Nago renvoie hier cinq ministres de la République

(Le gouvernement présente ses excuses aux députés) Une scène inédite s’est produite hier au sein de l’hémicycle. En effet, invités hier pour défendre le gouvernement dans des dossiers d’interpellation du gouvernement, les membres du gouvernement qui sont appelés à répondre aux députés, n’étaient pas vite arrivés, hier au parlement.

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Aucun ministre n’était présent à l’ouverture de la séance, consacrée aux trois points les concernant. Le premier a trait à une question d’actualité relative à la destruction des habitations des populations Xwla et Xwela à Xwlacodji (Cotonou) et aux raisons qui sous-tendent ce déguerpissement. Le second relatif à une communication du gouvernement au sujet de la participation d’un contingent des forces armées béninoises à la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) et à l’interpellation du ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine, de la Francophonie et des Béninois de l’extérieur, relative au mépris et à l’humiliation dont les députés font l’objet de la part du Protocole d’Etat, lors des manifestations officielles. Comme à leur habitude, ils avaient accusé excessivement de retard avant de rejoindre l’hémicycle. L’attente étant trop longue comme d’habitude, le Président de l’Assemblée Nationale qui dirigeait la séance a piqué une colère. Il a fait constater que, ni le ministre de l’Environnement, Blaise Ahanhanzo-Glèlè, ni le ministre des Affaires Etrangères, Bako Arifari, ni le ministre de l’Intérieur, Benoit Dègla, ni le ministre de la Décentralisation, ni le ministre chargé des Relations avec les Institutions, n’étaient présents. Il a fallu que les différents points à l’ordre du jour soient rappelés par le Président Nago et que le constat de l’absence des ministres soit fait, avant que ces derniers ne fassent leur apparition au sein de l’hémicycle. C’est ainsi que le Président de l’Assemblée nationale a demandé l’avis de la plénière sur la conduite à tenir. Au terme de ses interventions, contrairement aux suggestions de la plupart des députés de vider les ministres de l’hémicycle pour leur retard criard, le Président Nago a suspendu la séance, renvoyant les députés à plus tard pour l’examen de ces dossiers. Mais au terme de la plénière, le gouvernement a organisé au ministère des Affaires Etrangères, un point de presse pour donner ses explications sur la situation. En présence de tous les cinq ministres, le ministre chargé des Relations avec les Institutions, Safiath Bassabi, a parlé au nom de ses collègues. Dans son intervention, elle a expliqué les raisons de leur retard. Elle déclare que ce retard est dû à la tenue dans notre pays du forum inaugural sur le développement rural en Afrique (Fidra) dont le leadership continental a été confié au Président de la République du Bénin. Selon ses propos, une heure de décalage a été sollicitée, mais leur requête n’aurait pas été prise en compte par le Président de l’Assemblée Nationale. Toutefois, les ministres concernés regrettent cet incident malheureux qui relève d’un malentendu, présentent leurs excuses à la représentation nationale pour ces désagréments, et entendent prendre toutes les dispositions pour éviter que de pareilles situations ne surviennent à l’avenir. Les députés poursuivent ce jour au parlement avec la désignation des membres du CCA.

Lire les interventions des députés hier à l’hémicycle

Antoine Idji Kolawolé

« L’absence du gouvernement, quand même, ça fait un peu trop non M. le président. Il n’y a pas de raison d’être inquiet ? Avons-nous encore un parlement un peu considéré ? Il faudrait qu’on dise au gouvernement et au chef du gouvernement que ces absences répétées n’inquiètent pas seulement les députés.  Je pense qu’ici, il s’agit de tous les députés. Cela est de nature à inquiéter sur le fonctionnement de nos institutions. Je sais que vous nous représentez dignement. Est-ce que vous avez besoin de notre concours pour que la voix des députés soit entendue. Le Chef de l’Etat vous a écrit, puisque vous nous avez fait l’amabilité de nous communiquer cette lettre, où il s’engageait lui-même à dépêcher un membre du gouvernement pour s’expliquer sur la question et informer le parlement. Il a pris l’engagement depuis août, nous sommes aujourd’hui en mai. Il y a une crise ? »

Candide Azannai

« Si j’avais fais cette proposition, c’est exprès que je l’ai faite. Au sujet de la question du Mali, ce n’est pas de sa propre volonté que le Président de la République a proposé une communication. C’est suite à une interrogation d’un collègue. Je pense que si le gouvernement n’est pas là, qu’on continue sur les autres points et rapidement à la fin, on pourra tirer une conclusion globale. C’est mieux, sinon nous n’allons pas travailler.

Je pense que dans une démocratie, il y a des procédures, il y a des règles. Quelles que soient les circonstances, il faudrait que nous prenions le chemin des principes, le chemin des règles. Ce n’est pas bon que nous levions la séance, que nous protestions de travailler aussi longtemps que le gouvernement ne sera pas là. Ce n’est pas bon, comme le dit la sagesse, d’accrocher son pagne à la corne de l’antilope. Je pense que ce n’est pas parce que le gouvernement agit de cette manière, que nous-mêmes nous allons agir de cette manière. Nous attendons jusqu’à la fin, nous constatons que le gouvernement n’est pas là et c’est la voie royale. C’est l’interpellation pour outrage. Et tous ceux qui disent aujourd’hui et maintenant, que nous allons lever la séance, nous allons faire Assemblée buissonnière aussi longtemps que le gouvernement ne sera pas là, ils ont la latitude de ne pas faire Assemblée buissonnière et voter l’interpellation pour outrage et de traduire les concernés devant la Haute Cour de Justice pour outrage. C’est ça la voie à suivre. Cette volonté serait à 83 voix pour poursuivre les gens pour outrage. Et on aurait réglé définitivement, aujourd’hui et demain,  cette situation. Aucun gouvernement n’osera plus jamais, aussi longtemps que le Bénin existerait, s’absenter de cette manière. »

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Helene Kêke Aholou

« C’est simplement pour vous dire qu’à mon humble avis, ce comportement du gouvernement qui dure depuis plusieurs mois, n’est que simple dédain. On nous dédaigne. A la rigueur on nous méprise. Parce qu’il a une majorité au parlement, on ne connait plus la valeur de l’Assemblée Nationale. Excusez-moi Monsieur le président, c’est une institution de la République. Les interpellations, les questions au gouvernement, tout cela est prévu par la constitution. Si l’exécutif commence à violer la loi et nous dédaigne à ce point, que ferait la population ? La proposition de la doyenne de l’Assemblée est la meilleure. Avant d’aller vers les mesures fortes, les mesures extrêmes, donnons un avertissement au gouvernement. Vous avez vu que tout le monde a applaudi instantanément, parce qu’il faut poser un acte pour qu’on sache que nous ne sommes pas insensibles à ce qui se passe. Il faut leur dire non. Et l’interpellation à la Haute Cour de Justice, quand ça viendra après, on va en parler. Mais à ce stade, faisons l’avertissement d’abord. »

Rosine Soglo

« Monsieur le président du Cos, Sacca Lafia, qu’est-ce-qui vous arrive aujourd’hui ? Vous avez mangé du lion ? Vous mettez du sable dans votre propre couscous ? C’est comme cela que vous remerciez le gouvernement de vous avoir nommé président du Cos ? J’ai pris la parole pour vous féliciter et pour vous dire que moi je suis fière de vous. La cause étant entendue, si nous voulons être d’accord avec nous-mêmes, nous levons la séance et nous rentrons chez nous. Parce que trop c’est trop.  Je ne sais pas si c’est le Président, mais les ministres sont responsables. Il ne faut pas tout mettre sur le Président et ce n’est pas à moi de défendre le Président. Mais je suis obligé d’être honnête avec moi-même, les ministres connaissent leur boulot. » 

Mathurin Coffi Nago, Président de l’Assemblée Nationale

« Je voulais après tout dire que le bureau n’a pas besoin d’appui avant de faire le boulot pour lequel il a été élu. Je vous ai dit tout à l’heure que toutes les dispositions ont été prises pour que le gouvernement soit là ce matin. Je ne veux pas rentrer dans les détails, mais toutes les formalités ont été remplies, même au-delà des dispositions, tout à été fait pour contraindre le gouvernement à être là aujourd’hui. Jusqu’à ce matin, les dispositions ont continué à être prises. C’est pour vous dire que je suis profondément désolé de constater ce que nous constatons ensemble, à savoir l’absence du gouvernement, nonobstant les dispositions prises pour éviter cela, comme les fois passées. A l’impossible nul n’est tenu. Nous avons fait ce que nous devons faire, et on  ne peut  pas être seul pour régler le problème qui concerne deux personnes.  Et il faut qu’il y ait les deux parties, et ce qui est du ressort d’une des parties, cela a été fait. Mais, malheureusement, la deuxième partie n’a pas pu jouer le rôle qui lui revient. Il nous est fait une proposition de suspendre les séances de l’Assemblée Nationale jusqu’à ce que le gouvernement décide enfin de répondre à notre sollicitation. C’est la proposition qui a été faite. Je voudrais vous rappeler que nous-mêmes, nous avons le quatrième point relatif à la désignation des Cca. Cela est une responsabilité de l’Assemblée Nationale.  Je vous rappelle cela pour savoir si vous maintenez toujours votre décision de tout  suspendre jusqu’à nouvel ordre, ou bien  nous arrêtons toutes les activités, sauf celles qui nous concernent, en l’occurrence le choix et la désignation des membres des Cca. »

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