Entre l’Eglise et la République… A l’heure du divorce ?!

La polémique a enflé en fin de semaine dernière. Et, telle une boule de neige sur les pentes abruptes d’une montagne, elle a pris de l’ampleur, notamment avec une certaine réplique du Chef de l’Etat, suite à la «position» de la Conférence Episcopale du Bénin sur plusieurs sujets d’actualité. Cela nous a interloqué.

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Qu’au sommet de l’Etat l’on s’amusât à allumer la flamme de la discorde, en s’attaquant vertement à des «sommités spirituelles». Cela nous a également interpelé, de prime abord, que ces sommités spirituelles en soient venues à «émettre des jugements de valeur» sur des affaires républicaines, dont elles sont censées rester à l’écart. Dans tous les cas, il est impensable que, dans un Etat normalement constitué, l’Eglise et la République en soient arrivées là… Se regardant en chiens de faïence, comme deux vieux mariés à l’heure du divorce, par lettre ou message interposés, montrant toute la profondeur de leurs discordances. Ce qui amène le citoyen à remonter aux origines du problème, pour mieux situer les responsabilités, et préciser les rôles, quand des conflits d’attribution semblent se dessiner.

«Rendre à César…» : Pouvoir, Eglise et Influence!

Il est bien admis que : «Tout Homme de Pouvoir a besoin, pour exercer efficacement son pouvoir, avec intelligence et Discernement, d’un sage et puissant conseiller spirituel à ses côtés !»

Cette assertion est d’autant plus vérifiée que, dans la République béninoise du Renouveau démocratique, l’Eglise a joué, par le passé, et continue de le jouer, un rôle incommensurable dans la sauvegarde de la Paix et la consolidation de l’Unité nationale.

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L’on se souvient encore de la contribution remarquable du regretté Monseigneur de Souza, à la Conférence Nationale des Forces Vives, pour «qu’aucun bain de sang ne nous éclabousse !»

Mais, cela ne veut pas dire qu’il faille confondre «le Gouvernant» et «l’Homme d’Eglise», connaissant, par ailleurs, la grande influence de «la soutane» sur les foules !

C’est en faisant une distinction claire entre les deux, que la symbiose réussit à s’installer, entre deux institutions réputées pour leur opposition séculaire, l’Eglise et la République, malgré leur utilité, chacun à son niveau, dans l’éducation des enfants, grands comme petits.

Démocratie, République et Laïcité : Pour une séparation de l’Eglise et de l’Etat!

Démocratie rimant avec Laïcité, le champ d’intervention de l’Eglise dans les affaires de la République est considérablement restreint. Le rôle de l’Eglise étant circonscrit à la conduite de la Foi et à l’édification spirituelle des citoyens.

Or, le précédent que nous venons d’évoquer, dans notre jeune démocratie du Bénin, a auréolé une «Eglise engagée au service de la Justice, de la Réconciliation et de la Paix», lui ouvrant les voies d’un interventionnisme, parfois accepté, parfois décrié.

Alors, au Bénin, l’histoire retient que l’Eglise s’en trouve ainsi autorisée à se prononcer sur les «grands problèmes de la Nation», pour que les crises ne dégénèrent pas en conflits violents, ou en guerre civile dans un Etat encore fragile.

Cette «quasi-ingérence» de l’Eglise, appelée à se prononcer sur plusieurs dossiers nationaux, était pourtant acceptée jusque-là, quelques fois suscitée. Alors, pour quelle raison la présente intervention, dans le message de la semaine dernière, dérange tant ? Une «ingérence» fustigée par le Chef de l’Etat qui se sentit obligé de répliquer par une lettre à la Conférence Episcopale… A cause de l’affaire dit de tentative d’empoisonnement !

Une sagesse ancestrale nous enseigne que : «Lorsque deux amis en viennent aux mains, l’observateur averti ne doit point s’en mêler.» Cependant, nous nous devons de préciser ceci : Quand on a eu recours à l’Eglise, une première fois, pour se hisser au Pouvoir, il ne faudrait pas s’étonner, plus tard, que celle-ci se sente concernée par la gestion de ce Pouvoir !

L’Eglise et le Président, une vieille histoire !

Voilà où nous en sommes… Et nul ne saurait parler d’une ingérence de l’Eglise, sauf en se prévalant de sa propre turpitude. Et c’est le lieu de le dire, concernant les «bondieuseries présidentielles»!

En effet, l’on se souvient encore de toutes les séances de prière commandées pour la survie du Chef de l’Etat, après une certaine tentative d’empoisonnement. Toutes les confessions s’y sont données à cœur joie.

Devrions-nous rappeler, de fraîche mémoire, le dernier Communiqué de la Présidence de la République, demandant à toutes les Béninoises et à tous les Béninois, de faire pénitence, et de prier pour que «Dieu Tout Puissant comble le pays de sa bienveillance et fasse tomber la pluie» !

Lorsqu’on a ainsi «mélangé» les affaires de la République et celles de la Foi en Dieu, on ne saurait dénoncer le fait que, plus tard, l’Eglise, qui est le garant de la Foi en Dieu, puisse s’intéresser de près à ce à quoi on lit le nom de celui qu’elle sert : Dieu ne dirige pas l’Etat !

Mais, si le Président de la République lui fait constamment référence, il n’y a qu’un pas à franchir par ses serviteurs qui se voient ainsi autorisés à réagir par rapport à comment est géré l’Etat.

Ceci étant dit, il est vrai qu’il n’est pas normal, dans un Etat de Droit, que l’Eglise en soit venue à porter des jugements de valeur sur des affaires judiciaires, qualifiées de «douteuses», surtout que ces affaires sont encore devant les tribunaux, malgré les remous et les contestations des croyants…

Qu’en serait-il si les Imans associés et la congrégation des adeptes des cultes endogènes, en faisaient autant, pour juger telle ou telle question républicaine !

Et nous reprendrons une Maxime bien à propos : «Seul Dieu est juge… Mais, le citoyen ne reconnaît que la Cour Suprême, pour ses affaires, ou la Cour Constitutionnelle, pour les affaires de la République. En attendant le jugement dernier !»

Quant à l’Eglise : «Il vaut mieux laisser les basses choses mourir de leur propre poison !»

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