Lutte contre la piraterie : le «m’as-tu vu» continue

« Si ces pirates ne sont pas fatigués, nous ne le serons pas non plus. Nous allons les traquer dans leur dernier retranchement jusqu’à ce qu’ils abandonnent ce sale métier qui ruine nos artistes».

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De telles sommations paternalistes et compatissantes, Dieu seul, et les têtes qui, jusqu’à l’heure actuelle, se sont succédées à la Direction du Bureau béninois des droits d’auteur et droits voisins, de même qu’au directorat de la Commission nationale de lutte contre la piraterie, savent combien de fois, elles ont été lancées avec des battages médiatiques. 

Il n’est qu’un secret de polichinelle pour tous, que les phraseurs qui se succèdent à la tête de certaines institutions béninoises, ont pour coutume d’user de formules toutes faites, à l’image de cette sommation redondante. A ce sport de maintien, dont la discipline favorite est la saisie médiatisée de productions discographiques piratées, les Béninois sont habitués. Il n’y a donc rien de nouveau sous le soleil.

 Face à un mal aussi hautement préjudiciable aux rossignols béninois, et dont les auteurs ne tarissent guère d’imagination, les structures étatiques de lutte contre la piraterie ont fait l’option d’un remède qui n’a prouvé que son inefficacité. On se rappelle encore comme si c’était hier, de  l’opération «Guantanamo» annoncée et entamée à grand renfort médiatique, qui a été rapidement phagocytée par la nébuleuse de la piraterie.

La piraterie se modernise, se perfectionne et se développe. Mais, semble-t-il, les organismes anti-pirateries sont allergiques à l’innovation dans le système de lutte. Si, l’éradiquer ou du moins la freiner, est vraiment le souci des responsables de ces structures, elles doivent se mettre en phase avec le mal, pour mieux le combattre.  Le système de lutte basée sur des sorties sporadiques, aux allures du «m’as-tu vu chef ? Je travaille»,  est dépassé. Au lieu de passer le temps à attendre une taupe qui, pour raison de querelles intestines entre pirates, viendrait leur vendre la mèche, elles doivent, à l’image des drones de surveillance que certaines puissances militaires utilisent, organiser des individus chargés d’être actifs, en permanence, sur le front de la lutte anti-piraterie d’œuvres de l’esprit.  Quand on a, dit-on, bien posé le diagnostic, alors il n’y a qu’à appliquer le traitement adéquat, mais aussi en vogue, pour retrouver la pleine santé. Le mal de la piraterie, contre lequel les laborantins de ces structures de veille sont employés à débarrasser leurs administrés, les auteurs d’œuvres de l’esprit, semble leur filler entre les mains. Et puisque, sous les tropiques le ridicule ne tue pas, Ils peuvent toujours continuer à distraire l’opinion publique, avec les images de leur sport favori, la sortie sporadique dans les marchés de Cotonou et environs. La facture des sorties sera assurée par l’Etat. C’est la règle ici. C’est le système béninois, chantera Adjigan international.

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