Damien Tokoudagba, fils du célèbre peintre et sculpteur béninois Cyprien Togoudagba, de regrettée mémoire, poursuit l’œuvre de son père.
Un artiste ne meurt jamais dit-on. Et souvent, c’est de par les œuvres de l’esprit qu’il reste éternel. Mais, au-delà de ceci, le célèbre plasticien béninois Cyprien Tokoudagba continue de peindre de nouveaux tableaux, est-on tenté d’affirmer. Un de ses 14 «rejetons» a en effet pris son relais. Damien Tokoudagba, 32 ans, c’est de lui qu’il s’agit. L’exposition «Génération intense», qui se tient depuis le jeudi 30 mai 2013 à la maison rouge de Cotonou, a permis de sortir une fois encore, ce fils de l’illustre disparu, de son coin d’Abomey, GbèconHounli. Et de faire une lumière sur ses œuvres. Lesquelles œuvres sont inspirées du style de son père, seulement que le jeune plasticien y met quelques touches particulières pour affirmer lui aussi sa propre identité artistique.
Damien Tokoudagba s’essayait déjà aux arts plastiques du vivant de son père, et ce, depuis son enfance. «Je ne suis pas excellent dans les différentes disciplines à l’école. Mais quand il s’agissait de dessin, je suis bon ; j’accompagnais mon père pendant les week-ends, surtout quand il a des commandes.» nous raconte-t-il en langue national fon, ce jeudi lors du vernissage de ladite exposition. Bien qu’étant si brillant en dessin à l’école, le jeune écolier, à l’époque, a très tôt pris conscience d’une grande différence entre les dessins de classe et les exercices auxquels son père le soumettait à la maison. «Après avoir remarqué ma main, mon père a commencé par me donner des conseils», confie Damien. Il poursuit : «Mon père travaillait sur l’histoire d’Abomey et sur le vodoun. Il me dit que je ne suis pas tenu d’avoir les mêmes sources d’inspirations que lui, mais si je dois le faire, il faut que je sois d’abord initié au vodoun. Et qu’il me faut assez de recherches et d’argent pour intéresser mes interlocuteurs.». Tout ceci, le jeune Tokoudagba s’est engagé pour et s’est initié au vodounZomadonou, de sa lignée familiale, il y a 22 ans déjà aujourd’hui. «C’est dès ce moment, informe-t-il, que mon père a pris la décision de me révéler des secrets et de me dire quelques pans de l’histoire des vodouns». Ce n’était juste que ce qu’il pouvait révéler. Il est revenu au fils, alors, d’entreprendre ses recherches. Car, explique-t-il, «on ne raconte pas n’importe quoi sur toile».
Entre mémoire et argent
Au-delà de la satisfaction qu’il trouvait dans la récolte de ses recherches, Damien sera plus motivé par la vente de quelques uns de ses tableaux qui attiraient des touristes clients du père. «Quand ils viennent, je sors aussi mes tableaux, en même temps que ceux de mon père. J’ai commencé par vendre aussi. Et j’ai eu le goût du métier depuis 18 ans.» Raconte l’artiste.
Aujourd’hui, Damien Tokoudagba travaille sur le vodoun, le Fa, les phénomènes de la nature, les collectivités, les adeptes de différentes divinités, etc. Il fait des bas-reliefs, de la peinture, du dessin et des tableaux. Ses œuvres, aujourd’hui, portent des traits identitaires qui rappellent la mémoire de son père. «J’ai pris la résolution de sauvegarder sa ligne.» A travers Damien Tokoudagba, des gens continuent d’avoir des nouvelles œuvres du père Tokoudagba. Sur commande parfois, nous confie-t-il, il réalise à des clients, la copie exacte de certaines œuvres de son père, que la famille a décidé de conserver pour la mémoire. Mais cette-fois-ci, avec la signature, Damien Tokoudagba.
Toutefois, les œuvres sorties des inspirations du fils, sont à dominance fond bleu-ciel, à la différence de son père qui utile le blanc et le noir. Damien justifie son choix. «J’ai remarqué que c’étaient plus mes tableaux sur fond bleu que prenaient les tourismes quand ils venaient chez mon père.» Tiré aussi par le besoin de vendre des tableaux pour vivre de son art, seul métier qu’il pratique aujourd’hui, Damien Tokoudagba évolue plus avec cette spécialité de couleur.
Notons que Damien à une sœur ainée, 39 ans, qui, elle, est modeleuse et peintre.