Il n’y a pas beaucoup parmi nous qui ont prêté attention à la succession des évènements politiques autour de nous, ces derniers temps, et aux implications entre les uns et les autres. Tellement, les choses allaient si vite, qu’on avait du mal à les suivre.
A peine finit-on de parler de quelque chose qu’une autre anomalie, qu’un autre scandale ou affaire rocambolesque, éclate et nous occupe. La fréquence des «affaires», la chronologie des faits et la gestion qu’en fait le pouvoir, nous amènent à se demander s’il n’existe pas au sommet de l’Etat une «usine de fabrication de ces scandales», qui fonctionne à plein régime et qui est chargé de produire des «affaires», juste pour occuper les béninois et détourner leur attention des sujets qui pourraient bien les intéresser.
Avant le 06 juin, date à laquelle le Chef de l’Etat a envoyé le projet de révision à l’Assemblée Nationale, le sujet politique le plus préoccupant pour la classe politique et le citoyen béninois était la correction de la Lépi. Mais très tôt, Yayi a réussi à détourner l’attention des Béninois sur la révision qu’il a lancée de façon unilatérale, tapageuse et brouillonne. Combien d’acteurs politiques ou de militants de la Société Civile, combien de citoyens cherchent à savoir comment le processus de la correction de la Lépi est mené ?
Alors que tout le monde s’acharne à lutter contre la révision de la Constitution, la correction de la Lépi est mise en veilleuse. On peut donc se demander si le lancement de cette campagne pour la révision de la Constitution n’est pas fait exprès. En effet, faut-il le rappeler, elle a été lancée à peine un mois après l’installation du bureau du Comité d’orientation et de supervision de la Lépi. C’était pourtant la période où la correction devrait entrer dans sa phase active.
Depuis, tout piétine à la Cos-Lépi. Les installations des Commissions communales de supervision, qui devraient être faites hier et aujourd’hui, ont été annulées sans raison impérieuse. Il faut observer aussi les déclarations faites, ces derniers jours, par certains acteurs du processus. Le président du Cos-Lépi, Sacca Lafia, qui a annoncé qu’il lui faut 13 milliards pour corriger la Lépi, et que les partenaires techniques et financiers pourraient bien mettre les mains à la poche, mais le gouvernement aussi devrait y contribuer. Le Sg du gouvernement l’a presque contredit en affirmant que le gouvernement n’a que deux milliards pour cette correction. Il donne ainsi les prémices de la longue bataille pour le bouclage du financement de cette correction. Tout est fait et dit, exprès pour faire piétiner les choses et ralentir l’échéance de cette correction de la Lépi. Selon les confidences d’une source interne à la Cos-Lépi, le décaissement même des fonds sera bien malaisé. On susurre des blocages politiques, une volonté manifeste d’empêcher la réalisation des activités entrant dans le chantier de la correction.
Il s’agit, selon les mêmes sources, d’un plan de sabotage bien raffiné, dont la finalité est de tout faire pour que la révision de la Constitution passe avant la correction de la Lépi. Yayi joue alors sur deux tableaux. Si la révision ne passait pas, la correction de la Lépi pourrait être très difficile à faire. L’objectif visé par le Chef de l’Etat est de chercher une situation confortable par l’un de ces instruments politiques. Avec la Lépi, il est sûr que celui qui sera son successeur, sera issu de sa coterie politique et pourra l’aider à sauvegarder ses arrières. Avec la révision, si tout marche bien, il pourra être encore candidat, ou à défaut, se taper une sécurité outre-Marina. Dans tous les cas, Yayi joue pour ne pas perdre les deux. Intelligent n’est-ce pas ? Et si la révision de la Constitution n’était qu’un artifice pour ne jamais corriger la Lépi ? Question à méditer.
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