Depuis un peu plus d’un an, Célestine Zanou, ancienne Directrice de cabinet de Mathieu Kérékou, revient, sans grand tapage médiatique, au devant de la scène. Elle multiplie les initiatives et les prises de positions. Très critique à l’égard du régime Yayi, les menaces ne manquent pas à son endroit. Mais, elle est résolue à foncer droit devant.
«…Je vous félicite pour votre courage. Il est noble. Mais, vous devez aussi prendre vos responsabilités. C’était juste de mon devoir de vous prévenir. Votre intervention sur Radio T fait assez de mécontents ! Faites attention à vous…» Menace ou avertissement ? Ceci est un extrait du message reçu tôt, dans la matinée d’hier, par Célestine Zanou. Ce message, comme il est évident, est une réaction à la toute dernière sortie médiatique de Célestine Zanou. Jeudi 08 août dernier, la présidente du mouvement Dynamique du Changement pour un Bénin débout est intervenue dans l’émission matinale «La Caravane du Matin», de la station de radio privée, Radio Tokpa. Contactée par l’équipe de présentation de l’émission pour se prononcer sur le thème de l’administration publique au Bénin, l’ancienne Directrice de cabinet du Président Kérékou, reconnue déjà pour ses positions très critiques vis-à-vis du régime Yayi, n’est pas allée du dos de la cuillère pour enfoncer le clou. Pendant une dizaine de minutes d’intervention par téléphone, elle a démontré que, de par ses mauvais choix et ses réformes mal-engagées, Boni Yayi est responsable des dysfonctionnements que connaît le Bénin depuis son arrivée au pouvoir en 2006. En moins de soixante douze heures, son intervention, transcrite et postée sur le site de La Nouvelle Tribune, avait comptabilisé plus de cinq mille lectures.
Café des Leaders, Mercredi rouge, Front citoyen…
Quelques années après la création Dynamique du Changement pour un Bénin Débout, dont on entend de moins en moins parler, même si elle rassure de la bonne santé du mouvement, et sa participation en tant que candidate à l’élection présidentielle de 2006, Célestine Zanou revient au devant de la scène, depuis un peu plus d’un an. Et ce, à travers ses initiatives et ses prises de position. Elle fait partie de ceux-là, qui le 22 mars 2012, aux cotés du professeur Antoine Détchénou, ont créé le Front citoyen pour la Sauvegarde des acquis démocratiques. Elle en a été la Coordonatrice, jusqu’à un passé récent où elle a dû se replier pour des raisons familiales. Constitué de cadres et de personnes-ressources, ce Front s’est donné pour mission un combat : «le combat sans répit, pour l’homme, pour la liberté de l’homme, celle du citoyen béninois, de la citoyenne béninoise.» En 2012, le Front citoyen fait partie des associations, mouvements et autres creusets qui ont fait reculer le Président de la République sur son projet de révision de la Constitution. Fin mars dernier, Célestine Zanou a initié le Café des Leaders, dont le lancement a eu lieu mercredi 27 mars au Bénin Marina hôtel. «Think tank», le Café des Leaders est un creuset de réflexions et de propositions sur les problèmes de développement du Bénin, réunissant des personnalités de différents horizons socioprofessionnels et intellectuels. Le Café est une «initiative qui veut trouver du sens à la chute, et proposer les solutions d’ensemble pour rebondir et contribuer à élever le débat social, économique et politique», à indiqué Zanou lors de la cérémonie de lancement officiel de son initiative. «C’est une force de réflexions et de propositions. On ne dénonce pas pour dénoncer. Notre instrument de travail est la science et la technique. On ne veut pas brasser du vent», a commenté Siméon-Narcisse Tomety, ingénieur de développement local, un des participants à ce Think tank.
Menaces et intimidations
Rendez-vous mensuel, le Café des Leaders s’est déjà tenu quatre fois. Autour de différents thèmes dont «paix, prospérité et développement», «l’agriculture dans le développement», «la gouvernance économique» et «la gouvernance politique». Présente sur les champs des actions, Célestine Zanou l’est aussi sur celui des opinions. On en a pour preuve la richesse de ses discours préliminaires aux Cafés des Leaders, et sa réaction sur certains sujets d’intérêt national. «Malheureusement Boni Yayi est encore à l’étape de déclarations, de ramassis d’intentions non-coordonnées». Ainsi a-t-elle réagi à chaud au discours d’indépendance de Boni Yayi, le 31 juillet dernier. Dans un Bénin où le vent de la Refondation a poussé nombre de personnalités politiques à rentrer dans les rangs de Boni Yayi, cette quinquagénaire peut être comptée parmi ceux qui osent encore tenir un autre langage. Illustrations. Elle soutient le mouvement du «Mercredi rouge». Sa réaction sur le tout nouveau gouvernement de Yayi : «Boni Yayi est dans la logique de complaisance et de récompense, en lieu et place de celle de la compétence et de l’efficacité.»
Se réclamant de la Troisième Voie, qui n’est ni «la mouvance», ni «l’opposition radicale», mais plutôt une «opposition réaliste et objective», cette géographe et agro-économiste de formation, originaire de Logozohè - département des Collines «soutient tout ce qui peut défendre la démocratie et lutter contre la pauvreté.» Pourtant, les menaces et intimidations ne manquent pas. Elle en fait d’ailleurs l’objet, depuis son intervention du jeudi dernier sur radio Topka. Messages menaçants et intimidants, intimidations et «achats» de ses collaborateurs, sont, entre autres situations auxquelles elle fait de plus en plus face. Et pourtant. Célestine Zanou est droite dans ses bottes : «Je n’ai pas peur. Quand on a fait le choix du combat, ce n’est pas la peur qui va vous faire reculer. Que les gens le sachent.»