Nigéria : Boko Haram, une plaie incurable pour Abuja

Le gouvernement nigérian par la voix de son président Goodluck Jonathan a lancé mardi 14 mai une offensive contre Boko Haram, la secte djihadiste qui sévit dans le nord est du pays depuis 2002. Depuis hier l’armée pilonne les positions des djihadistes. Mais cette guerre qui sera longue risque d’affaiblir l’Etat nigérian.

Publicité

Les dernières attaques de Boko Haram ont fini par sortir le gouvernement de ses gongs. Le mardi 14 mai le président Jonathan a lancé l’Etat d’urgence dans les trois états les plus attaqués par Boko Haram. Environ 2000 hommes et un arsénal de guerre assez impressionnant ont été déployés pour cette lutte. Des raids ont été même menés dans la réserve naturelle de Sambisa dans l’Etat de Borno où Boko Haram aurait installé son quartier général. L’opération qui n’a d’ailleurs pas l’aval de Washington qui met en garde le Nigéria des éventuelles exactions qui peuvent en découler risque aussi d’être grippée très tôt et d’essuyer un grand échec. En effet, l’Etat nigérian ne devrait pas ignoré combien il est difficile de combattre des terroristes souvent teigneux et téméraires. Ils sont mobiles et peuvent résister pendant des années. Une guerre contre de tels ennemis, prêts à mourir, même de la façon la plus ignoble, n’est souvent pas gagnée d’avance. Les Etats unis, malgré leur hyper puissance militaire n’ont pas connu de grandes réussites contre les terroristes en Afganistan et dans les autres pays où sévissent ces organisations. Au Nigéria, Boko Haram ne bénéficiera pas forcement des mêmes djihadistes aussi aguerris comme les talibans, de même que des reliefs montagneux du Waziristan mais ses combattants sont réputés très courageux et peuvent vite disparaître dans la nature en gagnant le Cameroun ou le Tchad grâce à la porosité des frontières entre ces trois pays.  L’Etat nigérian vient ainsi de se lancer dans une guerre de longue haleine qui risque de l’épuiser financièrement. Et pour un Etat en déliquescence, affaibli par les heurts interreligieux et les problèmes sociaux, cela peut bien coûter cher.  Plus grave, si dans les pays occidentaux l’unanimité est faite autour de cette lutte contre le terrorisme, au Nigéria, c’est le contraire. La secte djihadiste semble bien bénéficier de soutiens insoupçonnables au sein de l’appareil d’Etat et même des populations. Dans cette condition, il sera malaisé pour le Nigéria de gagner une telle lutte. Si elle devrait intervenir, elle prendra tout le temps que ça faut et pourra rendre ce pays plus vulnérable à la même secte qu’il veut éliminer. 

 

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité