A-t-elle vraiment pris la mesure de ce qui l’attend ?

Une première. Depuis 1957, le ministère de la Jeunesse, des Sports et des Loisirs n’a jamais accueilli à sa tête une dame. Depuis mardi dernier, Noami Azaria Hounhoui a pris pompeusement les rênes de ce ministère. Avec sa crinière ébouriffée, une miniature de celle de l’ancien ministre du Commerce, Marie-Elise Gbèdo, elle semble projeter dans l’inconnu.

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Mais, avant toute chose, je dis bienvenue à l’ex-directrice des ressources humaines du Port Autonome de Cotonou. Et souhaitons qu’elle nous épargne la vilaine habitude que les ministres de Yayi ont, et qui consiste à organiser des messes de remerciement ou encore des prières. «La prière est l’arme des faibles», dit-on. Et je me permets de dire que les messes de remerciement à Yayi sont des aberrations des incompétents. Je n’ose donc pas croire que la nouvelle locataire du ministère des Sports, nanti d’un DESS en Droit des affaires et fiscalité, soit de ce rang. Si c’est le cas, elle ferait mieux de jeter l’éponge avant même que le combat ne commence.

Car, la réjouissance d’après passation de service, et les nombreux va-et-vient interminables des parents et amis, observés au ministère le mardi dernier, doivent vite s’éclipser pour laisser place au travail. Auréolée de ses cinquante deux bougies et de ses trois bouts de choux, Naomi Azaria a atterri dans un marigot d’eaux assez troubles.

Car voilà, cette gracile dame parfois bouillante et brouillonne, a hérité d’un portefeuille qui, ces dernières années, est sous pressions, et où tout le monde marche sur la tête. Sa première mission sera de prouver au peuple béninois, et à Yayi, que ce ministère est aussi fait pour être dirigé par une femme. Ainsi, son travail, son dévouement, son management et ses résultats, prouveront que ce portefeuille ministériel n’est pas le seul apanage des hommes. Elle a pris l’engagement, lors de sa prise de service, de ne pas décevoir les femmes béninoises. Je prends, pour toutes les femmes, acte.

Mais, elle doit avoir les reines solides, car elle semble être jetée en pâture à un  endroit où des défis colossaux l’attendent. Elle doit assainir son ministère, qui est devenu la cour du roi Péto où tout le monde fait sa loi. Elle doit remettre ses cadres au travail, les amener à avoir plus de respect aux usagers de ce ministère. Il faut que chacun fasse son travail au lieu de chercher à bloquer les dossiers de certains. Il faut aussi qu’elle puisse choisir de bons conseillers, afin d’éviter de tomber dans les même travers que son prédécesseur.   

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Elle a à charge vingt-quatre fédérations, dont la majorité est en proie à une crise latente. Le plus gros dossier de l’heure est la situation de déconfiture à la Fédération Béninoise de Football (Fbf). Elle arrive à un moment où les membres à la Fbf ont perdu tout repère moral. Elle aura à gérer des humeurs de gens assez intéressés et guidés par leurs intérêts personnels, et égoïstes. Aussi, doit-elle œuvrer pour la réconciliation de la famille du football, sans parti pris, comme l’a fait son prédécesseur.

A la Fédération Béninoise d’Athlétisme aussi, les choses ne sont plus bien entre le président et ses collaborateurs. Une grave crise couve entre les membres de cette fédération. Pour une somme de cinquante-neuf mille, les membres de la Fédération Béninoise de Rugby ne s’entendent plus et le risque de l’éclatement plane. A la Fédération Béninoise de Basket plus rien ne va. Bref, c’est le quotidien de nos fédérations, et Naomi Azaria aura le temps de s’y familiariser.   

Un autre défi qu’elle doit relever, est celui de la refonte du sport en général. Aura-t-elle l’audace de remettre tout en cause, et reposer les fondations du sport béninois? En tout cas c’est un chantier auquel elle devra se coltiner, pour marquer son passage à la tête de ce ministère.

Et cela suppose, la création d’un cadre institutionnel pour la pratique du sport au Bénin. Cela suppose le vote de la Loi du financement du sport au Bénin, afin de permettre aux entreprises d’investir dans le sport. Cela suppose une restructuration de nos clubs et associations sportives. Cela suppose une restructuration et une réorganisation des centres de formation qui commencent à pulluler à tort et à travers. Cela suppose aussi qu’on accepte de prendre, dans l’immédiat, le temps de nous préparer pour gagner demain, quitte à en perdre, mais sans bricolage. Cela suppose pour tout résumer, que la ministre mette en place une politique claire, ambitieuse et osée du sport.

Autant dire, d’emblée, que son saut dans l’inconnu est une entreprise où la pose de la première pierre semble être, depuis toujours, un vœu pieux. Et j’ai bien peur que sa petite taille ne soit trop vite submergée par les maux qui gangrènent ce ministère. C’est le fond de ma pensée.   

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