Burkina Faso : le Sénat précipite le débat sur la succession de Compaoré

Au Burkina-Faso, c’est le branle-bas général au sein des composantes de la société burkinabè.  Après les marches et contre marches de l’opposition, du  pouvoir et des travailleurs, l’Eglise catholique se positionne.

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En l’espace de trois semaines, des démonstrations  ont été faites, qui pour fustiger l’instauration d’un Sénat, qui en  faveur de la paix, et une dernière fraction contre la vie chère. Mais, dans le fond, les trois ont un dénominateur commun. Dans le viseur, les élections de 2015 et la succession de l’actuel locataire de Kossiam.

2015 est encore loin, mais déjà la bataille politique est ouverte et n’épargne aucun secteur de la vie publique. Après l’opposition qui a annoncé les couleurs, dans sa première sortie officielle, sous l’impulsion de son chef de file, Zéphirin Diabré, en fustigeant l’instauration d’un Sénat qui, selon les opposants est une tentative pour modifier l’article 37 et imposer une énième candidature de l’actuel Président. Mais, la réponse ne s’est pas fait attendre, le pouvoir, dans une marche annoncée  en faveur de la paix, a vite fait de prendre l’allure d’une contre marche. Au cours de cette marche, les responsables  de la mouvance ont saisi l’occasion pour répondre à l’opposition et réaffirmer leur détermination à respecter la Constitution, qui a prévu le Sénat.

Dans cette cacophonie, les travailleurs, dans une sortie prévue contre la  vie chère, ont semé le doute, par la voix de leur premier responsable, en s’interrogeant sur celui qui pourrait succéder au Président Blaise Compaoré qui, selon la Constitution de 1992, ne peut se représenter au terme de son mandat actuel. Dans la foulée, l’Eglise catholique s’est prononcée, en affichant son opposition à la mise en place d’un Sénat, dans le contexte actuel du pays.  Cette nouvelle donne ouvre un autre front, car si le discours du patron des syndicats sème déjà  le doute, on s’interroge sur la position de la communauté musulmane, qui ne se porte pas trop bien, et dont la voix n’est plus unie depuis la mort de son président, Oumarou Kanazoé. 

Mobilisation comme arme

A trois ans de la fin du dernier mandat constitutionnel de Blaise Compaoré, le débat s’enfle et les interrogations se succèdent. Pour les défenseurs du Sénat, qui affichent désormais leurs intentions en faveur de la modification de la Constitution et d’un nouveau mandat pour le président actuel, il n’y pas encore un candidat sérieux, capable de garantir la stabilité et la paix au pays, dans le contexte actuel. Mais, dans les rangs des opposants au Sénat, le parti au pouvoir dont est issu Blaise Compaoré a peur de l’après-Congrès pour le Démocratie et le Progrès (CDP), car ce serait la fin d’un système assis sur l’affairisme et le clientélisme. Les dernières élections municipales et législatives ont annoncé les couleurs.

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Dans l’opposition, on se prépare et on affiche sa détermination à faire barrage à l’instauration du Sénat. Dans leur majorité, les opposants à cette deuxième chambre évoquent le coût élevé de son fonctionnement, qui pourrait être affecté au secteur social et à la lutte contre la vie chère. Pour les observateurs, le caractère prompt de la marche de l’opposition, et l’affluence qu’elle a drainée, montre la volonté du peuple de prendre ses responsabilités. Même si, du côté du pouvoir, on minimise la réaction de la rue et croit en la machine du parti au pouvoir. La donne qui pourrait bouleverser les choses, est la position des travailleurs et de la communauté musulmane. Mais, dans tous les cas de figure, la mobilisation reste l’arme de tous les camps, et personne ne peut présager de la fin. Car, selon Macky Sall, le Président sénégalais, «Les institutions et la démocratie dépendent des réalités de chaque pays». C’était  le 22 juillet dernier, lors de sa visite à Burkina Faso.

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