La campagne cotonnière 2013-2014 risque d’être un grand échec. Après des bricolages qui ne lui ont certainement pas trop marché, le gouvernement a fini par comprendre que cette campagne ne pourra pas être une réussite. Et pour éviter d’être attaqué à l’heure du bilan, le gouvernement anticipe sur les critiques et prépare l’opinion publique à accepter l’échec.
Une malédiction frappe la filière coton. Depuis l’année dernière, elle n’arrive plus à sortir la tête de l’eau. Le gouvernement se décarcasse pour régler un problème, et après c’est un autre qui vient au dernier moment, et patatras, tout se gâte et il faut reprendre les choses à zéro. Il n’y a pas si longtemps que le gouvernement a claironné sur ses exploits à mobiliser les intrants et à les mettre en place, à organiser les producteurs et impliquer davantage les encadreurs. A maintes reprises, on a vu le ministre de l’Agriculture, Sabaï Katé, et le Directeur général de la Sonapra, Idrissou Bako, rassurer les populations et surtout les producteurs, sur la disponibilité en quantité suffisante d’intrants pour la campagne.
On a aussi vu le Chef de l’Etat au port de Cotonou, se vanter des prouesses de cette filière qui aurait permis à l’Etat de faire des économies de plusieurs milliards. Puis subitement, le communiqué du Conseil des ministres du samedi dernier, nous fait tomber des nues. Le diagnostic qui est fait sur la filière est assez inquiétant. «De la synthèse des comptes-rendus présentés par les Chefs des délégations ministérielles, il ressort que d’importants problèmes minent encore le bon déroulement de la campagne agricole 2013-2014 en cours. Il s’agit, entre autres, de la baisse de la pluviométrie ayant créé par endroits des poches de sécheresse, s’étendant parfois à plus de 20 jours dans certaines localités ; de la mise en place tardive des intrants, en l’occurrence ceux destinés aux vivriers ; du retard de paiement des frais de fonctions critiques, tant aux producteurs qu’aux agents d’encadrement, créant ainsi de la démotivation chez ces acteurs ; de la variation ou de l’augmentation fantaisiste des prix de cession des produits de traitement et des semences ; de l’indisponibilité des GPS rendant impossible l’évaluation fiable des superficies emblavées, faussant de ce fait les statistiques ; l’indisponibilité des appareils de traitement ; le non-paiement des transporteurs ; le faible taux de germination des semences ; l’absence d’infrastructures de stockage».
Tout ceci devrait étonner tout Béninois qui a suivi avec attention l’évolution des choses depuis des années. Car, en parlant ainsi, on pouvait se demander à quelle structure incombent toutes ses responsabilités. Tout se passe comme si l’Etat était incapable de gérer cette filière, alors qu’il y investit des moyens colossaux. Les ministres et les cadres en charge du dossier, ont toujours fait économie de vérité et ont caché la vraie information. Et, au regard de ce diagnostic inquiétant, il y a à craindre que cette campagne ne puisse pas porter tout l’espoir placé en lui, et on risque même d’aller en dessous des 240.000 tonnes obtenus cette année. Décidément, la succession de Talon est difficile à assumer pour le gouvernement.
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