La solution au ‘’kpayo’’ n’est pas la reconversion des contrebandiers

Invités autour du débat sur le kpayo, jeudi dernier sur la chaîne de télévision privée Canal 3, Dieudonné Lokossou, Henri Assogba et Ernest Gbaguidi, ont dénoncé la stratégie de lutte du gouvernement et pensent que la solution au problème du kpayo est autre que la reconversion.

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Sept mois après le début de la lutte contre l’essence de contrebande communément appelée ‘’kpayo’’, rien n’a bougé. La stratégie du Gouvernement pour endiguer le phénomène a montré ses limites et le «bébé de plus de trente ans» a toujours les seins dans la bouche. Et, lors d’une récente rencontre avec les revendeurs du produit, le Chef de l’Etat a proposé une nouvelle approche de lutte : la reconversion des contrebandiers dans l’agriculture avec un chèque de 50 milliards et un ultimatum de 5 mois. Cette nouvelle approche  est-elle la bonne ? C’est l’une des questions autour desquelles le débat du jeudi dernier sur Canal 3 a eu lieu.

Et sur cette question, Dieudonné Lokossou, pétrolier et ancien Secrétaire général du syndicat de la Sonacop, Henri Assogba, Sg de l’association des vendeurs de kpayo, et Ernest Gbaguidi, président de l’association Bénin Santé et suivi du consommateur, sont unanimes que «non», et qu’il faut une nouvelle approche.

Selon le Sg Lokossou, le kpayo est un phénomène national et la lutte ne saurait se centrer sur le Sud. Si c’est l’aspect régionaliste qui retient l’attention de l’ancien Sg Syntra-Sonacop, c’est plutôt la couverture du territoire national en stations, et le coût du carburant sur le marché formel, qui intéressent Ernest Gbaguidi. «La couverture du territoire, même à Cotonou, n’est pas assurée», a déploré le président Gbaguidi qui a fait l’amer constat de ce que, «depuis le début de la lutte, l’Etat n’a construit aucune station». Pour le défenseur du consommateur béninois, pour qui les 50 milliards prévus pour la reconversion sont comme de l’argent jeté dans un puits, «les consommateurs sont prêts aujourd’hui à accompagner les vendeurs de kpayo, pour boycotter cette lutte» qui leur est préjudiciable. Du même avis, Henri Assogba pense que la reconversion des revendeurs est une utopie. «Est-ce que c’est dans la vallée de l’Ouémé que nous allons tous travailler la terre ?», s’est interrogé le contrebandier pour qui, d’ailleurs, tous les 52000 revendeurs ne sauraient être reconvertis à l’agriculture. Encore que la promesse faite aux conducteurs de taxi-moto connus sous l’appellation de ‘’zémidjan’’ est loin d’être réalisée.

Lire : Comment le délestage favorise la vente du ‘’kpayo’’

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L’argent et la reconversion promise semblent peu convaincants, que faut-il donc pour chanter le requiem du ‘’kpayo’’? «Subventionner le pétrole et construire des stations», propose le Sg Assogba qui dit ne pas se reconnaître, avec ses collègues revendeurs, dans les propos du sieur Oloyè, le «transporteur» qui a parlé en leur nom lors de la rencontre avec le Chef de l’Etat. Ce point de vue est partagé par Ernest Gbaguidi, mais pas par le Sg Lokossou, pour qui l’Etat,  à travers la Sonacop, ne peut pas couvrir tout le territoire, et cela pour des raisons de rentabilité.

Toute somme faite, il reste encore beaucoup de détails à régler pour l’éradication du kpayo. Le délai de 5 mois accordé par le Chef de l’Etat, qui «ne reculera pas», suffira-t-il ? Wait and see.

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