Pas de vacances pour les valeurs

Voici venu le temps heureux des vacances. C’est toujours une belle parenthèse dans le cours mouvementé de nos jours et de nos nuits. Le repos, de ce point de vue, est légitime. Mais il est des structures et des institutions qui ne peuvent se reposer. Nommons d’emblée et sans détour le Ministère de la Réforme administrative et institutionnelle (MRAI).

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Ce Ministère a un tableau de bord des plus chargés. Il a mission de nous faire partager les valeurs contenues dans la Charte nationale pour la gouvernance du développement du Bénin. Quelles sont-elles ? L’amour, la préservation de la vie, le sens élevé de responsabilité, la justice, la fraternité, la solidarité, la vérité, la dignité, l’intégrité, la liberté, la paix, l’abnégation, l’audace, le travail et l’excellence.

C’est clair, avec un cahier des charges aussi bien garni, le MRAI n’est pas logé à la même enseigne que tout le monde. Il ne peut se permettre de rêver ou de penser vacances. Oui, le ministre Martial Sounton a du pain sur la planche. Un grave déficit de valeurs affecte notre société. Mention spéciale pour la jeunesse dans cette dérive. Le MRAI, sous ce rapport, doit s’obliger à aider les jeunes béninois à se construire une conscience morale et éthique exemplaire. Quoi faisant ?

Lire : Dépolitisation de l’administration publique béninoise : Le MRAI donne l’exemple

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Nous lui proposons de mettre en place un observatoire des vacances. Un tel outil aidera à informer les jeunes pendant cette période de repos. Un tel outil aidera également à suivre nos jeunes pendant les vacances, traquant ici et là toutes les mauvaises manières d’être et de se comporter. Ceci sous l’angle des valeurs contenues dans la Charte nationale pour la gouvernance du développement. Mais pourquoi les jeunes et plus spécifiquement pendant les vacances ?

Les jeunes constituent la frange la plus importante de la population de notre pays. Accordons à cette majorité ses droits et ne lui marchandons pas nos devoirs à son endroit. Le Bénin de demain sera dans les mains des jeunes d’aujourd’hui. Aussi méritent-ils d’être outillés pour s’accomplir au mieux. Aussi sont-ils en droit d’obtenir davantage pour conduire au mieux les destinées de leur pays.

Pour nombre de nos jeunes, les vacances sont synonymes   d’ »oisiveté » que la sagesse des nations tient pour la mère de tous les vices. Ne s’occupant plus de tâches scolaires, on se croit autoriser à s’occuper comme l’on peut. Et il est rare que l’on s’en prive. L’on ne se rend compte que plus tard qu’on a franchi toutes les frontières du raisonnable. L’on ne réalise que plus tard qu’on s’est permis d’aller bien au-delà du tolérable. La morale est mise en pièces. L’éthique est mise en bouillie.

Face à quoi, l’observatoire que nous proposons, pour suivre et instruire les jeunes en vacances, doit se doter de deux yeux.  L’un et l’autre regardent des directions différentes. Mais l’un et l’autre se rejoignent et se confondent. Ils convergent, en effet, à travers l’idéal défendu et illustré, ne visant ainsi qu’un seul et même objectif. Deux tableaux à explorer. Mais les mêmes effets bénéfiques à chercher et à trouver pour la seule et même jeunesse.

Le premier œil, dirigé sur un premier tableau met en valeur   l’information sur les valeurs. Il s’agit de solliciter les capacités d’écoute de la jeunesse, de capter l’attention et l’intérêt de celle-ci et de lui proposer un idéal  de vie ou un idéal à vivre, loin d’une actualité polluée et pourrie qui bruit de fric-frac et de micmacs. L’instruction civique et morale ne s’enseigne pas seulement dans les salles de classes et pendant l’année scolaire. C’est en retrouvant aussi une place au cœur des vacances de nos jeunes que l’instruction civique et morale acquiert un caractère permanent et le statut d’une compagne de vie.

Le deuxième œil, dirigé sur un second tableau, participe de la traque de toutes les contre-valeurs qui limitent ou rétrécissent l’horizon de nos jeunes en vacances. Ces contre-valeurs poussent comme herbes folles de saisons de pluies. Elles ont comme lieux d’élection privilégiés nos maisons, les places publiques, les cybercafés, les plages, les buvettes et autres boîtes de nuit. Un peu comme l’œil de la conscience qui poursuivait, de jour et de nuit, Caïn, l’assassin de son frère Abel, le MRAI doit se porter partout pour rappeler et interpeller. Avec la patience des Malinké qui enseignent ce qui suit : « Petit à petit le coton devient pagne ».

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