«Le milliard culturel n’est pas géré par l’administration … mais les artistes» Jean Pierre Hountin Kiki

 

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Reçu dans l’émission «Sociétal» sur Radio Planète mercredi dernier, c’est un autre son de cloche qu’a donné l’ex-président du Conseil d’administration du Bubedra, Président en exercice de la Fédération des associations de musiciens traditionnels du Bénin et expert au Fonds d’aide à la culture, Jean-Pierre Hountin Kiki, sur la gestion du milliard culturel.

Jean-Pierre Hountin Kiki réfute, et ce, de manière catégorique, toutes les allégations selon lesquelles la gestion du Fonds d’aide à la culturel est l’œuvre entière de la Direction dudit fonds. Aux dires de l’expert au Fonds d’aide à la culture, la gestion de cet appui financier de l’Etat béninois, au profit des artistes, est en réalité encore assurée par ces artistes eux-mêmes. Il s’est expliqué, mercredi dernier sur Radio Planète, dans l’émission «Sociétal» où il a été reçu par le journaliste Happy Sylvestre Goudou, Président du Réseau des journalistes et animateurs culturels du Bénin (Rejac).

«Le milliard culturel n’est pas géré par l’administration», affirme Jean-Pierre Hountin-Kiki, Président en exercice de la Fédération des associations de musiciens traditionnels du Bénin. Il justifie son point de vue par l’exemple de la composition du Conseil d’administration du Fonds d’aide à la culture qui, explique-t-il, est l’instance de décision de la structure. «Ce sont des artistes qui, par catégorie professionnelle, sont désignés pour un Conseil d’administration qui rend toutes les décisions.» Argumente-t-il. «Ce sont les artistes qui sont au sein du Conseil, qui prennent toutes les décisions.» Conclut l’invité de l’émission. Et c’est à ce niveau que, d’après ses déclarations, il ne comprend pas les lamentations des artistes. Lesquelles lamentations seraient dues à une supposée mauvaise gestion du fonds. «S’ils ne sont pas satisfaits, ils doivent interpeler leur représentant, sinon on va penser que c’est l’administration ou quelqu’un d’autre qui gère le fonds.»

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Des plaintes légitimes mais…

Même si le fonds est géré par les professionnels des arts et de la culture, réunis au sein du Conseil d’administration, ceux qui émettent ces plaintes ont quelque peu raison de le faire. Quelque part, il y a une sorte de paradoxe. C’est-à-dire que, comment dans ce monde concurrentiel, des artistes peuvent avoir entièrement la charge de décider de l’octroi ou non de fonds à leur collègue, surtout quand on fait allusion à la «béninoiserie» et au «moi» qui caractérisent le Béninois. «Au Bénin, la haine est plus forte que l’amour» soutient souvent l’expert Jean-Pierre Hountin-Kiki, pour qualifier les relations entre artistes, d’une part, et entre les associations et fédérations culturelles, d’autre part.

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Il a reconnu, dans cette émission, que les questions électorales peuvent aussi jouer sur l’appréciation donnée par certains artistes administrateurs sur les dossiers de leurs pairs. «C’est l’être humain», dira Jean-Pierre Hountin-Kiki. Toutefois, il précise qu’au nom de la conscience professionnelle et de leur responsabilité, les administrateurs doivent surpasser ses questions et apprécier, de façon honnête et avec objectivité, chaque dossier. En tout cas le Président confie qu’il n’a pas encore enregistré de tels cas dans le rang des musiciens traditionnels, le domaine qu’il maîtrise plus.

Aussi, à ses dires, ces considérations humaines auraient-elles de faibles répercutions sur la décision finale, si répercutions il y a effectivement.  Car, chaque dossier est en effet étudié, d’abord par les experts. «Au fonds d’aide à la culture, il y a trois experts par catégorie professionnelle, qui sont chargés d’étudier les dossiers d’abord. Des experts répartis sur l’ensemble du territoire national.» Informe Jean-Pierre Hountin-Kiki. C’est le quotient moyen de leur note, ajoutée à celle de l’administrateur, divisée par deux, qui donne la note du dossier étudié. Et c’est après cet exercice, sur chaque dossier, qu’il y a délibération, suivant la classification générale. C’est dire donc, selon l’expert, que, même si certaines plaintes sont légitimes, il a plus de raisons d’être rassurant et convaincu de la fiabilité du travail qui est fait. Lequel travail est plus basé sur la qualité du projet, sur l’objectivité et le réalisme, que sur les considérations humaines.

Et à ce niveau, certains plaignants sont la cause de leur malheur. D’après les arguments de l’expert, c’est qu’il y a, par exemple, des postulants qui ne sont pas certes connus, mais, pour leur premier coup d’essai, présentent un bon travail ; et ils ont le fonds. Par contre, d’autres se laissent aller à l’autosuffisance, à l’égoïsme, vue leur côte de popularité déjà. «Oui je suis artiste, tout le monde me connaît, donc on doit me donner le fonds», se vantent certains, selon des propos rapportés par Jean-Pierre Hountin-Kiki. «Alors que si le nouvel album ou le projet soumis n’est pas de bonne qualité, on ne finance pas», confie-t-il. Il ajoute : «Et là on pense que les administrateurs sont contre soi.» 

«…Ce n’est pas la gestion du milliard qui pose problème»

Mais en réalité, pour Jean-Pierre Hountin-Kiki, les plaintes ne sont pas dues à la gestion du fonds. «Ce n’est pas la gestion du milliard qui pose problème, c’est la demande.» C’est-à-dire, explique-t-il, qu’il y a plus de demandes que de disponibilités financières. Si on n’augmente pas le milliard, trouve-t-il, les gens vont toujours se plaindre.

D’un autre côté, c’est dû à la misère dans le rang des bénéficiaires de ce milliard culturel. «Parce que c’est le monde de misère, il y a trop de misère dans le monde des artistes. Et aussi, tout le monde est devenu subitement artiste.» Dénonce-t-il, pour conclure.

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