De la communication gouvernementale

Malheur à celui qui néglige la communication. On s’accorde pour reconnaître que tout ce qui, dans le monde contemporain, est grand, beau et rentable intègre une forte dose de communication.

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Celle-ci est de l’ordre de ces ingrédients à forte teneur en saveur, à forte concentration en nutriment. La communication décide, en dernier ressort, du sort du plat cuisiné à l’intention d’un public déterminé. Qui rate sa cible en communication tue le produit qu’il cherche à promouvoir.

La communication gouvernementale n’échappe p    as à la règle. C’est celle que conçoit et conduit un gouvernement en charge du destin d’un pays. Ce gouvernement a bien besoin de rendre visibles, lisibles et crédibles ses objectifs, ses initiatives, ses méthodes d’action, ses résultats. Grosso modo, les différents gouvernements de notre pays se sont distingués par deux types de communication. Une communication en «coup de poing» et une communication en «coup de filet».

Le premier style de communication induit l’idée de bagarre. Le «coup de poing» fait entendre que le gouvernement va à l’assaut de quelqu’un. A saouler de coups, jusqu’au KO. Est généralement visée l’opposition. L’intention clairement affirmée est de la réduire à néant. Celui qui est mis à terre libère, cède le ring à son vainqueur d’adversaire. Lequel peut alors, en communion avec le public, s’en donner à cœur joie.  Ce travail de démolition systématique de l’adversaire est souvent laissé à l’initiative d’un porte-parole du gouvernement.

Le deuxième style de communication conduit à une sur-médiatisation des être et des choses. Dans un régime comme le nôtre où le chef de l’Etat est la clé de voûte de toute l’architecture institutionnelle, la tentation est grande de le montrer dans les médias en gros plan ou en arrêt sur image, à propos de tout et de rien. Ce dont profitent, bien évidemment, ses plus proches collaborateurs, tels les ministres et les grands directeurs de l’administration centrale. Séances de prières,  marches de soutien, visites de sites, bains de foule, audiences au palais de la République avec une plus ou moins forte dose de théâtralisation …voilà autant d’éléments qui illustrent ce style de communication. Par le coup de filet, on se fait «pêcheur d’hommes». Aussi, s’oblige-t-on de ratisser large. Histoire de faire le plein de citoyens acquis à sa cause.

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Nous ne portons aucun jugement sur l’un ou l’autre style de communication. Nous ne montrons ni ne manifestons une quelconque préférence pour l’un ou pour l’autre style. Nous trouvons plus utile de proposer un alternatif aux deux types de communication. D’autant que la communication de type moderne ne s’enferme pas dans un corps de doctrine. On n’a pas affaire à un corset de principes intangibles qui brideraient la créativité et l’initiative créatrice du communicateur. Dès que les fondamentaux sont respectés, le reste ressortit à un jeu de haute stratégie. Les deux variables essentiels sont l’espace, c’est-à-dire le terrain de l’action de communication et le temps, c’est-à-dire le moment de l’action de communication. S’il en est ainsi, alors quelle communication gouvernementale, aujourd’hui pour le Bénin ? Trois segments majeurs sont à prendre en compte.

D’une part, une communication qui montre et démontre, qui raconte et qui explique. Cela répond à la question ci-après : qu’est-ce le citoyen lambda doit-il savoir, comprendre et retenir de l’action gouvernementale, autrement dit de ce qui se fait à son profit et en son nom ?

D’autre part, une communication qui fait témoigner, de manière ouverte, voire critique, les bénéficiaires de l’action gouvernementale. Cela répond à la question suivante : êtes-vous satisfaits ou non de ce qui se fait, parfois avec vous et plus généralement pour vous ?

Enfin, une communication qui anticipe, sachant engager le futur proche et projeter les étapes ultérieures d’une action présente. Cela répond à la question suivante : comment entretenir, par exemple, une infrastructure donnée et en faire un   acquis qui profite durablement à la communauté ?

Vous l’aurez remarqué, par ces trois segments indiqués, la communication gouvernementale doit être informative,   participative et éducative. L’information pour faire savoir. La participation pour faire faire et pour faire ensemble. L’éducation pour faire en conscience et en confiance. Qui dit mieux ?

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