Le Festival international de théâtre du Bénin (Fitheb) fait couler, depuis quelques semaines déjà, beaucoup d’encre et de salive. Il y a actuellement un show qui est organisé autour d’une nouvelle vision pour le festival et de la procédure pour y parvenir.
L’ouverture, par appel à candidatures, du processus de renouvellement de l’équipe dirigeante du Festival, a sonné, dirait-on, le réveil des esprits. Contestation de procédure par ici, proclamation de telle vision par là, réunion de ce côté, journées de réflexions ailleurs, etc. Dans tout ceci, une chose est indubitable et fait l’unanimité. La réorganisation ou la restructuration du Festival, pour qu’il soit “ressuscité’’ et reprenne une bonne place dans le rang des rendez-vous de théâtre à l’échelle mondial. Le bilan et la relecture des textes et statuts, entre autres. Précisons que ces textes et statuts ont été longtemps, l’une des sources de désaccords entre les acteurs du festival, d’une part, et le ministre et eux d’autre part. De par leur manque de précision et de cohérence à certains niveaux, diraient certains professionnels du théâtre. Le consensus est tout trouvé, à propos de la nécessité d’y remédier.
Ce qui fait débat, c’est la démarche pour y parvenir. Si sur certains points, il y a consensus, sur d’autres, c’est des divergences. Que ce soit ceux qui soutiennent la procédure actuelle ou l’autre camp, ils ont des raisons légitimes.
Pour les avertis de ce festival et ceux-là qui connaissent son parcours jusque-là, c’est difficile d’approuver facilement une procédure prétendument pour conduire à sa relance. Il y a même déjà des voix qui se lèvent et parlent de «quelque chose qu’on veut leur faire avaler». Le chien échaudé craint l’eau froide, dit-on. Dernier cas en date, la dernière édition justifierait la prudence de ceux-ci. «Une édition qui devra consacrer le renouveau du festival ; une édition de l’affirmation de la maturité du Fitheb ; un nouveau départ ; Fitheb 2012, c’est une édition spéciale qui sonne le rassemblement des peuples d’Afrique et d’ailleurs ; c’est le repositionnement du Fitheb en tant que première plate forme théâtrale en Afrique, comme il l’a été à ses débuts ; tout est mis en place pour… « Que de très belles phrases d’espoir, mais qui, dans la pratique du festival, se sont révélées juste comme des slogans, de la pure théorie utopique. «Une édition de “Renouveau’’ mais qui au finish, a été celle de l’«enterrement» parce que le festival ne vit plus ; un enterrement bien réussi», écrivait-t-on dans un article au lendemain de cette édition. Et quand on a vécu cette scène, on a raison de faire preuve de prudence lorsqu’une nouvelle vague de show commence pour le même but : faire du Bénin un grand carrefour du théâtre par le biais du Fitheb.
Mais ce n’est pas pour autant que les autorités ou les structures commises pour ce renouveau du Fitheb vont se désespérer, croiser les bras et ne rien faire. 23 ans après, c’est vraiment un impératif, de relever ce défi de “dessoucher“ le Fitheb déjà enterré, même si on continue d’organiser quelque chose qui en réalité ne reflète pas les ambitions premières de l’événement.
Dans l’un ou l’autre cas, dans moins d’un an, le peuple béninois saura qui fait actuellement une bonne projection, entre les organisateurs de la renaissance et ceux-là qui se méfient des beaux discours qui ont repris. Loin des théories, le déroulement du Festival 2014, la 12ème édition, est le seul moyen pour juger les uns et les autres. C’est la seule occasion capable de fournir les preuves palpables pour parler d’un Fitheb rénové, restructuré et rayonnant, ou d’un Fitheb qui prend de l’âge dans le séjour des festivals défunts.