l’ouverture de l’instruction, lorsque le procureur en compagnie de celui qui n’était que le commissaire central de la ville de Cotonou, a tenu cette fameuse conférence de presse au cours de laquelle des  médicaments censés être absorbés par le chef de l’Etat et des produits dits radioactifs ont été exhibés devant les caméras du monde entier. Une autre fois, comme pour convaincre les sceptiques , c’est le même commissaire central qui se faisait inviter au journal de 20h de la Chaîne nationale, pour parler doctement des sms envoyés par Talon à Zoubé, la nièce du chef de l’Etat. Suivit alors l’épisode rocambolesque de l’extraction contre la volonté du juge d’instruction, à en croire les avocats des prévenus, du Dr Cissé de la prison de haute sécurité de Missérété pour aller rencontrer le chef de l’Etat pour implorer son pardon. Le Docteur Cissé  a, dans une lettre ouverte reconnu les faits relatés alors par notre journal et quelques autres canards. Cependant, la hiérarchie militaire représentée par le, général Sèmègan Kocou Legba , alors directeur de cabinet du ministre de la défense- le président Yayi -les a démentis , en parlant plutôt d’une extraction pour passer devant le conseil de discipline des armées. Le juge Houssou s’est encore opposé au transfèrement des prévenus de la prison de Missérété et leur dispersion vers les prisons sœurs de Ouidah et de Lokossa pas si proches de Cotonou par ailleurs. Le procureur Gbènamèto est encore intervenu pour expliquer le transfèrement des prévenus de l’affaire dite de coup d’Etat de la prison civile de Cotonou vers les lointaines prisons de Parakou pour l’expert comptable Dagnon et de Kandi pour le commandant Zomahoun, instigateur présumé du coup d’Etat.Ils y sont toujours. L’explication donnée à l’époque relève de la prestidigitation : »les prisonniers,  avait  dit  Gbènamèto, pince- sans –rire,  tenaient des réunions secrètes pour fomenter un coup. Si le ridicule pouvait tuer, il y a longtemps que ce procureur serait passé de vie à trépas. L’hyper président quant à lui ,en plus d’être en dessous de toutes ces gesticulations d’un haut cadre, a mis tout le pays sens dessus-dessous depuis le déclenchement de ces affaires :Marches de soutien, messes d’action de grâce, meetings populaires audiences  suivies de roulements de tambours et de danses endiablées, rien n’a été ménagé pour faire croire que le crime était consommé, ses auteurs connus, le mobile aussi. Foin de la  présomption d’innocence !

                     La prise de l’ordonnance de non lieu de vendredi dernier  a été perçue comme un coup de poignard dans le dos de ceux qui croyaient que tout leur était promis. D’où leurs réactions désordonnées et irréfléchies. Dans une de ses déclarations post -ordonnance sur une des chaînes internationales de radio, le juge Houssou a déclaré avoir subi des pressions, allusions évidentes  à toutes ces pressions du parent Gbènamèto mais aussi aux interventions directes du chef de l’Etat en personne. Nous sommes en mesure de révéler  aujourd’hui, sur la base des croisements d’information recueillies auprès des proches et amis du juge que le juge et le procureur étaient souvent les hôtes du premier magistrat à son domicile privé de Cadjèhoun. Alors,  si soupçon de corruption il peut y avoir dans ces dossiers scabreux de présumé  empoisonnement et de coup d’Etat, on ne peut exclure que le camp du plaignant ait pu tout tenter pour faire pencher la balance du droit de son côté. Seule l’histoire nous dira si le choix du juge est la résultante de son intime conviction ou de l’attrait du chant de sirène  d’un mieux disant. Juste retour des choses en tout cas, pour un hyper- président qui ne fait rien pour cacher sa forte propension à caporaliser,  voire confisquer tous les pouvoirs.

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