Au Sénégal, Obama en professeur «d’Etat de droit»

Hier, au Sénégal, dans le cadre de sa tournée africaine, Obama a eu une séance de travail avec les présidents de quelques cours suprêmes des pays du continent. Au menu : démocratie, Etat de droit et indépendance des instituions. Commentaire.

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A l’Université du Caire en Egypte, en Juin 2009, Obama tendait la main au monde arabo-musulman avec son discours intitulé «A New Beginning», en Français «Un nouveau départ». Un mois plus tard, la même année au Ghana, il envoyait un message de démocratie, assez fort aux dirigeants du continent. Avec notamment ce discours d’Accra dans lequel il a martelé que «L’Afrique a besoin d’Institutions fortes plutôt que d’hommes forts».  Un appel aux dirigeants pseudo-démocrates du continent, qui ne pensent qu’à affermir leur pouvoir en mettant en œuvre des stratégies pour  fragiliser ou instrumentaliser les institutions, surtout celles de contre-pouvoir.

Si au Caire Obama s’est illustré en professeur de «dialogue des civilisations», et qu’à Accra il était dans la peau d’un professeur de démocratie, au Sénégal où il séjourne depuis  ce mercredi 26 juin, Obama projette, en tout cas pour le moment, l’image du professeur «d’Etat de droit.» Ses étudiants, les présidents des cours suprêmes de quelques pays africains.

En effet, dans le cadre de sa tournée africaine d’une semaine, qui le conduira aussi en Afrique du Sud et en Tanzanie, Obama séjourne depuis mercredi donc au Sénégal, dans le pays de Léopold Sédar Senghor.  Sa journée d’hier a été marquée, entre autres, par une visite à la Cour Suprême sénégalaise. Là, le premier Président Afro-américain a eu une séance de travail avec  dix autres présidents de cours suprêmes de pays africains, aussi bien francophones qu’anglophones. Au menu de cette séance entre le Président diplômé de la prestigieuse université américaine Harvard et les présidents des cours suprêmes de certains pays africains, les fondamentaux de la démocratie, avec un accent particulier sur la question de  l’Etat de droit, l’indépendance de la justice et la séparation des pouvoirs.

 Cette séance trouve tout son symbole et son sens dans le fait qu’il s’est tenu avec les patrons des pouvoirs judiciaires des pays africains. Surtout que, nous sommes sur un continent où on a souvent l’impression que le pourvoir Exécutif instrumentalise ou tend à contrôler le Judiciaire, à des fins politiciens. C’est même l’un des défis auxquels les pays africains sont confrontés dans le processus d’instauration de la démocratie et de construction de l’Etat de droit.  Parce que le triste constat est que celui qui est au pouvoir, à la tête de l’Exécutif, pense toujours qu’il doit avoir le Judiciaire à portée de main et pour lui, en vue de l’utiliser à sa guise, souvent pour des pressions ou règlements de compte vis-à-vis d’opposants politiques. Au-delà même des cours suprêmes, les juridictions institutionnelles (Cour Suprême et Cour Constitutionnelle) censées réguler le jeu démocratique, font elles aussi des revirements jurisprudentiels mettant à mal  la démocratie elle-même.

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Obama disait au Ghana que l’Afrique a besoin d’institutions fortes et non d’hommes forts.  Et s’il y a des institutions qui doivent encore se battre pour obtenir leur indépendance, dans les actes et non en théorie, ce sont les institutions judiciaires. Obama a sans doute vu juste, en décidant d’échanger avec les gardiens de l’Etat de droit.  A Dakar, le prix Nobel était un professeur d’Etat de droit. Reste à savoir l’impact qu’aura véritablement cet acte qu’il a posé ainsi que son discours.

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