Le Temps des Peuples !

Ce Jeudi 4 juillet, les peuples ont encore fait entendre leur voix, avec la destitution du Président égyptien Morsi. Cette nouvelle «Dynamique de la Rue», nous donne l’occasion, après le printemps arabe qui n’est pas si loin, de conceptualiser des évènements politiques qui semblaient ne reposer sur aucune logique générale

Publicité

, mais qui, considérés ensemble, nous donnent un certain fil conducteur pour réfléchir autour d’un «Fait politique récurrent», suivant un Schéma Directeur à définir pour nos analyses futures. Quand les peuples reprennent leurs destins en mains, cela dépasse le seul cadre égyptien ou arabe. C’est une dynamique globale dont voici les inputs…

Un schéma commun pour un «Fait politique récurrent» !

Les politistes ont souvent tendance à attendre que les évènements épars prennent d’abord une certaine profondeur, avant de s’attarder sur eux, afin de leur trouver une logique de conceptualisation. Or, certains évènements peuvent constituer par eux-mêmes des faits politiques évidents, surtout quand on leur trouve une référence antérieure, point de départ de l’analyse, et des éléments indiscutables comme vecteurs et manifestations.

C’est dans ce cadre que nous nous intéressons à la mini-crise qui a secoué l’Egypte ces dernières semaines. Une mini-crise avec des conséquences majeures.

Contrairement à ce qui fut observé en Tunisie, la vitesse de propagation de cette crise a été fulgurante, car les germes de la contestation étaient déjà présents bien avant elle, et remontent donc à la présidence de Moubarak.

Publicité

Nous pouvons alors définir notre premier input, élément essentiel de notre Schéma Directeur du Temps des Peuples : la Contestation !

C’est un input qui est généralement accompagné d’une mobilisation efficace, pour avoir de l’effet. S’il y a contestation mais que celle-ci n’a pas vocation à se transformer en Révolution, à faire changer les choses, cela n’aura aucun effet politique, dans le sens où nous l’entendons, c’est-à-dire bouleverser le destin de tout un peuple et marquer l’Histoire d’une Nation.

C’est donc la mobilisation, l’organisation professionnelle de la Contestation, qui donne toute sa force à celle-ci, engendrant la Révolution. Et c’est ce qui s’est passé en Egypte, et précédemment en Tunisie. Le peuple a fait basculer les choses, en réussissant à «faire destituer» un Président, fût-il démocratiquement élu !

Mais d’où vient cette Contestation, et qu’est-ce qui lui donne toute sa force revendicative ? Il s’agit alors pour nous de remonter aux origines de toute crise, pour aller y chercher les détonateurs et les étincelles qui mettent le feu à la poudrière…

Aux origines de la Contestation, misère et injustice !

Les romains nous ont enseignés que, lorsque le Peuple a son pain quotidien et ses jeux périodiques, Rome peut continuer à tourner rond. Du pain et des Jeux pour le Populos, et le tour est joué !

L’on dirait aujourd’hui, en ajoutant une nouvelle donne à cette équation basique, maintenant qu’il n’y a plus d’esclaves à asservir, ni de gladiateurs à faire tuer, que les jeux sont désormais remplacés par la Paix. Du Pain et la Paix !

En clair, si les conditions économiques suffisantes sont mises en place pour assurer le bien-être quotidien du Peuple, en offrant des perspectives d’évolution aux citoyens, par l’entreprise, l’emploi – et la participation – alors l’on peut être sûr que les temps de la Contestation peuvent être repoussés, et le régime pourra jouir d’une relative stabilité, pendant longtemps…

Pas indéfiniment, car la vie n’est jamais à l’abri de turbulences, passagères ou durables. Et la longévité de tout régime se mesurera à sa capacité à surmonter ces turbulences ou à éviter leur survenance.

Par conséquent, c’est la Gouvernance, c’est-à-dire la manière de conduire, avec Justice et Equité, ou non, les affaires de la Cité, qui permet aux dirigeants de durer au Pouvoir, et d’éviter de connaître le même sort qu’un Morsi.

Pour asseoir notre Schéma Directeur, après ces premiers développements, nous pouvons donc affirmer que les combustibles et les comburants de la Contestation, puis de la mobilisation populaire, résident dans les éléments suivants :

  1. Une situation économique préoccupante ou catastrophique ;
  2. Des perspectives incertaines pour les citoyens, du fait du chômage ou de la crise économique ;
  3. La Contestation face à des problèmes de Gouvernance : brimades, atteintes aux libertés citoyennes et aux Droits de l’Homme ;
  4. La Mobilisation générale pour manifester un Désir de Changement… Car les situations ci-dessus évoquées sont vécues par une majorité de citoyens, qui «en ont eu marre» !

Cependant, il ne faudrait pas occulter le fait que combustibles et comburants, aussi puissants soient-ils, ne suffisent pas à eux seuls. Il faut une étincelle, un détonateur pour embraser l’Atmosphère ainsi chargée. Il peut s’agir de l’appel de leaders pour organiser la Contestation et la transformer en mobilisation révolutionnaire…

Il peut s’agir également d’un évènement précis, par exemple une certaine loi rejetée par le Peuple souverain, malgré son adoption par une certaine frange, même légitimement.

Après les éléments en amont, il convient d’aborder les éléments en aval, les domaines de définition de la mobilisation, les vrais acteurs de la Contestation, lorsqu’elle s’est déjà muée en Mobilisation.

Les acteurs du Changement !

Dans cet ordre d’idées, nous avons :

  1. les Partis et les groupes politiques ;
  2. une Société Civile constituée ;
  3. les Médias ;
  4. et de manière résiduelle l’Armée, dans les pays où ce grand corps de l’Etat joue un puissant rôle de temporisateur et de garant de la laïcité de la République, come en Egypte, comme en Turquie…

Ainsi, pour que la Contestation «mobilisée» puisse aboutir au Changement souhaité par le Peuple souverain, il faut : (1) que la Parole puisse être contrôlée (les Partis) ; (2) que les Idées du changement soient disponibles pour nourrir la Contestation (la Société Civile) ; (3) et que des canaux existent pour véhiculer et diffuser ces idées (Médias, surtout la Presse Ecrite et la Télévision, sans oublier les nouveaux médias comme Internet)…

Quant aux Forces de Sécurité, elles sont là pour canaliser le Peuple, pour éviter des débordements qui desserviraient encore plus la Contestation, lui enlevant toute valeur.

La destination de toute Contestation, c’est le Changement souhaité : un changement de régime, un changement de constitution, ou un changement de République. En somme, une «Refondation du vivre ensemble» !

Mais, il faut comprendre que ce n’est généralement qu’une accalmie, puis une nouvelle légitimation populaire, en attendant la prochaine Contestation, lorsque les conditions de l’Equilibre se seraient détériorées et auraient généré un nouveau Chaos.

C’est un fait, bon nombre d’armées européennes ne sont pas prêtes à se lancer dans un conflit à haute intensité. Aujourd’hui, le manque de moyen se fait cruellement ressentir. Entre armement lourd et munitions, certains pays sont même dans des situations pour le moins très complexes… De plus en plus… Lire la suite

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité