Euloge Akpo, le mouton du sacrifice !

Il a été sûrement sacrifié sur l’autel des calculs et manèges politiciens. En moins d’un mois, le magistrat Euloge Akpo a été balloté de juridiction en juridiction, pour finir sur le carreau. 

Tout a été si mal fait à son endroit qu’on se demande s’il n’est pas victime d’une machination maligne du Chef de l’Etat pour mettre au garage un magistrat réputé intègre.

Tribunal de première instance d’Abomey Calavi, Tribunal de première instance de première classe de Cotonou, puis la Cour Constitutionnelle. L’itinéraire professionnel du magistrat Akpo, ces derniers jours, a bien quelque chose de singulier. En un temps record, ce magistrat qui s’est pourtant taillé une solide réputation de magistrat rigoureux, a été balloté de juridiction en juridiction, sans grande précaution. A chaque étape, une maladresse commise par le gouvernement l’a toujours contraint à ne pas prendre service.

Parti du Tribunal de première instance de Lokossa où il a fait appliquer la loi dans toute sa rigueur et sa totalité à tout le monde, Euloge Akpo a été nommé à la tête du Tribunal de première instance d’Abomey-Calavi où il a exercé pendant des années. Au cours d’un récent redéploiement des magistrats dans les tribunaux, il a été nommé Président du Tribunal de première instance de première classe de Cotonou, le mardi 28 Mai 2013.

Mais, cette nomination a été vivement contestée par l’Unamab qui dénonçait les mutations anarchiques et politiques du gouvernement, et qui reprochait à Euloge Akpo de n’avoir pas l’expérience requise pour être  à ce poste de Président de ce tribunal, alors que le Procureur Justin Gbènamèto est plus expérimenté que lui. Deux jours après, il est promu pour siéger à la Cour Constitutionnelle. Peut-on douter que celui-là, qui a été promu deux fois en si peu de temps par le gouvernement, puisse être méconnu par son  chef ?  Peut-on imaginer que le Chef de l’Etat puisse nommer quelqu’un à la tête du Tribunal de Cotonou et puis après à la Cour Constitutionnelle, sans avoir pris connaissance de son Cv et sans avoir assez de précisions sur ses expériences professionnelles ? Tout a été fait dans une désinvolture et une négligence indignes d’un Chef de l’Etat. On se tromperait à peine en disant que tout a été fait exprès pour tout faire perdre à Euloge Akpo.

Indésirable

On pourrait bien imaginer que le sort qui est arrivé à Euloge Akpo n’est que le fruit d’une malchance qui l’a poursuivi depuis qu’il a été muté du Tribunal d’Abomey Calavi. Mais, à voir la chronologie des faits, on se demande si le magistrat Akpo n’a pas été sacrifié. Sinon, comment croire qu’il puisse être promu à la tête du Tribunal de première instance de Cotonou, alors qu’il y est contesté pour manque d’expérience par ses collègues ? Et alors qu’il est contesté à ce poste, le gouvernement l’envoie à la Cour Constitutionnelle, sans prendre la précaution de vérifier,  pour quelqu’un qui est ainsi dénoncé pour ses insuffisances d’expérience professionnelle par ses collègues, s’il répond aux critères d’ancienneté exigés par la Constitution.

Une telle attitude serait assimilée à une inculture et une ignorance graves, difficilement acceptables de la part d’un Chef de l’Etat. Alors, on peut l’assimiler à un manège pour évincer de la tête des tribunaux un magistrat réputé rigoureux. Et pour la bonne cause d’ailleurs.

Selon des sources judiciaires, l’application du nouveau Code de procédure pénale donne aux présidents des tribunaux, le pouvoir de nommer les juges des libertés qui vont remplacer les juges d’instruction. Le gouvernement a sûrement flairé le danger qu’il  y aurait à nommer à ce poste, un magistrat qui peut lui filer entre les doigts demain, et par surcroît tous les juges de liberté qu’il va nommer.

Pour un gouvernement soucieux de vassaliser la Justice, c’est l’erreur à ne pas commettre. On peut comprendre pourquoi son chef s’est entêté en envoyant à la Cour Constitutionnelle quelqu’un qu’il sait ne pas répondre aux critères exigés. On l’envoie se balader, le temps de lui faire perdre définitivement son poste de Président au Tribunal de Cotonou où il essuie la contestation corporatiste, ou à Calavi d’où on l’a muté. Bonne ruse donc ! 

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