Responsabilité du gouvernement dans l’affaire Sonacop : des méthodes de nomination qui encouragent les malversations

Les dossiers de malversation ne finissent plus de pleuvoir sous le régime Yayi. A peine a-t-on résolu le scandale du siège de l’Assemblée Nationale que la Sonacop se retrouve au creux de la vague. Une énième prévarication qui pose le problème du choix de ses collaborateurs par le Chef de l’Etat.

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Dans le compte-rendu du dernier Conseil des ministres, le gouvernement a pris un certain nombre de décisions dont la réalisation d’une série de contrôles de gestion au sein des entreprises d’Etat. Des contrôles qui permettront, entre autres objectifs, de « mieux définir les modalités de nomination des Directeurs Généraux  en recourant au besoin à des appels à candidatures ». Devant une telle décision, l’on est en droit de s’interroger alors sur les modalités ou critères, autrefois employés par le gouvernement pour désigner ou nommer des cadres à la tête des entreprises d’Etat. Doit-on finalement croire que le clientélisme, dénoncé par certains acteurs ou observateurs de la vie sociopolitique, primait sur l’éthique définie par des textes de la République ? Alors qu’il existait déjà un décret, datant du règne du régime de Kérékou II, qui fixe l’appel à candidatures comme procédure de nomination des directeurs de sociétés d’Etat. Qu’a-t’on alors, entre temps, fait de ce décret ? Et pourquoi attend-on le scandale de la Sonacop, avant de se rendre compte de la nécessité de mieux définir les modalités de nomination des directeurs généraux, en recourant au besoin à des appels à candidatures ? Quoi qu’il en soit, si le gouvernement se rend compte de la nécessité de redéfinir les modalités de nomination, c’est sûrement parce qu’il a fait le constat de l’inefficacité de celles, jusque-là, employées. D’où sa responsabilité dans certains cas de prévarication orchestrés par des cadres nommés en Conseil des ministres, comme c’est le cas actuellement dans l’affaire Sonacop.

Par ailleurs, au nombre des irrégularités notées par l’Ige dans son rapport, et relayées par le compte-rendu du dernier Conseil des ministres, figure la validation, au tribunal, d’une créance d’au moins trois milliards six cent millions (3.600.000.000) F CFA  au profit du Groupe Odific par le Dg de la Sonacop. Groupe dont ce dernier fut, par le passé, agent comptable. Alors que cette affaire aurait même déjà fait l’objet d’un règlement à l’amiable et réputée close. Le gouvernement pouvait-il ignorer qu’Expédit Houessou avait été, par le passé, comptable du groupe Odific, un groupe qui avait pourtant un contentieux avec la Sonacop ? Si oui, alors qu’on nous explique comment se font finalement les nominations.

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Il est vrai que seul le Chef de l’Etat peut juger de la nécessité des nominations et de la nature de ses collaborateurs. Il s’agit là d’un pouvoir discrétionnaire qu’il tire de la constitution du 11 décembre 1990. Un pouvoir qui fait de lui le responsable aussi bien des prouesses que des désillusions orchestrées par les pions sur lesquels il mise. Et donc pour éviter de se retrouver en de très mauvaises postures, les nominations des cadres ne devaient-elles pas pouvoir se faire avec le strict respect de certaines normes ? D’abord l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, mais aussi des enquêtes de moralité et de capacité intellectuelle, devraient être, entre autres, des règles d’or. Mais apparemment, ce n’est pas ce que démontrent les faits. Des nominations, à la tête des structures d’Etat, des personnes qui ne maîtrisent pas toujours ces structures, bref des intrus qui ne connaissent pas la maison, sont devenus récurrents. Affinité politique oblige. A quels résultats pouvait-on donc s’attendre, avec de telles nominations ?

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