Persécution du juge Angelo Houssou : son avocat, Me Alain Orounla, dénonce son assignation en «résidence surveillée»

Depuis le 17 mai où il a rendu ses ordonnances de non-lieu sur les affaires «tentatives d’empoisonnement  et de coup d’Etat», le juge Angelo Houssou fait l’objet d’une persécution inouïe. A la maison, au bureau ou en voiture, il est épié et importuné.

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Las de le voir vivre cette situation, un de ses avocats, Me Alain Orounla, a dénoncé hier une mise en «résidence surveillée» et appelle l’opinion nationale et internationale à témoin.

53 jours de misère et de persécution. C’est ce qu’a vécu le magistrat Angelo Houssou, depuis le 17 mai où, dans l’exercice de ses fonctions de juge d’instruction du 6è cabinet, il a rendu deux ordonnances de non-lieu sur les affaires «tentatives d’empoisonnement et de coup d’Etat», dans lesquelles le Chef de l’Etat est le plaignant. Depuis ce jour, sa vie a basculé dans les affres.

Hier, au cours de la conférence de presse qu’il a donnée en son domicile sis au Pk 10, aux encablures de l’Université Houdégbé, Me Alain Orounla dénonce les persécutions que vit son client.  «Je suis l’un des avocats du juge Angelo Houssou, qui est tombé dans  un traquenard après avoir rendu la décision le 17 mai dernier», dit-il pour planter le décor. Il raconte comment il a été interpelé ce jour-là à la frontière de Kraké, conduit à la Direction de la Police où il a été auditionné et reconduit, après avoir été bousculé et molesté. Et comment, depuis le 18 mai, soit le lendemain de son interpellation, il vit en état de siège avec des policiers et des militaires (une dizaine) qui assiègent sa maison à Agla. Sept agents environ, poursuit-il, dorment chez lui,  le suivent jusqu’aux toilettes, contrôlent ses visites, écoutent ses conversations, et rendent compte à leurs supérieurs. Et quand on les interpelle de décliner leurs identités, ils s’y opposent, demandant à leurs interlocuteurs de s’adresser au Commissaire central de Cotonou, au Directeur général de la Police Nationale ou au Chef d’Etat-major, les mêmes qui ont fait arrêter le juge dans la nuit du 17 mai.

Inquiétude

Dès le 20 mai, raconte toujours Me Orounla, il a écrit au ministre de la Justice pour en savoir un peu plus sur cette mesure ultra sécuritaire autour de lui. On lui a servi que c’est pour sa sécurité. Ce dont en doute l’avocat, qui  affirme que son client n’a pas demandé à être si «protégé». Et ce qui renforce ses soupçons, c’est le fait que les juges de la Chambre d’accusation, qui ont confirmé, à quelques exceptions près, les deux ordonnances de non-lieu, ne bénéficient pas de la même protection, si tant est que le gouvernement est soucieux de le protéger contre ceux qui n’auraient pas apprécié sa décision. Qui plus est, dénonce-t-il au passage, deux des militaires qui assiègent la maison du juge, ont été identifiés comme des éléments de la Garde présidentielle. En procédant ainsi, ils commettent des actes de violation de domicile et de séquestration, qui sont des infractions pénales sanctionnées par la loi.

L’inquiétude de l’avocat, dans ces conditions, c’est qu’il craint le pire pour le juge Houssou. «Je me charge d’alerter l’opinion publique nationale et internationale sur cette situation qui l’inquiète plus que ne le sécurise. Ses gens violent son intimité (…) Et il craint de faire l’objet d’une bavure.» A-t-il déclaré au nom de son client. Enfin, il plaide pour que les autorités l’écoutent, afin que ces mesures sécuritaires soient prises en accord avec son client, et qu’il ait la possibilité de connaître l’identité des hommes chargés de le protéger, et le pouvoir de communiquer avec eux.

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