Dans une déclaration rendue publique dans la soirée d’hier jeudi et parvenue à notre rédaction ,le Front pour la sauvegarde des acquis de la conférence nationale du professeur Robert Antoine Détchénou , s’insurge contre l’immixtion répétée de l’Exécutif dans le Pouvoir judiciaire.
Une immixtion qu’illustre parfaitement la grève de trois semaines observée par les magistrats .Il appelle le président Yayi à plus de respect de la loi fondamentale de notre pays.
Déclaration du 10 juillet 2013
Le Front Citoyen pour la Sauvegarde des Acquis Démocratiques a tenu sa réunion mensuelle le mercredi 10 Juillet 2013. Il a procédé à un large tour d'horizon de l'actualité sociale, économique et politique de notre pays, et s'est particulièrement intéressé à la situation qui prévaut dans le secteur de la Justice et qui se caractérise ainsi:
1. La paralysie de la Justice béninoise provoquée non seulement par des dysfonctionnements générés par une gestion du personnel non conforme au statut de la magistrature, mais aussi et surtout par des immixtions du pouvoir exécutif pour influencer, corrompre notre Justice, pour la déstabiliser, ce qui a conduit au mouvement légitime de grève des magistrats auquel le Front n'a pas hésité à accorder son soutien.
2. Des interprétations préoccupantes et contestables des textes et décisions de justice relatives à la liberté de certains justiciables qui sont sous main de Justice. En effet en dépit de l'arrêt de la Chambre d'Accusation de la Cour d’Appel entérinant des non-lieux quant au fond (non lieu dans affaire tentative d’empoisonnement et tentative de prétendu coup d’état), et ordonnant en conséquence la mise en liberté des personnes en détention préventive, les intéressés sont toujours en détention.
L’illustration éloquente de cette situation est le cas de Vodonon Désiré, maintenu en détention à cause du seul acharnement du chef de l'exécutif. Ainsi, depuis son accession au pouvoir, monsieur Yayi Boni, n'a cessé de piétiner la Justice et empêcher l'application des décisions de justice.
Qu'on se rappelle sa décision de ne pas mettre en exécution un déguerpissement ordonné par la justice.
Qu'on se rappelle son rejet de la décision de la Cour Suprême dans l'affaire de la Fédération Sportive de Football et celui plus récent au sujet des élections consulaires.
Oui, depuis son arrivée au pouvoir, monsieur Yayi n'a cessé de violer les décisions des instances judicaires: Cour Suprême, Cour Constitutionnelle, tribunaux ordinaires, portant ainsi gravement atteinte aux articles 125 et 126 de notre Constitution.
Paradoxe! Ce Président qui veut procéder à une révision de la Constitution, et qui prétend offrir au Pays la Constitution idéale garantissant les libertés s'est illustré par des violations constantes de la Constitution. Quelle crédibilité accorder à un homme qui propose quelque chose à laquelle lui-même ne croît pas?
Ainsi par ces violations répétées qui relèvent du parjure, Monsieur Yayi Boni nous a souvent démontré le peu de cas qu'il fait du texte constitutionnel. Messie descendu du Ciel, il veut régenter le Pays à sa guise en transformant les Béninois en véritables crétins et pantins aptes seulement à louer leur Seigneur Yayi Boni.
Face à cette grave situation, le Front Citoyen veut lancer un cri d’alarme et encore une fois sonner le réveil citoyen pour dire non à ces atteintes qui tuent la démocratie. Il exige du Président de la République:
- qu’il respecte notre constitution dans sa lettre et dans son esprit.
- qu’il cesse ses immixtions répétées et intolérables dans le domaine propre à la justice ;
- qu’il laisse aux magistrats le plein exercice de toutes leurs prérogatives en ne posant aucun obstacle à la mise en liberté de tous les prévenus ordonnée par la justice tout particulièrement concernant monsieur Vodonon.
Le Président de la République doit savoir que le Peuple béninois, comme tous les peuples civilisés ou barbares, ne peut accepter plus longtemps d’être mis en résidence surveillée. Il est temps que le Président comprenne que s’il persévère dans son attitude de mépris vis-à-vis d’une très large fraction de ce Peuple, celle-ci, en son temps prendra ses responsabilités. Le temps viendra, il est déjà venu où ce peuple saura, pour sa survie, s’occuper de lui-même.
Le Président du Front
Antoine Robert DETCHENOU