Scandales Icc Services et consorts : un parfait complot du gouvernement contre le peuple

Depuis près d’un an déjà, le gouvernement ne communique plus sur l’affaire Icc-services. La présidente du Comité de suivi, qui a entretenu pendant plus de deux ans l’espoir des épargnants, a disparu de la circulation, recouvrant ainsi de mystères cette scabreuse affaire dans laquelle le gouvernement aura joué un rôle éminemment suspect.

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Beaucoup de Béninois ne se rappellent plus de la date de sa dernière sortie médiatique. Depuis près d’un an, la présidente du Comité de suivi, Sévérine Quenum, qui aimait rassurer les épargnants – à chaque fois qu’elle sortait du Cabinet présidentiel ou au cours des conférences de presse qu’elle organisait de temps en temps – a disparu. Sûrement fatiguée de faire les mêmes promesses de remboursement qui ne sont jamais tenues, elle a fini par comprendre que son disque était rayé et qu’il fallait se cacher, pour ne pas aggraver la misère des épargnants. Cette éclipse incompréhensible de la présidente qui feignait d’entretenir un espoir de remboursement, clôture en réalité le dernier épisode de ce qui pourrait être qualifié comme un complot du gouvernement contre le peuple. Le gouvernement a utilisé le Comité de crise, et surtout celui de suivi, pour ensevelir définitivement une affaire gênante. Depuis l’installation de cette structure, jusqu’à l’éclatement du scandale, et même pendant la gestion de la crise, l’Etat a joué un rôle peu clair que nous retraçons ici.

1er round : aider et favoriser l’installation de la société

La société Investissement Consultancy and Coumputering services (Icc- services) a lancé ses activités au Bénin en 2007, soit un an après l’arrivée de Boni Yayi au pouvoir. Avant de commencer à exercer, elle a obtenu un registre de commerce A à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin, avec pour domaines d’intervention : dépôt de fonds, tontine, épargne. Ces éléments n’étaient-ils pas suffisants pour amener le gouvernement à chercher à savoir plus sur la nature des activités menées par cette société ? Les responsables de Icc-services, des chrétiens célestes, avaient travaillé en intelligence avec le gouvernement, et celui-ci n’hésitait pas à soutenir les activités de cette structure.

2è round : fermer les yeux sur les activités de la société

 Autour des années  2008 et surtout 2009, la masse d’argent que brassait cette société a commencé à attirer l’attention des structures financières, comme la Bceao, et surtout des structures financières comme les banques et les institutions de micro-crédits. Après avoir pris connaissance de l’ampleur des activités, il a été demandé au responsable de Icc-services de préparer le dossier pour avoir un agrément, afin de mener dans la légalité ses activités. Les responsables de la société ont préparé et déposé ce dossier, mais jamais ils n’ont pu recevoir d’agrément. La cause : un lobby au Palais de la Marina a empêché la délivrance de cette pièce. La crainte : cette légalisation de leurs activités, va permettre de découvrir les gens insoupçonnables cachés derrière. Toujours est-il que personne n’a empêché Icc-services de mener ses activités. Toutes les structures devant l’interpeler sur cette situation, ont fermé les yeux. Même la Cellule de Surveillance des Structures Financières Décentralisées (Cssfd). Au moment où elle menait ses activités, la sécurité des responsables de Icc-services a été renforcée. En retour, la société sponsorisait les activités de propagande du gouvernement. Allez-y comprendre quelque chose.

3è round : étouffer l’affaire et ne rembourser personne

C’est en juillet 2010 que le scandale éclate. Des semaines avant, la société était incapable de rembourser ses clients. Les soulèvements populaires ont fini par sortir le gouvernement de son mutisme. Par un communiqué, le gouvernement met fin aux activités des structures de placement d’argent, et décide de pendre les choses en main.  Deux comités ont été créés : un Comité de crise et un Comité de suivi. Très tôt le premier – qui a balisé le terrain – a laissé la place au second, dirigé par Me Sévérine Lawson, agent judiciaire du Trésor. Elle est chargée de recenser les spoliés et de les rembourser, au prorata des sous perçus chez les responsables de Icc et des autres structures de placement, le gouvernement ayant affirmé que les fonds publics n’entreront pas dans le remboursement des épargnants.

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Mais, tout ceci n’était qu’un artifice pour montrer la bonne foi du gouvernement qui, en même temps, a travaillé en sourdine pour qu’aucun des épargnants de Icc services ne soit payé. Pour y parvenir, le gouvernement a créé un cafouillage autour de la liste des épargnants. Le premier acte posé dans ce sens, est de favoriser le vandalisme du siège national du groupe à Abomey-Calavi. On se rappelle bien que, quelques jours après l’éclatement de l’affaire,  ce siège a été gardé pendant des jours, par des gendarmes et des militaires. Mais curieusement, un jour, toutes ces Forces de l’Ordre qui gardaient la bâtisse ont disparu. Ce retrait suspect du dispositif sécuritaire, a permis à des badauds et à des épargnants, déçus et vindicatifs, de saccager tout le siège. Dans cet acte de vandalisme barbare, la liste des épargnants en a pâti. Qui a pu donner cet ordre de lever le dispositif de sécurité ? Personne ne le saura. Le deuxième acte est de désorganiser tout le réseau informatique de la société. Sous prétexte d’enquête, les ordinateurs de Guy Akplogan et des responsables de Icc-services ont été fouillés, débranchés et emportés. Selon Me Hervé Gbaguidi, avocat de plusieurs responsables de Icc-services, «le gouvernement ne veut pas que la vraie liste sorte». La preuve, il n’a pu brandir sa liste, après le recensement des épargnants que lui-même a organisé, en grugeant davantage ceux-ci. Et pour cristalliser l’attention des populations sur un autre fautif, il montre du doigt les responsables de Icc-services, qui ont refusé de faire sortir leur liste pour une confrontation. «Comment demander des listes à des gens dont les ordinateurs sont saisis et leur lieu de travail saccagé et les documents volés ?».

La stratégie est claire : pas de liste, pas d’épargnants à rembourser. Selon des sources concordantes, des personnalités politiques, des directeurs de société et d’institutions, ont mis des sommes faramineuses dans cette affaire. Tout vise à cacher les noms et les montants des sommes qu’ils y ont déposées. En 2011, lors de la campagne pour l’élection présidentielle, le Chef de l’Etat a promis, une fois qu’il sera réélu, œuvrer pour faire rembourser les épargnants. Depuis silence radio. Les 1,3 milliards de F Cfa, que la vente des biens des responsables de Icc-services ont généré, ont disparu, comme une fumée dans la nature.  Si tout ceci n’est pas un complot contre le peuple, cela y ressemble bien.

Icc-services : un imbroglio politico-judiciaire

Depuis 2010, Guy Akplogan, Emile Tégbénou, et les autres responsables de Icc-services, sont en détention préventive. Personne ne sait ce qui bloque le juge d’instruction du Premier cabinet, Georges Toumatou, à ne pas rendre son ordonnance de clôture. Selon certaines sources, le juge aurait souhaité écouter des victimes. Or,  selon Me Gbaguidi, on ne peut parler de victime puisque personne n’a porté plainte. Il ajoute que tout ce qui a été fait par le Comité de suivi, l’a été dans l’illégalité, puisqu’il n’y a aucune décision de justice qui condamne ses clients à rembourser les épargnants.  Tout est arbitraire et il dénonce qu’il n’y a aucune volonté politique et judiciaire pour voir ce dossier aboutir.

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