S’il est vrai que l’Union Européenne est cette institution formidable, unique en son genre, qui continue de faire rêver tous les chantres de l’intégration régionale,
il n’en est pas moins vrai que la «Grande Sexagénaire» est confrontée à nombre de défis qui pourraient l’obliger à se «refaire une jeunesse», en se remettant au goût du jour, plus proche des aspirations des populations européennes confrontées à la crise et opposées à toute politique d’autarcie et de rigueur extrême, tout en restant à l’écoute des peuples d’Europe, notamment les jeunes, citoyens de demain, vecteurs de sa croissance future, une nécessité pour sortir de la crise. Cependant, les vraies questions sont ailleurs. Car, à part la crise économique, l’Europe est arrivée à l’heure d’un premier bilan : Comment se porte l’Union? Quelle est sa place dans ce monde globalisé où de nouveaux acteurs émergent? Quelle Europe pour Demain?
Construire l’Europe autour d’un consensus… De Paris à Berlin!
Il n’y a pas de recette miracle pour faire avancer une institution intergouvernementale, pour ne pas la faire sombrer dans la monotonie des débats insipides ou les blocages répétés de membres aux intérêts antagonistes. Pendant que l’Organisation des Nations-Unies est engluée dans ses difficultés de fonctionnement, traînant les pieds devant une réforme nécessaire pour sa survie, l’Union Européenne surprend par sa vitalité, malgré quelques soubresauts qu’elle vient de subir récemment, notamment avec la crise financière qui a secoué la Grèce, l’Espagne, l’Italie…
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Ce qui rend le «miracle européen» possible, une exception particulière parmi les organisations intergouvernementales (l’unique supranationale), tient en trois mots : Subsidiarité ; Solidarité ; Consensus!
Le consensus à l’européenne, n’est pas le même que dans les autres organisations. Il suffit que l’Axe Paris-Berlin fonctionne à merveille, pour que tout marche dans l’Union et que les projets soient concrétisés plus rapidement. Cette présentation caricaturale ne reflète pourtant que la réalité des choses, et l’Europe devrait en être fière, car c’est ce qui la maintient : Un cœur solide qui la porte. «Quand Paris et Berlin s’entendent, l’Europe avance à grandes enjambées»!
Sortir d’Hier pour mieux construire Aujourd’hui et Demain!
C’est le lieu de saluer la Vision des Pères Fondateurs de l’Europe qui ont vu loin, qui ont vu grand, afin de pouvoir construire quelque chose de tangible, de réalisable, de mesurable (en termes de résultats précis) : Une monnaie unique ; une mutualisation de ressources ; un commerce extérieur commun ; un grand marché où la libre-circulation est une réalité ; des institutions communes dotées de pouvoirs étendus…
Pour avoir souhaité construire une Europe de l’Atlantique à l’Oural, l’Union a pu réussir à s’étendre jusqu’aux frontières de la Grande Russie, en rognant petit à petit les privilèges de l’ex-Union Soviétique, avec l’adhésion à l’Europe de ses anciens satellites, la Slovénie, la Lettonie, la Lituanie et l’Estonie.
Evidemment, l’Europe a vite compris qu’il serait plus problématique de s’unir à la Russie, ce qui fera de la Chine son voisin immédiat. Il vaut mieux maintenir une certaine distance entre cet adversaire redoutable, surtout que le dragon d’Asie marche sur les plates-bandes de l’Union Européenne, en l’occurrence l’Afrique.
C’est donc par ce pragmatisme et cet opportunisme que l’Europe a traversé toutes ces étapes, pour devenir ce qu’elle est aujourd’hui, après avoir changé ce qu’elle était hier, tout en se préparant pour adopter le visage de demain qu’elle ne connait pas encore.
C’est cette apparente absence de boussole précise qui séduit dans «La Marche de l’Europe»! Maintenant que nous avons créé le marché commun, il faudrait mutualiser plus de ressources. Maintenant que nous avons les ressources, il nous faut des institutions communautaires et des organes adaptés pour les conduire au mieux, tout en initiant et en gérant les projets porteurs. Enfin, si nous gérons des projets ensemble, il faut qu’on puisse nous voir réellement ensemble, c’est-à-dire que nous parlions de la même voix…
C’est cette Europe qui se prépare désormais à affronter de nouveaux défis qui se sont révélés en cours de route, et d’autres qui étaient déjà là à l’origine.
Se faire une place de premier choix en relevant tous les défis!
Tel serait le nouveau credo de l’Union Européenne. En effet, tout en affirmant un rôle incontournable dans le concert des nations en étant un partenaire sûr des pays en développement, avec la distribution de l’aide publique au développement dont elle est la première pourvoyeuse, l’Europe devra faire face à un problème majeur qui a pour nom la crise. Un problème qui ne lui est pas intrinsèque, mais qui est plutôt lié à la conjoncture internationale et à un déséquilibre structurel mondial.
A part la crise, voici d’autres défis pour l’Europe :
1. Affirmer une présence plus effective en Afrique, sur les terres qu’elle croyait jusque là une chasse gardée, avant que les pays émergents ne débarquent pour rogner ses marges.
2. Réanimer le dialogue intereuropéen pour ne pas se cantonner à la seule bonne santé de l’Axe Paris-Berlin.
3. Réorienter la politique d’élargissement dans une direction plus «européenne» en allant moins frapper aux portes de l’Asie dont la Russie préfère rester la seule gardienne. Car, comme l’a déclaré un jour un grand politique français devant des étudiants de Sciences Po ébahis, «l’Europe n’a pas vocation à s’étendre à la Turquie»!
4. Revoir le fonctionnement de ses institutions pour pouvoir mieux se comprendre, décider et agir à 27, bientôt 28 avec l’adhésion de la Croatie (le 1er juillet 2013) et l’arrivée d’autres candidats.
Et demain, peut-être, les Etats-Unis d’Europe, comme l’a rêvé Enrico Letta, le nouveau chef du gouvernement italien. «Quand on rêve seul, cela reste un rêve ; mais lorsque nous rêvons à plusieurs (à 27), c’est le début de la réalité»!
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