Son charisme et sa personnalité ont tôt fait d’éclipser les raisons politiques de son élection. Pourtant l’élection de Théodore Holo à la tête de la Cour Constitutionnelle n’a rien de fortuit. Il est le couronnement d’un vieux projet, conclu de vieille date par Yayi et son nouveau « joker ».
Il en voulait et le voilà qui l’a. Le maroquin de la Cour Constitutionnelle est tombé hier dans les mains de Théodore Holo, aux termes d’une élection dont on raconte qu’elle a été la moins disputée de l’histoire de l’institution. Dans un lot de sept sages, où son expérience professionnelle et sa notoriété supplantent celles de ses collègues, Holo - un des plus brillants constitutionnalistes de notre pays - par surcroît membre de la Commission de la rédaction de la constitution du 11 décembre 1990, passe pour une icône à ne pas laisser sur le carreau. Il est donc élu Président de la Cour Constitutionnelle, et investi d’une mission très sensible, celle de gérer le contentieux de l’élection présidentielle en 2016, et d’en proclamer les résultats. Et c’est là qu’il devient intéressant pour beaucoup d’hommes politiques qui ambitionnent de briguer la magistrature suprême. C’est dire donc que, bien qu’elle soit applaudie par maints observateurs de la vie politique nationale, qui reconnaissent les mérites de l’homme, cette élection de Holo a forcement une influence politique. Selon les indiscrétions, Yayi a bien pesé de tout son poids dans cette élection. Pour maîtriser la Cour et son futur, il a réussi l’exploit inouï d’avoir une emprise sur les sept membres, en réussissant à coincer Nago à l’Assemblée Nationale. La Cour contrôlée, il ne lui restait qu’à imposer son Président. Holo était depuis toujours le choix de Yayi. On se rappelle qu’il y a des mois, Théodore Holo avait rencontré à plusieurs reprises le Chef de l’Etat, pour lui faire part de ses propositions pour « simplifier » le processus de traduction et de condamnation des membres du gouvernement devant la Haute Cour de Justice. Pour y parvenir, avait-il dit à la sortie d’une audience au cabinet présidentiel, « il faut vite réviser la constitution ». Cette proposition tombe à pic, surtout pour Yayi qui rêvait de cette aubaine pour glisser ses subtiles ambitions. Holo est donc le candidat de Yayi. Celui qui a les mêmes ambitions que lui. Et bien qu’il soit un ancien baron de la Rb, son élection n’est pas forcement une bonne affaire pour la Rb, encore moins pour Nago qui ambitionnait de contrôler cette nouvelle Cour Constitutionnelle.