Entretien de Boni Yayi du 1er août 2012 : la Cour constitutionnelle met la Haac face à ses responsabilités

Bientôt un an que l’émission télévisée dénommée «A cœur ouvert, le Président parle au peuple béninois» a été diffusée sur les chaines de télévision béninoises. Mais, elle n’a pas fini de produire des effets. 

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Dans sa dernière décision, Dcc 13-071, rendue le 11 juillet dernier, la Cour Constitutionnelle s’est déclarée incompétente pour se prononcer sur l’un des points d’une requête enregistrée à son Secrétariat le 07 août 2012 sous le numéro 1408/114/REC. Une requête à travers laquelle le citoyen Serge Roberto Prince Agbodjan demandait à la Cour, d’une part, de déclarer contraire à la Constitution, en son article 35, le fait pour le Directeur de la Télévision Nationale d’avoir autorisé «sans traitement professionnel et déontologique», le 02 août 2012, la rediffusion de l’émission ci-dessus citée. Il s’agit de cette émission où, on se rappelle comme si c’était hier, le Chef de l’Etat a laissé entendre des propos tels que : «je leur opposerai les miens du Bénin profond, et ils vont s’affronter» ; ou encore, «je peux leur faire mal ces petits-là qui m’insultent tous les matins».

En considérant que la requête numéro 1408/114/REC tendait à lui faire apprécier, à certains endroits, les manquements par le Directeur de la Télévision Nationale aux règles professionnelles et déontologiques régissant les médias, la Cour Constitutionnelle a simplement déclaré qu’une telle appréciation ne relevait pas de son domaine de compétence.

En se déclarant ainsi incompétente, la Cour Constitutionnelle vient, d’une certaine façon, de jeter la balle dans le camp de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (Haac), qui est l’organe de régulation constitutionnellement investi de cette mission. D’autant plus que l’alinéa 2 de l’article 142 de la Constitution du 11 décembre 1990 stipule que la Haac «veille au respect de la déontologie en matière d’information», il apparait aujourd’hui important que la Haac saisisse cette balle au vol. Si ce cas du 1er août pourrait être considéré comme passé, elle doit prendre des mesures préventives pour l’avenir. Et ce, pour que désormais, les professionnels des medias aient des attitudes plus professionnelles et déontologiques dans le traitement d’éventuelles déclarations similaires à celles du président de la République. Encore que, d’autre part, dans sa décision Dcc 13-071, la Cour a reconnu, certains propos du Chef de l’Etat, contraires aux dispositions de l’article 36 de la Loi n° 90-32 du 11 décembre 1990, portant Constitution de la République du Bénin.

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