L’hyper-président dans le rôle de boulanger : Robert Dossou à la trappe, à qui le tour demain ?

Tel un couperet, la nouvelle qui circulait dans les cénacles politiques depuis un certain temps  est tombée à la veille du dernier weekend du mois de Mai, presqu’à la tombée de la nuit du jeudi dernier.

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« Dossou a été éjecté de la cour ! Le matin déjà, une certaine presse avait d’abord essayé de brouiller les pistes par la publication des noms connus. Simple diversion qui fait partie intégrante de la stratégie de l’hyper président, dont malheureusement la presse se fait complice.

« Dossou K.O. », «  Yayi éjecte Dossou », « Cour constitutionnelle : Dossou dehors », tels sont quelques uns des titres phares qu’on peut lire au lendemain de la nomination par le chef de l’Etat de « ses représentants » à la cour constitutionnelle. Illustration parfaite de la propension des Béninois à  se réjouir du malheur des autres et à le célébrer. Et tout le monde d’ajouter la petite phrase assassine qu’on entend trop souvent, quand quelqu’un qu’on n’aime pas est éprouvé : « c’est bien fait pour lui ! » Pour le commun des Béninois, c’est  Dossou seul qui endosse la responsabilité de  toutes ces décisions impopulaires prononcées par la Haute cour, comme l’aval donné à une Lepi que personne n’a vue et  ce fameux  K.O. de bien triste mémoire.  Et le président Yayi qui est le produit de deux cultures féodales très prégnantes dans notre environnement (nago et bariba( ?) connaît parfaitement notre tendance commune à la nécrophilie (amour des morts) traduction du culte  voué à nos morts. Cependant, les  sociologues et autres anthropologues devraient pouvoir nous dire si les effets pervers de cette nécrophilie n’ont pas induit paradoxalement chez nous au Bénin  une sorte de nécrophagie (la consommation des morts : nous aimons voir mourir nos ennemis). Parce que cette sorte  de délectation que nos compatriotes éprouvent quand quelqu’un tombe de haut et meurt s’apparente à une certaine forme de nécrophagie. En jetant Robert Dossou en pâture à nos bas instincts nécrophages, l’hyper président a atteint les sommets du machiavélisme : le peuple veut la tête de Dossou, il la lui donne. L’hyper- président, tel un boulanger mélange  à ceux du peuple, ses ressentiments personnels envers un » fidèle » dont le  côté donneur de leçons et phraseur l’agace énormément. Mai lui, ne s’arrête pas à ces considérations sentimentales !

Tenez, Dossou n’a rien fait , depuis qu’il préside la Cour, pour attirer la sympathie de ses compatriotes et Yayi le sait ! De tous les présidents de  cour constitutionnelle qui se sont succédé depuis la mise en place de l’institution en 1993, Dossou est celui qui bat tous les records d’impopularité. Il a déjà battu celui de la transhumance politique depuis les années 70, à l’instar de ce conseiller à la présidence bien connu. Il est aussi  sans conteste, celui qui ne répugne pas à s’exprimer en public, à temps et surtout à contretemps, pour s’expliquer et vitupérer ceux qui critiquent la cour. Sans convaincre malheureusement! Aucun autre président n’avait jamais agi de la sorte. Ni la trop discrète Mme Pognon. Ni la pourtant truculente Mme Ouinsou que ses étudiants d’une certaine époque adorent. Durant tous les cinq ans du mandat de l’actuelle Cour, on n’a vu que Robert Dossou et presque jamais les autres membres pourtant signataires de toutes les décisions impopulaires injustement attribuées à Robert Dossou. Et les médias n’y ont pas peu contribué par ces titres évocateurs : « la cour de Dossou a encore cassé…» ou  cette autre manchette de notre journal , « le vrai visage de Robert Dossou » qui a vu notre journal injustement  suspendu par la Haac, à la veille du scrutin d’ avril 2011.Parce que Robert est Robert et pas Théodore. Il adore parler,  quand la plupart de nos compatriotes préfèrent se taire et ne jamais dire ce qu’ils pensent. Cependant,  Robert quoi qu’on dise,  est  un excellent praticien du droit , parmi les meilleurs que compte notre pays mais qui a le malheur d’avoir du bagout, une qualité qui est ,chez lui, son plus grand défaut. Déformation professionnelle chez cet avocat brillant au verbe haut qui a le complexe(de supériorité) de ceux qui ont une longue expérience de la pratique et de l’enseignement du droit et qui tiennent à le faire savoir, envers et contre tous. Robert est tout le contraire d’un homme zélé, pourtant c’est l’impression qu’il a donnée de lui ces cinq dernières années. Car , Robert est un militant politique qui souffre énormément du complexe du politicien qui n’a pas réussi à atteindre les sommets et qui est contraint par les circonstances qu’impose l’arithmétique politique électorale de notre pays  à diriger par procuration. Et c’est ce côté militant parfois zélé qui le rend si détestable aux yeux de la plupart de nos compatriotes. Mais c’est  cette détestation d’un homme au demeurant inoffensif quoique envahissant qui fait que nous passons à côté de l’essentiel qui est dans le choix de ceux qui arrivent après Dossou. Et c’est là  où nous sommes amené à constater qu’une fois de plus, Yayi , en sautant Dossou,  a  réussi à rouler tout le monde dans la farine.              

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Car l’essentiel n’est pas dans le départ de Robert Dossou, puisque la majorité des membres de la cour précédente ont été miraculeusement repêchés par le bureau de l’Assemblée,  à la surprise générale, après un tour de passe passe dont les caciques de la mouvance Fcbe et leurs affidés ont le secret. Et cette majorité-parfaitement inoffensives aux yeux de l’hyper-président va se joindre aux trois membres nouvellement désignés qui sont de parfaits inconnus. Suprême injure pour Robert qui a une très haute opinion de l’institution qu’il dirige !Le président Yayi n’en a cure ! Pourtant, la loi fondamentale est claire comme l’eau de roche quant au choix de ceux qui doivent siéger à la Cour. Le deuxième alinéa de l’article 115, stipule que « pour être membre de la Cour constitutionnelle, outre la condition de compétence professionnelle, il faut être d’une grande probité. »Nous sommes neuf millions de Béninois ; les magistrats , juristes et personnalités de grande réputation ne sont pas légions dans le pays mais ils existent depuis toujours  et on les connaît. La question qui se pose est celle-ci : quel dessein anime le président Yayi et le conduit toujours à privilégier des gens que personne ne connaît de réputation. Ya t-il eu une enquête sur l’expérience professionnelle et la moralité de chacun des nouveaux membres de la cour désignés par le président de la république et l’Assemblée Nationale ? Et pourquoi donc ce dévolu jeté sur un magistrat qui n’a que 13 ans d’expérience au lieu des 15 requis et qui plus est,  venait d’être désigné comme président du tribunal de première instance de Cotonou, la veille ? Si ce n’est que pour avoir des sages de la cour plus ou moins  malléables et corvéables à merci ,pour assouvir ses desseins machiavéliques de révision opportuniste de la constitution, le prochain président de la Cour est déjà averti  que rien  n’est joué d’avance et que la partie sera rude! Alors , à qui le tour ? Celui du nouveau président qui n’aura pas donné son aval à cette révision constitutionnelle vers laquelle le président-boulanger court depuis le scrutin d’avril 2011 ?

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