Voici la nouvelle campagne du gouvernement. Après celle, en 2010, de la Lépi à tout prix, pour l’élection présidentielle, le pouvoir ruse sur un tableau similaire, celui de la révision forcée. Comme l’autre fois, les mêmes acteurs sont revenus à la charge.
Et dans une campagne brouillonne, tapageuse et ennuyeuse, ils revendiquent la révision pour une «Constitution de développement»…
Zélateurs, griots mal inspirés, ministres soucieux de leur maintien au gouvernement, barons Fcbe en quête de prébendes gouvernementales, députés-liges… Tous ont repris du service depuis quelques jours. La révision de la Constitution oblige. C’est en fait la nouvelle filière qui devrait occuper, pendant des jours encore, les partisans du Chef de l’Etat. Depuis plus de deux semaines, on les voit un peu partout faire des déclarations de soutien à la révision ou même des marches. Comme c’est le cas chaque fois quand le Chef de l’Etat donne son quitus, ses partisans s’organisent, commune par commune, pour faire des déclarations ou des marches de soutien pour la révision. Sans attendre que le texte soit à l‘étude en Commission des lois, sans consulter aucun parti politique, sans lancer de façon sincère une vulgarisation sur les modifications proposées par les différentes commissions mises en place par le Chef de l’Etat lui-même, ses partisans sont lancés sur le terrain pour exiger la révision de la Constitution.
La médiocrité des déclarations et le caractère peu sérieux des séances, amènent à réfléchir sur cette campagne. Il suffit de mobiliser les gens dans une salle, de faire lire une déclaration de soutien par l’un d’eux, et de leur demander s’ils veulent la révision de la Constitution. Tous répondent en cœur «Oui ». Tout se passe comme s’ils attendaient l’accord donné par les populations des villes et hameaux du Bénin. A Kandi, ce week-end, on a vu le ministre de la Famille dans la danse. Au cours de la marche qu’elle a organisée, elle a déclaré qu’il fallait réviser la Constitution pour permettre à notre pays de disposer d’une Constitution de développement.
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A Malanville, le discours est le même. Un jeune homme a déclaré que la Constitution actuelle est trop «politique», et qu’elle ne prend pas bien en compte les préoccupations des populations. Depuis plusieurs semaines, seuls les partisans du Chef de l’Etat sont à l’œuvre. Tous deviennent des constitutionnalistes, sans avoir pris la peine de lire le document envoyé à l’Assemblée Nationale. Tous tiennent les mêmes arguments. Le débat est mené de façon superficielle. Comme pour la Lépi, la nouvelle Constitution sera une «Constitution de développement». Au temps de la campagne, pour soutenir la Lépi, on entendait certains parmi eux dire que la Lépi n’était pas forcément pour la présidentielle de 2011. On ne sera pas surpris de les voir changer de position, une fois encore, sur la révision de la Constitution.
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