Affaire Patrice Talon : les dessous immondes d’un Etat «policier» exposés à Washington

Alors qu’à Cotonou, l’affaire dite d’empoisonnement du Chef de l’Etat commençait à se faire éclipser par une autre – la révision de la Constitution – et les affres de la paupérisation ambiante, c’est à Washington, aux Etats-Unis, que se jouera ces derniers jours, une de ses épisodes. Avec le courrier du député Grayson au Secrétaire d’Etat Kerry, c’est le capital d’estime accordé à la démocratie et l’Etat de droit au Bénin, qui est fortement entamé à l’échelle internationale.

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 Après la justice française où elle a essuyé quelques déboires, l’affaire dit d’empoisonnement s’invite dans le débat politique américain, et de la façon la plus solennelle possible. Un député démocrate de la Floride, nommé Alan Grayson, écrit au Secrétaire d’Etat américain, John Kerry, et se plaint du Bénin qui retient, selon lui, arbitrairement, des innocents et surtout Moudjaïdou Somanou et consorts, dans les fers, alors que deux décisions de justice les ont innocentés. Dans cette lettre, dont Nouvelle Tribune publie ici la copie originale et la version française, le député dénonce l’arbitraire qui règne en maître ici, où seule la volonté du Président de la République surpasse les textes de loi de la République. Le député expose un ensemble de faits qui montrent bien que notre Etat se métamorphose en un Etat policier, où les gens sont maintenus en prison sans raison.

Le député exprime aussi la vacuité du dossier, brandissant la preuve que les enquêtes du Fbi sur la toxicité des produits n’ont rien révélé.  Il relate, avec force détails, les mésaventures du juge instructeur Angelo Houssou qui, après avoir rendu une ordonnance de non-lieu sur cette affaire, s’est vu arrêter lui-même, et mis en résidence surveillée pendant des mois. En clair, le courrier du député américain est un procès en règle contre la démocratie béninoise, et montre les intrigues et les persécutions dont est sujette la Justice béninoise.

Menace sur le Mca

 Mais, le député va plus loin, et invite le Secrétaire d’Etat à tenir compte du respect des Droits de l‘Homme dans l’octroi du second compact du Mca. «Je pense, dit-il,  que de tels cas d’emprisonnement, à l’image de celui que je porte à votre attention aujourd’hui, devraient être pris en considération avant d’accorder de nouveaux fonds, à l’avenir». Et voilà jusqu’où nous conduit cette affaire dite d’empoisonnement, à la perte potentielle d’un des plus grands projets de la coopération entre le Bénin et les Etats-Unis. Le député Grayson éclaire l’opinion politique américaine sur les frasques des dirigeants politiques actuels, qui transforment progressivement le Bénin en un Etat «policier», où les Droits de l’Homme sont foulés au pied, et où la volonté du Président de la République est  au dessus des lois. Tout ceci est fait pour la seule finalité de voir Talon mis au frais.  «A trop vouloir courir derrière le lièvre, on finit par trouver le serpent», dit un  adage béninois.

Benin Kerry Fr by La Nouvelle Tribune

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Benin Kerry Eng by La Nouvelle Tribune

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