Mémoire du Dahomey : Il y a 51 ans, le Ballet national sacré champion du monde

 

Publicité

A la faveur d’une conférence publique samedi dernier à l’Institut français du Bénin (Ifb) à Cotonou, le Groupe Spl (Agence culturelle) a replongé les Béninois dans le souvenir de l’excellence du Ballet national du Dahomey en 1962, où la troupe fût 1er pays non-européen sacré Champion du monde, au Théâtre des Nations organisé à Paris.

6 juillet 1962. Une date historique dans la promotion et la valorisation de la culture et du génie béninois à l’international. Samedi dernier, 6 juillet 2013, le Groupe Spl amène le peuple béninois à remonter 51 ans en arrière, pour revivre les moments où le patrimoine culturel immatériel dahoméen a été sous les feux de rampes dans le monde entier. «L’épopée triomphale de notre théâtre national», précise Gratien Ahouanmènou, promoteur de Spl qui est une agence culturelle. Cette visite de la mémoire a été faite à travers une conférence publique qui s’est déroulée à l’auditorium de l’Institut français du Bénin. Et ce, en présence de professeurs, hommes de culture et hommes de scène de ce pays. 

Pour mémoire, rappelle Gratien Ahouanmènou, l’initiateur de la rencontre, le Dahomey, aujourd’hui Bénin, était retenu en 1962 pour représenter l’Afrique au Théâtre  des Nations. Une sorte de Mondial du théâtre organisé de 1957 à 1968 à Paris, sous l’égide de l’Unesco. Chaque édition dure deux mois. Conformément aux traditions de la compétition, l’Afrique était représentée à chaque édition par un seul pays. Et ce fût cette année 1962, que ce continent a pu s’offrir la première place, grâce à la brillante participation du Dahomey. Le Dahomey qui décroche le premier prix dénommé Challenge du Théâtre des Nations. Signalons que ce trophée, jusqu’en 1962, n’a jamais été encore décerné à une nation non-européenne.

Cette victoire, informe Gratien Ahouanmènou, est due à l’authenticité, à l’originalité et au brio du spectacle présenté à l’occasion. Lequel spectacle a été conçu par une équipe de 100 artistes sélectionnés sur toute l’étendue du territoire national, sous la conduite d’une direction artistique dirigée par Maître Flavien Campbell, assisté d’Albert Botbel. A l’encadrement, il y avait Pascal Abikanlou, Augustin Yekedo, Paulette Gangbo, Honoré Agossou et Prosper Wen Orou.

Publicité

Témoignages et regrets

Après le retour sur histoire et sur les images de cette brillante sortie du Danhomey, beaucoup s’étonnent et regrettent de ce que le professeur Jean-Pliya qualifie d’«incurie théâtrale au Bénin», qui s’observe aujourd’hui dans ce pays qui a été champion du monde. «Depuis 1962, il n’y a plus eu un Théâtre national au Bénin», regrette le professeur qui était à l’époque le Directeur de cabinet du ministre de l’Education, Michel Ahouanmènou. L’autorité ministérielle dont, d’après les témoignages, le leadership a beaucoup contribué à ce succès dahoméen. Ce succès qui a inspiré beaucoup de personnes, dont le professeur Jean Pliya. A l’en croire, c’est de cette inspiration qu’il a écrit, confie-t-il, les livres «La secrétaire particulière» et «Kondo le requin». Cette incurie, qu’il mentionne, est qualifiée, entre autres, par la disparition de certaines valeurs du patrimoine culturel. Pour histoire, le Ballet national a effectué le voyage sur Paris avec plusieurs tableaux de danse du Dahomey, qui malheureusement aujourd’hui se meurent. C’est le cas du Agbéhoun ou l’acrobatie du bambou. «Il y a 51 ans, nous éblouissions le monde avec ce spectacle qui disparait aujourd’hui», regrette Gratien Ahouanmènou.    

Leçons et espoir

Au-delà du partage de ce merveilleux souvenir, c’est des leçons à tirer. C’est le départ de la célébration de tous ceux qui ont contribué à forger la culture du Bénin, à écrire l’histoire du pays, soutient le Professeur Adrien Houannou. C’est aussi l’invitation à la Renaissance, dira le Professeur Jean Pliya. La Renaissance pour remonter à nouveau les marches et retrouver cette gloire perdue. Mais, une renaissance qui doit se fonder sur le patriotisme des filles et fils du Bénin. Car, aux dires du Professeur Bienvenu Akoha, c’est aussi ce qui manque aujourd’hui. Et au Professeur Pliya de renchérir, «Homme de culture, patriote, nationaliste, le ministre brûlait de la flamme de montrer le génie du Dahomey. C’est ça qui nous permet de célébrer ce que nous fêtons aujourd’hui.»

Cette Renaissance, selon le Professeur Adrien Houannou, dépend aussi du positionnement des uns et des autres, selon leur qualification professionnelle. Car, comme leçon, il retient: «On ne fait bien que ce qu’on a appris à faire.» Et pour preuve ! «Maître Flavien Campbell, Directeur du Ballet national, fait partie de cette génération de Dahoméens bien formés ; c’est un homme de théâtre qui avait déjà dirigé plusieurs centres culturels».

Tout ceci est encore possible, espère le Professeur Akoha. Pour lui, il suffit de s’armer de courage et d’humilité, et d’aller à l’école des parents. Et le flambeau sera repris.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité