Le Parti du renouveau démocratique (Prd) est en train de passer sa plus catastrophique législature depuis 1990. Sorti des élections législatives dernières avec neuf députés, le parti n’en possède officiellement plus que sept, après le départ d’Atao Hinnouho et les clarifications de Jonas Gbènamèto.
Un coup dur pour un parti qui a pris ses distances vis-à-vis de l’Un juste pour garder son identité. L’honorable Jonas Gbènamèto vient de donner un coup de grâce à la crise de légitimité qui secoue le Prd en sourdine. Samedi dernier à Djèffa, lors de la création de son nouveau parti, il a déclaré n’avoir jamais été un militant du Prd et que son élection comme député et son appartenance au groupe parlementaire Prd, ne sont que les résultats d’une collaboration dans le cadre de l’Union fait la Nation. Bien qu’il n’a pas encore démissionné du groupe parlementaire Prd, cette clarification amène à se poser maintes questions sur l’état actuel de ce parti.
Tout calcul bien fait, le Prd ne possède plus que sept députés, puisque Atao Hinnouho avait rompu ses amarres avec ce parti. Il s’agit des députés Akotègnon, Ahouanvoébla, Ahlonsou, Adantinnon, Sanni Glèlè, Honfo et Zinsou. Des sept, on peut aussi en dire un peu sur les engagements actuels et le militantisme des uns et des autres, mais là n’est pas le problème.
Le parti enregistre ainsi sa plus piètre performance depuis 1995, l’année où le parti a eu son meilleur score qui lui a permis d’avoir 17 députés. Mais depuis, le parti court vainement derrière cette performance. Entre temps, il y a eu évidemment la création du Madep et bien d’autres. Onze, dix et puis neuf, à chaque élection, le parti descend aux enfers. Mais les responsables eux ne semblent pas trop s’en inquiéter.
Affaibli par l’Un
La question ici est de savoir pourquoi ceci n’arrive qu’au Prd ? Le seul parti à avoir perdu deux députés au cours de cette même législature, et ce n’est pas seulement ça. Lors de la législature passée, Isidore Gnonlonfoun avait lâché brutalement le parti.
Selon nos investigations, tous ceux qui ont quitté le Prd n’ont jamais été militants du parti. Tous, ou presque, ont été cooptés par des mouvements qui les ont imposés au parti. Gnonlonfoun a été positionné sur la liste Prd à cause de l’accord entre son parti le Prs et le Prd. Ataou aurait été imposé par les structures horizontales du parti. Gbènamèto, qui clame curieusement n’avoir jamais appartenu au Prd, après avoir été membre de son groupe parlementaire depuis plus de deux ans, a été imposé au Président Houngbédji par les alliés de l’Un. Au nom donc de quoi, ils ont pu être positionnés sur la liste au détriment des militants du parti, qui souffrent depuis plus de 20 ans.
En plus des mauvais choix de positionnement, le Prd souffre aussi d’une autre maladie. Il s’agit de sa sortie de l’Un. Cet acte solitaire a rendu le parti trop vulnérable. En effet, si le Prd n’était pas sorti de l’Un, peut être que Gbènamèto n’aurait jamais quitté le groupe parlementaire, et personne n’aurait su qu’il n’est pas membre du Prd. La preuve, tous ces deux députés qui ont quitté le Prd, se sont rapprochés de l’Un.
On pourrait même se demander si ce ne sont pas là les représailles des membres de l’Un pour les punir, ceux du Prd, de leur départ de l’Union au nom d’une hypothétique identité. Avec cette situation, le Prd partira aux prochaines élections communales très affaibli, et son leader devra travailler dur pour que le parti retrouve ses lettres de noblesse.