Ce mercredi 5 juin 2013, sera décerné au Président français François Hollande, le Prix Houphouët-Boigny de la Paix, en reconnaissance de son action au service de la paix au Mali, notamment en ayant initié l’Opération Serval qui a permis à l’Armée Française de libérer le territoire malien de l’emprise des terroristes qui menaçaient l’intégrité de l’Etat.
Bien que la remise de ce prix soit une consécration pour l’œuvre pacificatrice du Président français, c’est aussi une manière de mettre en exergue l’incapacité des Etats africains à sécuriser leurs territoires, étant obligés de faire appel à une puissance étrangère pour assurer la sécurité et garantir le maintien de la paix dans des territoires livrées à une forte menace terroriste, avec Al Qaïda & Co. Quand l’Homme de Paix vient de l’étranger…
François Hollande, Chevalier de la Légion Africaine !
C’est peut-être le lieu et l’occasion de « faire l’histoire à l’envers » ! En général, c’est en métropole que l’on décerne certaines décorations hors de contexte, pour des hommes et femmes qui se sont illustrés dans leur acculturation, pour avoir rendu d’appréciables services à la Nation française.
Alors, la République reconnaissante leur attribue une décoration de circonstance, la Légion d’Honneur, réservée en temps normal aux citoyens français, mais avec exception pour les étrangers qui se sont battus pour et aux côtés du peuple français, dans telle ou telle autre cause.
L’Histoire à l’envers, c’est à plusieurs titres :
1) Il a fallu attendre l’intervention de l’ancienne puissance métropolitaine, afin de « libérer » un Etat indépendant des attaques perpétrées par des groupes terroristes qui menaçaient son intégrité territoriale.
2) Cette intervention a été d’un tel succès que l’étranger est accueilli en libérateur, partout où il passe, et peut désormais se comporter comme « chez soi », pour hauts faits d’armes. Car, c’est le sang de ses soldats qui a été versé pour la libération de ce territoire.
3) Mieux, en plus de se sentir complètement chez soi, pour toutes les actions appréciables qu’il a eu à mener, voilà que l’étranger s’en trouve consacré par un prix, celui de l’Homme de Paix, décerné par ceux-là mêmes qui se sont illustrés par leur incapacité et leur faiblesse à faire face efficacement à la menace, les Africains en l’occurrence.
Et l’Afrique « fait son machin » !
Les artistes n’ont pas le monopole de cette expression. Les dirigeants africains l’ont déjà adoptée.
Ainsi donc, le Président français, après avoir été reçu avec les honneurs dus au « libérateur » par le Mali, est maintenant consacré en « l’Homme de la Paix » par les autres Africains, un grand Chevalier de la Légion Africaine.
L’on se souvient encore de son discours lors du sommet du Cinquantenaire de l’Union Africaine, où le grand Chevalier de la Légion Africaine s’adressait à « ses nouveaux amis » en ses termes : « Je vous invite tous (chez moi) à Paris… pour un grand sommet sur la sécurité en Afrique (votre territoire) » !
Malgré les quelques voix discordantes qui se sont élevées pour dénoncer cette « attitude néo-colonisatrice et hautaine » du Président français, nombreux sont les dirigeants africains qui ont salué l’initiative, conscients qu’ils étaient de leur incapacité à faire face à la menace terroriste qui a jeté son dévolu sur le continent, une terre accessible et propice à toutes leurs activités criminelles.
Evidemment, dans un sursaut d’honneur, il fallait donner « une réponse à l’africaine » à la proposition du « frère François » !
Ainsi, les Etats africains ont décidé de créer et d’entretenir une force africaine de paix… Dès qu’ils seront capables de s’entendre sur son commandement, et auront mis à disposition les moyens colossaux que nécessite une telle entreprise.
Nous savons bien que cette initiative est encore à l’étape de la « décision », et que pour atteindre l’étape de la concrétisation, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts, et le temps aura passé. Et ce sera un autre « machin » africain qui aurait « failli naître… »
La vergogne africaine !
Cependant, il est possible de trouver des circonstances atténuantes à cette vergogne. En effet, la géopolitique africaine est construite sur une concurrence, exacerbée par les intérêts étrangers, entre plusieurs grandes nations qui se disputent le leadership : Nigéria, Sénégal, Côte-d’Ivoire, en Afrique de l’Ouest, Afrique du Sud, Kenya, Ouganda, en Afrique australe, Congo, Cameroun et Tchad en Afrique centrale ; quant au Nord, le Maghreb est résolument tourné vers la Méditerranée…
Or, ce ne sont pas les moyens qui manquent, et le Tchad l’a bien démontré en participant activement à la libération du Mali, aux côtés de la France. C’est juste un problème d’entente, un consensus entre les Africains pour défendre ce qu’ils ont pourtant de plus cher, leur sécurité, donc leur liberté.
C’est une honte que ce soit vers l’étranger qu’on soit obligé de se tourner, pour sécuriser et construire l’Afrique, pendant que les concernés eux-mêmes passent leur temps à se battre pour une hypothétique place de leader, le premier sur la ligne du front…
Pourquoi les Etats africains préfèrent-ils « se battre pour des galettes » alors qu’il y a tant de richesses à protéger, à sécuriser par nous-mêmes, afin de pouvoir mieux les gérer et les redistribuer ? C’est vraiment une honte… Une grande vergogne africaine !
Et le grand Chevalier de la Légion Etrangère, africaine, Saint François de la Libération, ne s’est pas gêné pour assurer cet intérim, chaleureusement et avec grand intérêt !
Bien entendu, le « frère François » n’allait quand même pas continuer à mobiliser toutes ses ressources militaires, et financières, à raison d’un million d’euros par jour, pendant que d’autres ne pensent qu’à faire ripaille et s’adonner à des beuveries, même si c’est sous le couvert de célébrations républicaines pour « un cinquantenaire de rien du tout » !